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22 novembre 2024

Economie: la « bonne » et la « mauvaise » dette de Mario Draghi , néo-Premier Ministre italien et ancien président de BCE

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En allemand « Schuld » signifie à la fois « dette » et « culpabilité », Mario Draghi propose alors de faire la distinction entre bonne et mauvaise dette. Le jugement doit être tiré d’un mélange d’analyse économique et de considérations éthiques. Le philosophe allemand Immanuel Kant dans son oeuvre « Métaphysique des mœurs (publié le 1797) définit l’éthique comme un impératif moral.

Étant donné que les engagements financiers d’aujourd’hui seront remboursés par les jeunes, la dette devient une « faute », ou « créance irrécouvrable », si le capital est gaspillé pour faire fonctionner les entreprises et les programmes sans avenir, alors qu’il s’agit d’une « bonne dette », sans « culpabilité » , si ces les capitaux sont canalisés pour sauver et développer des entreprises et des programmes innovants qui seront la base pour la croissance future.

par Garibaldino


Pour cause de la pandémie , l’économie s’est contractée à un rythme comparable à celui enregistré par les grands pays pendant la Seconde Guerre mondiale.

Notre liberté de mouvement, notre propre interaction humaine physique et psychologique ont été sacrifiées, des secteurs entiers de nos économies ont été fermés ou mis en position de ne pas fonctionner. L’augmentation spectaculaire du nombre de personnes privées de travail sera difficile à résorber rapidement, les fermetures d’écoles et autres lieux d’apprentissage ont interrompu les parcours professionnels et éducatifs, ont aggravé les inégalités.

Le retour à la croissance, une croissance qui respecte l’environnement et qui n’humilie pas la personne, est devenu un impératif absolu pour que les politiques économiques menées aujourd’hui soient durables, pour donner la sécurité des revenus surtout aux plus pauvres, pour renforcer une cohésion sociale fragilisée par l’expérience de la pandémie et les difficultés que la sortie de récession entraînera dans les mois à venir.

L’objectif est difficile, mais pas inaccessible si nous parvenons à dissiper l’incertitude qui plane aujourd’hui sur nos pays. L’Europe peut sortir renforcée de cette crise. L’action des gouvernements repose sur un terrain solidifié par la politique. Dans l’Europe forte et stable que nous voulons tous, la responsabilité va de pair et donne une légitimité à la solidarité. Par conséquent, cette avancée devra être cimentée par la crédibilité des politiques économiques aux niveaux européen et national. Toutes les ressources disponibles ont été mobilisées pour protéger les travailleurs et les entreprises qui composent le tissu de nos économies. La récession n’a pas pu se transformer en dépression prolongée. Mais l’urgence et les mesures qu’elle justifie ne dureront pas éternellement. Le moment est venu de faire preuve de sagesse dans le choix de l’avenir que nous voulons construire .

La reconstruction s’accompagnera inévitablement d’encours de dette destinés à rester élevés pendant longtemps. Cette dette, souscrite par les pays, les institutions, les marchés et les épargnants, sera soutenable, c’est-à-dire qu’elle continuera à être souscrite à l’avenir, si utilisée à des fins de production, par exemple, des investissements en capital humain, dans des infrastructures cruciales pour la production, dans la recherche etc… donc s’il s’agit d’une « bonne dette ». Un secteur, essentiel pour la croissance et donc pour toutes les transformations que je viens d’énumérer, où la vision à long terme doit se marier à l’action immédiate est l’éducation et, plus généralement, l’investissement dans la jeunesse.

Cela a toujours été vrai mais la situation actuelle rend un investissement massif de ressources financières dans ce secteur impératif et urgent. La participation à la société du futur exigera des jeunes d’aujourd’hui des capacités de discernement et d’adaptation encore plus grandes.

La dette créée par la pandémie est sans précédent et devra être remboursée principalement par les jeunes d’aujourd’hui. Il est de notre devoir de veiller à ce qu’ils aient tous les outils pour le faire tout en vivant dans des sociétés meilleures que la nôtre. Pendant des années a forme d’égoïsme collectif a incité les gouvernements à détourner les capacités humaines et d’autres ressources au profit d’objectifs avec un retour politique plus certain et immédiat: ce n’est plus acceptable aujourd’hui. Priver un jeune de l’avenir est l’une des formes les plus graves d’inégalité.

(extrait de la lectio de Mario Draghi au Meeting de Comunione e Liberazione, juillet 2020)

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