Les membres du G20 se sont retrouvés à Cannes dans le cadre de grandes incertitudes mondiales. Alors que les “Indignés” de Wall Street et leurs supporters protestent contre le fait que leurs voix sont baillonnées au sein même de nos démocraties, les personnes qui vivent dans l’extrême pauvreté connaissent cette situation depuis trop longtemps : “Le pire des malheurs est de vous savoir comptés pour nuls au point où même vos souffrances sont ignorées.” [1]
Les membres du G20 se retrouvent à Cannes dans le cadre de grandes incertitudes mondiales. Alors que les “Indignés” de Wall Street et leurs supporters protestent contre le fait que leurs voix sont baillonnées au sein même de nos démocraties, les personnes qui vivent dans l’extrême pauvreté connaissent cette situation depuis trop longtemps : “Le pire des malheurs est de vous savoir comptés pour nuls au point où même vos souffrances sont ignorées.” [1]
La crise mondiale ne peut servir de prétexte pour reléguer à l’arrière-plan l’ambition d’éradiquer la pauvreté et l’inégalité, que ce soit au sein des pays du G20 ou parmi les autres pays. Pourtant, les tendances actuelles sont très inquiétantes. Les mesures d’austérité en Europe affectent les citoyens les plus pauvres de manière disproportionnée,
ce qui mène à une dégradation des droits sociaux et économiques.
Autrefois considérés comme la norme, les allocations familiales, la couverture médicale universelle, les services sociaux, et des salaires corrects deviennent aujourd’hui de plus en plus des
privilèges.
Plus de 90 pays en développement suivent la tendance avec des plans de réductions des dépenses publiques pour 2012, malgré le fait qu’ils n’aient pas été directement touchés par la crise [2].
Le Mouvement international ATD Quart Monde [3], parmi les 100 ONG accréditées pour le sommet, considère que les pays du G20 ne doivent pas renoncer à leur devoir de respecter des droits fondamentaux dans leurs efforts d’arriver à une relance qui soit juste pour tous.
Équité : Pour faire progresser une justice sociale et économique pour tous, il est impératif que les décisions prises par le G20 soient pleinement inclusives de manière à bénéficier à toutes les couches de la population, en particulier à ceux qui sont les plus vulnérables à
l’exclusion sociale et à l’extrême pauvreté. Toutes les politiques à l’étude pour promouvoir l’emploi, la sécurité alimentaire et la protection sociale doivent prendre en compte les mesures nécessaires pour que leurs résultats aient une portée véritablement universelle.
Redevabilité : Les pays du G20 doivent être tenus redevables des engagements et des promesses faites pour éradiquer l’extrême pauvreté, tant à l’intérieur même de leurs frontières respectives qu’au niveau mondial. Les politiques d’austérité fiscale ne peuvent
pas servir d’excuse pour renier les engagements souscrits que ce soit dans la Déclaration du Millénaire et les Objectifs du Millénaire pour le Développement, ou dans la stratégie Europe 2020. Les membres du G20 doivent montrer l’exemple en adoptant des politiques de redistribution et de promotion de la justice fiscale non seulement pour tenir leurs promesses, mais aussi pour être vraiment ambitieux dans la lutte contre l’extrême pauvreté.
Participation : Il y a un manque d’espace et de mécanismes formels pour que les organisations de la société civile puissent s’insérer dans les processus du G20. De ce fait, le savoir immense détenu par ceux qui ont l’expérience directe de la lutte contre l’extrême pauvreté reste inexploité. Le futur Réseau de Partage des Connaissances élaboré dans le cadre du Groupe de Travail sur le Développement du G20 est potentiellement en mesure d’améliorer la pratique, mais il est indispensable d’y prévoir un espace pour les organisations de la société civile, en particulier pour celles qui comptent parmi leurs
membres actifs des personnes vivant dans l’extrême pauvreté, afin d’élaborer un panorama plus complet des mesures les plus efficaces pour promouvoir un mode de développement inclusif pour tous.
ATD Quart Monde appelle le G20 à donner une réponse innovatrice et audacieuse aux crises mondiales. Comme a remarqué Eugen Brand, le Directeur Général du Mouvement International ATD Quart Monde :
“[Il faut] des milliers de rencontres entre des mondes qui s’ignorent, ouvrant à des rassemblements, créant jour après jour une histoire libérée des pouvoirs et des savoirs accaparés, des fausses sécurités, une histoire dont ceux qui endurent toutes les crises sont les premiers inspirateurs.”
[1] Citation de Joseph Wresinski, le fondateur d’ATD Quart Monde.
[2] Voir rapport UNICEF « Les mesures d’austérité menacent les enfants et les ménages pauvres », en anglais, septembre 2011.