C’est à la manière du Mahatma Gandhi et de ses marches, à la fois symboliques et populaires, que Christian Estrosi et ses affidés de Nice Ensemble ont conclu la campagne électorale avec une manifestation collective et publique : de Pasteur 2 à la promenade des Anglais à pied et au pas de marche (avec tout de même un trajet en tramway…modernité oblige).
Si la grande foule n’était pas au rendez-vous comme pour son illustre prédécesseur et l’assistance réduite à quelques retraités, la vigueur des candidats a donné un véritable ton à cette sympathique et originale manifestation.
En fait, Christian Estrosi, avec acuité et finesse tactique, a transformé cette élection départementale , dont l’importance échappe au plus grand nombre vu le rôle mineur que cette collectivité territoriale sera appelé à jouer après la réforme en cours de discussion au Parlement, en un prolongement des municipales de l’an dernier.
En présentant neuf binôme sous l’étiquette Nice Ensemble, tous composés d’élus municipaux sauf les deux maires de Carros et de Saint-André-la-Roche (par ailleurs Vice-Présidents de la Métropole), le maire de Nice a repris à son compte la propagande électorale et, en cas de probable carton plein dans les 9 cantons niçois, pourra compter sur un tiers de conseillers départementaux qu’il contrôlera directement.
Ce groupe sera son fer de lance dans le champ de son ami, et néanmoins rival, Eric Ciotti qui la semaine prochaine sera reconduit dans l’office public qu’il occupe depuis 2008.
Il jouira d’une très large majorité mais les élus de Nice Ensemble seront là pour défendre avant tout les intérêts de Nice, ce qui l’obligera à composer avec les autres territoires à la recherche d’un équilibre qui ne s’annonce pas facile.
D’ailleurs, les propos de Christian Estrosi prononcés devant le kiosque à musique du jardin Albert 1er après la marche en groupe, avaient une claire bi-tonalité comme une « toccata e fuga » : critique et opposition à la politique gouvernementale (les socialistes locaux ayant disparus de son radar) et lutte au nom des valeurs contre le Front National qui pourrait ravir à ses candidats un ou deux cantons et lui ôter la victoire absolue ( et dans ce cas l’empêcher de l’utiliser comme point fort de sa propagande).
Et les départementales dans tout cela ? L’objectif est tout autre : compléter la gouvernance des territoires (les mêmes élus le feront avec une triple casquette municipale, métropolitaine et départementale) .
C’est sans doute pour cela qu’il a conduit la campagne pour tous les candidats niçois . Ne dit-on pas que l’on n’est jamais aussi bien servi que par soi-même ?