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21 novembre 2024

Fred Vargas dit sa vérité sur Cesare Battisti

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vargas-battisti.jpg « Cesare Battisti n’est pas un ami et en cela je n’ai pas mis de l’affectif dans mon travail. J’ai réagi en historienne qui voit une vérité historique s’enfoncer sous les mensonges. » Fred Vargas n’est pas femme à se laisser abattre et sa bibliographie en est une des nombreuses preuves. Bibliographie dans laquelle on peut trouver un livre intitulé « La vérité sur Cesare Battisti » dans lequel l’écrivaine détaille, preuves à l’appui, que la condamnation de Cesare Battisti n’est pas aussi transparente que l’Etat italien veut bien le faire croire. Mais ce qui choque le plus Fred Vargas dans son combat quotidien c’est bien le manquement à une promesse présidentielle accordée aux italiens venus trouver refuge en France pendant ou après les trop fameuses années de plomb.

Persuadée, comme d’autres, que l’arrestation de Cesare Battisti au Brésil avait été orchestrée depuis bien longtemps par Nicolas Sarkozy comme par pur hasard en tout début de campagne présidentielle et à quelques jours de son départ du Ministère de l’intérieur, elle espère aujourd’hui que l’extradition de Battisti en Italie n’aura jamais lieu et que l’asile politique sera accordé à l’écrivain transalpin. Nul doute que la rencontre prévue entre le Président du Conseil italien, Romano Prodi, et le Président brésilien, Luis Inacio Lula, aura un sujet brûlant sur la table des négociations. En attendant, le gouvernement brésilien a donné 40 jours à son homologue transalpin pour présenter une demande formelle d’extradition qui sera et jugée par la Cour Suprême du Pays.

Une affaire qui pourrait prendre deux ans d’instruction et qui a fait réagir de nombreuses personnalités politiques en France comme au Brésil où un Député a même pris fait et cause pour l’ancien activiste italien.

Nice Premium est donc allé à la rencontre de Fred Vargars afin de lui demander « ses vérités sur Cesare Battisti. »

vargas_itw.jpg Interview Fred Vargas

Nice Premium : Fred Vargas, vous êtes le soutien le plus important de Cesare Battisti. Comment avez-vous vécu cette arrestation ?

Fred Vargas : Elle m’a choquée, elle ne m’a pas surprise. Je redoutais depuis longtemps la venue du mois de mars 2007, en raison des élections. Plus sarkozy s’accrochait à son poste à l’Intérieur, plus la menace devenait crédible.

NP : De nombreux politiques demandent un nouveau procés pour Cesare Battisti. Que pensez-vous de cette éventualité ?

FV : Ils ont raison, c’est l’obligation légale absolue avant toute décision d’emprisonnement. Battisti a le droit imprescriptible de s’expliquer une fois dans sa vie devant ses juges. Mais ce n’est pas la loi italienne. Et comment envisager un procès sans la présence de l’accusateur de Battisti, Pietro Mutti, disparu d’Italie avec l’aide de la justice après ses dénonciations ? Si le procès ne peut se faire, alors il n’est pas possible d’extrader Battisti. Mais précisons bien que la faute juridique d’origine (l’extradition) est française. Faute volontaire, faute orchestrée.

NP : On dit Prodi bien embêté par le cadeau de Nicolas Sarkozy. C’est une version qui vous parle ?

FV : Honnêtement, je n’en sais rien du tout !

NP : La tentative de demande d’asile politique au Brésil est-elle, à votre avis, une bonne solution pour Battisti ?

FV : Oui, tout à fait.

NP : « Je n’ai jamais tué personne » A cette phrase, ne devrait-on pas proposer à tout homme d’être rejugé après une condamnation par contumace ?

FV : Evidemment ! Mais la question pour Battisti n’est pas d’être “rejugé”, mais jugé tout court. J’essaie de faire comprendre aux gens depuis 3 ans que Battisti n’a JAMAIS été jugé pour homicides. Son procès en 79 en Italie concernait son appartenance à bande armée, pour laquelle il a écopé de 12 ans et 10 mois. Il purgeait cette peine depuis 2 ans quand il s’est évadé, AVANT le début des procès pour homicides.

NP : Enfin, qu’est ce qui fait que le cas Battisti est à la Une de l’actualité française, italienne et européenne ?

FV : En ce qui concerne l’actualité française : parce que Sarkozy a décidé d’arrêter Battisti à la date où il pensait en bénéficier pour les élections. Il aurait pu l’arrêter bien avant.

Pour l’italienne : en raison de la terrible propagande qu’avait lancée Berlusconi sur ses médias en 2004.

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