La première règle de la démocratie est que l’électeur a toujours raison et qu’il faut accepter son choix quel qu’il soit. Ceci dit, il ne faut pas oublier que si la démocratie est un droit (ou devrait l’être là où il ne l’est pas toujours), le citoyen devrait avoir comme devoir de s’exprimer à travers le vote.
Autrement, si Alexis de Tocqueville qui dénonçait déjà dans ses œuvres écrites dans la première moité du XVIIIè siècle le péril de ce qu’il appelait « la dictature de la majorité », on va tomber inéluctablement dans celui opposé, ‘la dictature de la minorité » qui, ce n’est pas un hasard, a eu son mentor en Lénine qui la théorisa en « État et révolution ».
Ceci dit, la question d’actualité est : Quelles seront les conséquences de ce vote et à quoi doit-on s’attendre de ce « nouveau » Parlement avec la configuration que le vote lui a conféré ?
Et bien, sans en vouloir relativiser la portée politique, il n’y aura pas beaucoup de changements à prévoir: malgré son importante augmentation, le nombre des eurosceptiques reste très largement inférieur à celui de ceux qui préconisent un avenir et un long futur à l’Union Européenne et à ses institutions.
Pauvre Europe, coupable de tous les maux, surtout de ceux dont, parfois, elle n’a pas la moindre responsabilité !
Doit-on rappeler que l’Europe, n’étant pas un État mais une institution internationale par ses branches institutionnelles avec le Parlement et la Commission qui en sont l’exécutif, et n’exerce que les prérogatives que les Etats-membres leur ont délégués ?
Que les commissaires européens sont nommés par les Etats et seulement validés par le Parlement ? Que la création de l’euro et BCE on été délibérés par le Conseil des Chefs d’Etats et des Gouvernements et exercent un rôle et un mandat que les Etats qui on choisi de participer à la zone Euro et accepté la monnaie commune ( la preuve est que n’ y sont pas tous) leur ont conféré ? Qu’il existe le principe d’opting in/out qui permet d’accepter ou de refuser une délibération ? Que les fameuses directives européennes doivent être votées par les Parlements nationaux avant d’avoir valeur légale ?
Alors à quelle « souveraineté » fait-on appel ?
Et, en ce qui concerne ce « moloch » qui est la technocratie de Bruxelles et autres sièges communautaires, on dénombre environ 20 000 personnes. On prend le risque d’une comparaison avec le personnel de quelques grandes villes européennes ?
Alors, si on veut comprendre le vote tout à fait légitime qui, en France et dans d’autres pays, a primé les partis eurosceptiques, on devrait se dire que fort probablement les électeurs se sont trompés d’élection !
Et que le « non » est le résultat d’une propagande axée sur le fondamentalisme moral et sur la rhétorique du peuple vertueux et des élites corrompues.
D’ailleurs rien ne change vraiment. Il suffit de lire ou relire » Les finances des cités grecques » (Leopold Migeotte, Université de Laval, Quebec) pour y retrouver les mêmes situations au temps de la première démocratie.
Maintenant, les eurosceptiques sont attendus au test de la vérité : Passer de la protestation à la proposition, là où les maîtres-mots anti-euro, anti-immigration et anti-mondialisation ne suffiront pas.
par Garibaldino