Après avoir brillamment organisé le premier rassemblement des Amis de Nicolas Sarkozy le week-end dernier, Christian Estrosi doit maintenant prendre la décision d’être ou pas candidat à la présidence de l’UMP. « Je suis un homme libre et je ne m’interdis rien », est son slogan de (pré)campagne électorale. Mais, en publiant sur son site internet ses 20 propositions « pour un nouveau parti », son engagement parait de plus en plus probable.
D’ailleurs le député-maire de Nice s’est démarqué des deux favoris à la présidence de l’UMP François Fillon et Jean-François Copé en appelant de ses vœux à « une troisième voie »°.
En attendant que l’intéressé déclare officiellement sa décision quelques questions s’impose :
Première question : Christian Estrosi aura-t-il les soutiens demandés par les statuts de l’UMP ? A ce jour il est, selon son entourage, arrivé autour des 4000. Le chemin a parcourir est encore long et le temps restant relativement court.
Deuxième question : Un sondage récent crédite le maire de Nice de 1% des voix. Il est vrai qu’un candidat virtuel n’a pas le même attrait qu’un candidat réel mais, dans ce cas, la route pour la victoire s’apparente à l’escalade des grand cols du Tour de France.
Troisième question : Quel est le réel objectif de la candidature de Christian Estrosi, si elle est confirmée : Essayer vraiment de remporter la victoire ou, plus tactiquement, profiter de cette occasion pour un tour d’exposition médiatique auprès de l’opinion publique et des militants du parti, ou faire peser ses idées dans le débat, et finalement négocier un désistement pour un ou l’autre candidat?
A ce sujet, certains exemples de la primaire socialiste sont là pour démontrer que quelques strapontins ministériels ont été subtilement négociés au moment où il le fallait.
Enfin, la considération finale : Christian Estrosi candidat marquera-t-il la fin de l’équilibre politique de l’UMP des Alpes-Maritimes ?
Michèle Tabarot et le niçois Olivier Bettati sont à fond derrière Jean-François Copé, Eric Ciotti et Jean Leonetti engagés avec François Fillon, la droite azuréenne risque de tomber dans une guerre fratricide avec des conséquences difficiles à prévoir. L’élection du président de l’UMP risque donc certainement d’avoir des conséquences dans le parti au niveau local, la Fédération des Alpes-Maritimes étant la numéro 2 en nombre d’adhérents.
Ceci dit, il est fort probable que certaines alliances actuelles soient remises en jeux. Les Municipales de 2014 pouvant en être le premier point de chute.
En attendant la suite, la dernière et plus importante question se pose : Christian Estrosi prépare un coup de bluff, un coup d’épée dans l’eau ou un coup de poker gagnant ?
Le manifeste de la « troisième voie »° de Christian Estrosi :
Les élections internes de notre famille politique sont toujours un beau moment de démocratie. Je connais bien notre parti dont j’ai pu gravir tous les échelons. Je suis plus que jamais convaincu qu’il ne faut pas se tromper de combat : ce n’est pas le moment d’ouvrir un débat sur l’élection présidentielle de 2017.
Notre objectif doit être la reconquête en 2014 qui reposera incontestablement sur la défense du bilan de Nicolas SARKOZY et sur les valeurs que nous avons portées dans les campagnes de 2007 et 2012.
Mais un projet doit reposer aussi sur des idées nouvelles.
Ainsi, je vous présente 20 propositions que nous devrons défendre pour reconquérir les villes, les départements, les régions puis notre pays.
Elles se décomposent en 5 propositions pour que l’UMP reste un parti moderne et populaire. Mais comme cette campagne est aussi un débat d’idées, j’ai souhaité vous présenter 15 propositions pour bâtir la droite demain qui doivent, de mon point de vue, correspondre au corpus idéologique de l’UMP.
Cette droite gaulliste, que j’appelle de mes voeux, doit s’articuler autour de la Nation, avec une industrie forte dans un État libre et protecteur. Cette droite doit défendre un État incitateur et pas spoliateur.
Nous devons avoir un État stratège. La droite doit se reconstruire autour d’un projet avec des hommes et des femmes libres dans un pays libre.
