En marge de notre visite au Parc Alpha, Nice Première est allé à la rencontre de l’un des personnages qui font l’arrière pays, le Maire de Saint Martin Vésubie, M. Gaston Franco. Interview d’un amoureux de son village, de la montagne et fervent défenseur d’un loup qui ne pouvait trouver meilleur réfuge que dans les forêts de celui que les enfants ont surnommé « Robin des Bois »…
Nice Première : Gaston Franco, présentez-vous aux lecteurs de Nice Première ?
Gaston Franco : J’ai 62 ans. J’occupe les fonctions de Maire de Saint Martin Vésubie et je suis élu et Vice Président du Conseil Général des Alpes-Maritimes depuis 1985. J’occupe aussi la fonction de Directeur du Tourisme de la Ville de Nice. J’ai aussi été Député et Je suis Président du COFOR.
NP : Vous êtes le Président de l’association des communes forestières des Alpes-Maritimes. En quoi consiste votre rôle et quels sont les activités de votre association ?
GF : Président depuis 5 ans. La ressource bois est très importante dans le département qui compte un grand nombre de communes très boisées. En effet, plus de 100 communes sont classées communes forestières dans le 06. Il est important de défendre et de valoriser nos bois mais aussi d’aider les Maires à gérer et commercialiser ce bois. Il existe cinq scieries dans les Alpes-Maritimes et une convention de partenariat sera bientôt signée à ce sujet avec nos voisins et amis Piémontais. Il nous faut faire progresser la filière par la vente et la livraison du bois.
Et puis il en va de l’entretien durable de la forêt, il faut préserver nos bois si précieux. Nous travaillons aussi en collaboration avec les éleveurs et informons régulièrement en ce qui concerne le débroussaillement et la lutte contre les incendies. Une forêt, ça se cultive. Nous donnons aussi une grande importance à l’accueil des citadins en forêt avec l’ONF.
NP : Vous êtes aussi Conseiller Général. Quelles sont vos attributions au sein de l’organe de gestion du département ?
GF : Avant Christian Estrosi, j’étais à la vice-présidence de l’Agriculture, montagnes et forêts. Depuis, je suis Responsable du tourisme au sein du Conseil Général et de la Présidence du CRT.
NP : Le loup a beaucoup fait parler de lui, ces dernières années. Quelle est votre position sur ce mythique animal de nos forêts ?
GF : Je ne suis ni pro-loup, ni anti-loup mais c’est chez moi qu’il est revenu, en novembre 1992, dans le vallon de Mollières. Nous avons peut-être tenu secrète cette information trop longtemps et c’est sans doute de là qu’est né le malaise sur une hypothétique réintroduction du loup dans le Mercantour . Pendant l’hiver, le retour du loup n’a pas posé de problème mais au retour du printemps avec une couverture médiatique parfois trop importante, les premières secousses sont survenues. Le mythe de la réintroduction du loup était né. Personnellement, je n’y crois pas.
Je suis même parti dans les Abruzzes, en Italie, pour en savoir plus sur des loups qui sont protégés depuis plus de 40 ans. Chez nous, le Loup c’est le Diable, en Italie c’est bien différent : la relation est beaucoup moins polémique (exemple Romulus et Remus).
Je le répète, le loup est revenu naturellement et il faut s’adapter.
NP : Pourquoi il n’y a qu’en France que la cohabitation avec le loup pose des problèmes ?
Ne pensez-vous pas que les bergers français devraient s’inspirer de leurs homologues italiens ou espagnols ?
GF : C’est un vrai problème culturel. L’élevage ovin n’est pas traditionnel. Aujourd’hui, les gouvernements successifs n’ont jamais été capables de trouver une solution. Les indemnisations sont trop souvent des solutions. Ce sont près de 750 000 euros que le Conseil Général a apporté sur la table de manière à proposer une aide humaine aux bergers. Il est temps de remettre les pendules à l’heure et peut-être penser à faire des troupeaux plus petits comme en Italie.
NP : Revenons à nos moutons ! Vous êtes le Maire charismatique de Saint Martin Vésubie. Quelles sont les nouvelles de ce petit joyau de la Vésubie ?
GF : Quelques maires ont pris conscience que nous ne sommes plus l’arrière pays mais nous sommes une alternative à la vie citadine. J’ai essayé, et j’essaie encore tous les jours, de réconcilier le Parc National et ma commune. Il faut se donner la peine d’expliquer aux gens l’importance de développement durable. Mon ambition n’est pas d’être la cité dortoir de Carros.
Nous avons 20 entreprises nouvellement installées. Une scierie qui a créée 8 emplois. Je travaille aussi à la réhabilitation de Centre ancien et sur le logement des actifs. L’emploi des femmes est aussi une de mes priorités. Nous effectuons aussi un gros travail sur les activités nature. Je ne suis pas un grand amateur des sports mécaniques en montagne. Nous avons signé une convention de partenariat avec l’OGC Nice et nous planchons sur la réalisation d’un centre de remise en forme pour équipes de sport de haut niveau.
Enfin, nous sommes la commune du haut pays qui organise le plus de manifestations (42 cette année !). Et nous prévoyons l’ouverture, en fin d’année, d’une médiathèque de 800 m2.
NP : Quels sont les projets de M. Gaston FRANCO ?
GF : La création dans le Haut Boréon d’un centre d’initiation de développement durable. Prendre les enfants des villes pour leur faire découvrir la montagne. Ce ne sont pas des sorties plein air mais de véritables sessions de formation sur la nature. Je suis aussi un passionné de nouvelles technologies. J’ai en projet des Mini ordinateurs qui permettront aux randonneurs de suivre leur circuit en GPS mais aussi de leur donner des renseignements sur tout ce qui entoure leur balade (animaux, nature, point stratégiques…)
NP : Et enfin si Gaston Franco était : une forêt, un arbre et un animal ?
GF : Une forêt : Forêt de mélézes (Cavalet).
Un arbre : Un mélèze.
Un animal : Un Loup ou un ours.