Le sage Confucius disait : « Il faut se garder de trois fautes : parler sans y être invité, ce qui est impertinence ; ne pas parler quand on y est invité, ce qui est de la dissimulation ; parler sans observer les réactions de l’autre, ce qui est de l’aveuglement. » Ainsi, en parlant dimanche à Acropolis à Nice, Christian Estrosi ne faute pas. Il est invité à prendre la parole. Les militants UMP appellent sa candidature à la mairie de Nice depuis longtemps. Eric Ciotti, député de la 1ere circonscription des Alpes-Maritimes, les a imités puis quelques conseillers municipaux. Le tout a été relayé par les médias qui ont fait de la possibilité de la candidature de Christian Estrosi le feuilleton de la fin de l’été et du début de l’automne. Il n’est donc pas impertinent pour le président du Conseil Général des Alpes Maritimes de s’exprimer et de ne plus rien dissimuler de ses intentions.
En continuant sur les citations, le roi de Sparte Archidamos, un des plus pacifiques malgré les velléités guerrières des Spartiates, disait : « Celui qui sait parler sait aussi quand il faut parler ». Est-ce le bon moment pour parler ? N’est-ce ni trop tôt ni trop tard ? Trop tard parce que cette attente a provoqué des tensions transformées en querelles internes peut-être irréversibles ? Elle est précipitée si jamais Christian Estrosi n’assume pas sa candidature dès demain par un projet d’avenir. C’était surtout la date limite puisqu’une commission d’investiture de l’UMP consacrée aux villes du Sud-Est devrait l’investir le lundi. Il est plus raisonnable de l’annoncer lors d’un grand discours. Il ne fallait pas attendre une note officielle de l’UMP où le nom de Christian Estrosi serait noyé parmi d’autres. Le style « catiminin » n’est pas le genre de la maison UMP rôdée aux rouages communicatifs.
Le nom « Christian Estrosi » fait rêver beaucoup d’électeurs. Ce n’est pas Nice-Premium qui le dit mais un sondage commandité par l’UMP et diffusé par nos confrères de Nice Matin qui accordait 50% d’intention de votes pour l’actuel Secrétaire d’Etat à l’Outre Mer. Mais l’aura ne suffira pas à conserver la majorité des voix. Beaucoup se diront : « Bon c’est bien beau mais maintenant que vas-tu faire de notre ville Christian ? » Et là une réponse sera attendue. Peut-être dès dimanche. S’il était effectivement candidat, il dévoilerait une partie de son projet et sûrement de son équipe. Il apportera du contenu à son annonce car comme le dit si bien Voltaire : « On parle toujours mal quand on n’a rien à dire. »
Le calendrier est clair : jusqu’à dimanche on parle de Christian Estrosi, dimanche Christian Estrosi parle et à partir de lundi on reparle de Christian Estrosi et de ce que feront les autres candidats par rapport à Christian Estrosi.
Nice Premium a demandé à l’ensemble des acteurs majeurs des Municipales Niçoises de s’exprimer sur l’annonce de Christian Estrosi
Rudy Salles député, candidat du Nouveau Centre
Nice-Premium : Que va changer pour vous l’éventuelle candidature de Christian Estrosi
à la Mairie de Nice?
Rudy Salles : J’ai déclaré moi même ma candidature à la Mairie de Nice il y a quelques semaines sur un certain nombre de principes: la rupture avec Jacques Peyrat et son équipe, la nécessité de renouvellement, la nécessité de répondre à l’attente des Niçois par des projets précis répondant à la nécessité d’équipements de proximité mais aussi de donner à Nice sa dimension de grande métropole Française et Méditerranéenne. J’ai ajouté que si Christian Estrosi était candidat, on se parlerait. Nous appartenons en effet tous les deux à la majorité présidentielle. Nous avons donc le devoir de nous rencontrer pour faire le point sur l’avenir de la ville à laquelle lui comme moi nous sommes attachés. Si sur l’ensemble des points relatifs à l’avenir de la ville et aussi à la possibilité de permettre à nos équipes respectives de trouver leur place dans la future équipe municipale afin d’exercer des responsabilités, alors nous pourrons faire un accord et déboucher sur une liste d’union. Christian Estrosi est Secrétaire d’Etat, moi je suis Vice Président de l’Assemblée Nationale cela ferait sans doute un très bon ticket pour gagner. Dans ce cas, il y aura un numéro 1 et un numéro 2. Il y a du travail pour tout le monde et la politique ne se résume pas à des questions d’égo. Si en revanche on ne trouvait pas de terrain d’entente sur les différents points que je viens d’évoquer, alors chacun mènerait sa liste.