5 propositions pour un parti moderne et populaire
Mettre le militant au coeur des désignations et investitures
Le militant doit occuper une place centrale dans l’organisation de notre parti. Il doit donc, légitimement, être au coeur de toutes les désignations !
Je propose que les militants puissent entériner toutes les investitures aux différentes élections. Je souhaite aussi qu’ils puissent être consultés sur les grands projets de notre mouvement.
Donner aux fédérations les moyens d’agir
Les instances locales jouent un rôle important dans la structuration de notre mouvement et seront des éléments essentiels dans la reconquête des territoires. Afin de donner une capacité plus large de travail aux fédérations, il est nécessaire de leur donner les moyens d’agir.
Je propose que les dotations de l’UMP soient mieux réparties entre les fédérations et que leur montant augmente sensiblement.
Garantir le renouvellement de la classe politique
Une jeune génération doit pouvoir émerger dans notre mouvement. Cette nouvelle génération dont nous connaissons la valeur, l’énergie et les idées doit pouvoir s’exprimer et porter nos couleurs. Notre famille doit devenir le tremplin des jeunes générations.
Je propose de limiter à deux le nombre de mandats consécutifs et qu’au minimum 10 % de nos candidats soient agés de moins de 30 ans pour tous les scrutins.
Soutenir et faciliter la vie de nos élus locaux d’opposition
Nos élus locaux d’opposition doivent être soutenus. Notre mouvement doit leur apporter une aide matérielle et logistique. Notre mouvement doit investir dans la formation des élus locaux d’opposition afin de leur permettre de mener la reconquête de leur territoire.
Je propose de structurer et de soutenir fortement nos élus locaux d’opposition en créant des référents au sein du parti qui aideront, soutiendront et conseilleront nos élus d’opposition.
Réorganiser les instances dirigeantes de notre parti pour plus de lisibilité et d’efficacité
Notre mouvement doit être organisé efficacement et lisiblement. Sur chaque thématique nationale, nous devons pouvoir apporter une opposition ferme et résolue. Nous devons aussi apporter des solutions nouvelles sur tous ces sujets.
Je propose la constitution d’un vrai « shadow cabinet » afin que sur chaque grand sujet un interlocuteur expérimenté soit identifié.
15 propositions pour bâtir la droite de demain
Pour une Europe plus protectrice
Renégocier les accords de Schengen
Les accords de Schengen ne sont plus adaptés aux réalités de l’immigration actuelle. L’absence de lutte contre l’immigration clandestine dans certains pays porte gravement préjudice à la France.
Je propose de renégocier les accords de Schengen afin de pouvoir suspendre systématiquement les États défaillants.
S’opposer à l’entrée de nouveaux pays dans l’espace Schengen et dans l’Union Européenne
Nous devons tirer les leçons des différentes crises. L’Europe s’est élargie trop vite sans se doter d’une gouvernance, sa politique doit être repensée sur le plan économique, financier ou institutionnel avant de s’élargir à d’autres pays.
Je propose de nous opposer à toute nouvelle adhésion d’un Etat à l’Union Européenne ou aux Accords de Schengen.
Harmoniser les différentes protections sociales et médicales en Europe
La qualité de notre protection sociale et médicale ne doit pas conduire à un appel d’air pour l’immigration clandestine. Nous devons harmoniser tous les systèmes afin de se répartir équitablement la charge de la solidarité européenne.
Je propose d’exiger de l’Union Européenne une harmonisation de ces droits dans les 5 ans à venir pour les étrangers en situation irrégulière.
Pour une sécurité et une justice adaptées au monde qui change
Abaisser la majorité pénale à 16 ans
Les jeunes adultes d’hier ne sont plus les jeunes adultes d’aujourd’hui! La délinquance des mineurs explose, l’excuse de minorité ne trouve plus de fondements pour les jeunes entre 16 ans et 18 ans.
Je propose d’abaisser la majorité pénale à 16 ans en supprimant l’excuse de minorité.
Créer un observatoire indépendant de l’exécution des peines
Avec plus de 90 000 peines en attente d’exécution, la France doit se doter d’un observatoire indépendant afin de s’assurer de l’efficacité des peines françaises.
