Avec l’avancée du nationalisme, le consensus autour du projet européen vacille, et compromet l’existence même d’une entité supra-nationale , l’Union Européenne , qui, bien que critiquable et imparfaite, constitue un espace fondamental pour la protection des droits et des libertés en-dehors des frontières nationales.
L’avenir de l’Europe n’est pas dans la multiplication des Etats souverains. Si c’était le cas, elle ressemblera davantage aux ensembles supranationaux et multiethniques du XIXe siècle – la démocratie en plus.
Il est toutefois clair que l’Etat-nation est désormais vidé de son pouvoir par la mondialisation et en même temps menacé par les poussées sécessionnistes et régionalistes.
Il y a encore quelques années, des questions comme celles-ci auraient été peu pertinentes, voire provocatrices. Mais certains récents faits d’actualité – par exemple, la manifestation à l’occasion de l’anniversaire de l’indépendance de la Pologne transformée en cortège néofasciste et raciste ; l’inquiétante tendance à considérer l’identité ethno-linguistique ou religieuse comme fondement de la cohabitation à l’intérieur des Etats, les ont tout à coup rendues actuelles et dignes de réflexion.
Le parallèle le plus approprié est un autre, beaucoup plus utile, notamment dans la réflexion sur le présent : celui avec l’Union européenne faisant partie d’une vaste zone de libre-échange, avec une monnaie commune et des règles fiscales et économiques partagées et renégociables.
Une réponse à cette crise pourrait venir de la naissance d’une Europe fédérale et des régions, où les décisions seraient prises toujours plus au niveau le plus proche des citoyens. La route est longue et le projet encore en phase embryonnaire. Mais on peut trouver des modèles utiles et actuels dans les expériences multi-ethniques et multi-nationales de l’Europe du passé.
Du point de vue social, cette structure rendit possible l’existence d’’identités hybrides et variées” et fut à l’origine d’un espace public “dans lequel les limites des catégories nationales pouvaient être dépassées.” Le bouillonnement culturel de l’Europe centrale du début du XXe siècle est également le fils de cette situation.