Je propose, avec la création de cet observatoire, la transparence sur l’effectivité de la peine.
Protéger les victimes avant de protéger le mis en cause
La victime doit avoir, au minimum, les mêmes droits que son agresseur. Dans notre société il est inacceptable que, le prévenu, l’accusé ou le mis en examen ait plus de droits que la victime.
Je propose d’accorder aux victimes au minimum les mêmes droits que le mis en cause et notamment le droit de faire appel des jugements.
Pour des entreprises plus compétitives
Supprimer le verrou des 35 heures
L’exonération des heures supplémentaires permettait de sortir du carcan des 35 heures. La suppression de ce dispositif pèse sur la compétitivité des entreprises et le pouvoir d’achat des Français.
Je propose la suppression des 35 heures en laissant le soin aux partenaires sociaux de négocier par branche.
Moduler l’assurance chômage en fonction de l’historique de licenciement
Le système d’assurance chômage pèse fortement sur les cotisations sociales des entreprises. Les entreprises qui licencient doivent contribuer plus que celles qui gèrent intelligemment leur masse salariale.
Je propose d’indexer les cotisations d’assurance chômage sur l’historique de licenciement des années précédentes.
Réformer complètement l’impôt sur les sociétés
Les PME payent 24 % d’impôts en moyenne quand les grandes entreprises payent 8%. Cette injustice est préjudiciable à notre tissu entrepreneurial qui est composé de 80% de PME.
Je propose de redéfinir l’assiette et le montant de l’impôt sur les sociétés pour répartir équitablement la charge contributive entre les différents types d’entreprises.
Pour une industrie forte garantissant l’indépendance de notre nation
Créer le « Livret Epargne Industrie »
L’assurance vie représente plus de 1 300 milliards d’euros de capitalisation. En redirigeant 15% de cette somme vers l’industrie, l’innovation et la recherche, nous pouvons relancer fortement la production industrielle.
Je propose la mise en place d’un nouveau produit d’épargne à long terme : « Le Livret Epargne Industrie ».
Promouvoir le « Fabriqué en France »
Une assiette fabriquée en Chine sur laquelle on ajoute un crochet en France peut se voir apposer le précieux « Made in France ».
Je propose que seuls les produits comprenant plus de 50% de composants français puissent apposer le label « Made in France ».
Instaurer un « Small Business Act » à la française
Pour donner un coup de pouce important à nos PME, le Small Business Act doit développer trois axes : favoriser l’accès des PME à la commande publique, sécuriser leur fonctionnement juridique et faciliter leur financement.
Je propose la création d’un « Small Business Act » à la française.
Pour que la justice sociale soit une réalité
Verser des allocations familiales dès le premier enfant
La France est le seul pays d’Europe où l’allocation au premier enfant n’existe pas. Pourtant avec 828.000 naissances en 2010, notre taux de fécondité a atteint 2,01 enfants par femme. La taille de la famille évolue de plus en plus vers une structure avec un seul enfant comme le démontrent plusieurs enquêtes.
Je propose à coût constant, de réformer le système afin d’attribuer des allocations au premier enfant.
Limiter les marges à 20% dans la grande distribution sur les produits de première nécessité
Pour les produits de première nécessité les consommateurs ne peuvent s’en remettre à la liberté de la concurrence pour les protéger. L’eau, l’huile, le beurre, pour tous ces produits et d’autres, les consommateurs n’ont aucune liberté de choix et achètent donc, peu importe la marge du distributeur. Nous ne pouvons accepter que les distributeurs récupèrent plus de 50 % de marges brutes sur le melon par exemple ou encore plus de 100 % de marge sur les produits les moins chers.
Je propose d’afficher les marges sur les étiquettes en grandes et moyennes surfaces ainsi que de limiter à 20% celles-ci sur les produits de première nécessité.
Exonération de droits de succession pour les patrimoines moyens
Les socialistes ne reconnaissent pas aux classes moyennes le droit de faire fructifier leur patrimoine pour assurer à leurs enfants une vie meilleure. Nous devons revenir à la suppression des droits de successions pour les petits et moyens patrimoines.
Je propose de raccourcir à 5 ans le délai entre deux donations exonérées de droits de succession.