NP : Pouvez vous imaginer que Christian Estrosi prenne tout le monde à
contre pied et ne se déclare pas candidat?
RS : Franchement je ne le crois pas. Chacun sait bien qu’il déclarera sa candidature dimanche prochain.
Hervé Caël, candidat Modem (non officiel)
NP : Que va changer pour vous l’éventuelle candidature de Christian Estrosi à la Mairie de Nice?
Hervé Caël : Rien sur le fond. Le Mouvement Démocrate, comme annoncé par François BAYROU lors du Forum Démocrate de Seignosse en septembre, prépare sereinement l’échéance des municipales à Nice comme dans l’ensemble des « grandes » villes de France. Nous finalisons nos propositions, et après ce débat interne, nous allons bientôt les proposer aux niçois et aux niçoises.
Sans vouloir nous immiscer dans des désignations des têtes de liste des autres formations politiques, nous ne pouvons nier l’impact sur la campagne de l’entrée en compétition du ministre, président du Conseil général. Nous attendrons cependant de connaître son programme pour faire des commentaires.
NP : Pouvez vous imaginer que Christian Estrosi prenne tout le monde à contre pied et ne se déclare pas candidat?
HC : Nous avons cinq mois de campagne devant nous. Cinq mois qui vont réserver des surprises, des abandons et des ralliements .. La non candidature de Christian Estrosi, après des mois de préparation, me semble cependant peu probable.
Patrick Mottard, candidat divers gauche
NP : Que va changer pour vous l’éventuelle candidature de Christian Estrosi à la Mairie de Nice?
Patrick Mottard : En septembre, j’ai déclaré ma candidature à la mairie de Nice dans la lignée de l’élection de 2001 et des sept années passées à la tête de l’opposition municipale. Mon objectif est de rassembler. De rassembler et de proposer. Je ne me préoccupe pas du reste.
NP : Pouvez vous imaginer que Christian Estrosi prenne tout le monde à contre pied et ne se déclare pas candidat?
PM : Je ne suis pas devin. Et encore moins dans les confidences de Christian Estrosi !
Jean-Christophe Picard, Parti Radical de Gauche, en réflexion
NP : Que va changer pour vous l’éventuelle candidature de Christian Estrosi à la Mairie de Nice?
Jean-Christophe Picard : La gauche ne peut plus miser sur l’impopularité du candidat de droite sortant pour l’emporter… Elle doit désormais proposer une équipe et un projet qui soient susceptibles de provoquer l’adhésion de la majorité des citoyens. C’est à nous d’être les meilleurs !
À droite, je pressens que les noms d’oiseaux vont fuser et que les cadavres dans les placards vont subitement refaire surface !
NP : Pouvez vous imaginer que Christian Estrosi prenne tout le monde à contre pied et ne se déclare pas candidat?
JCP : Christian Estrosi avait déjà affirmé, il y a quelques années, qu’il ne sera « jamais candidat à la mairie de Nice » ! Et comme je n’accorde aucun crédit à ses déclarations… je pense qu’il le sera !
Patrick Allemand, candidat du Parti Socialiste :
NP : Que va changer pour vous l’éventuelle candidature de Christian Estrosi à la Mairie de Nice?
Patrick Allemand : Ca modifie évidemment la donne politique à droite. Mais pour moi ça ne change pas fondamentalement les choses car j’ai toujours cru que la gauche ne pourrait pas comme en 2001 se contenter de surfer sur l’impopularité de Jacques Peyrat.
Cette fois, nous devons proposer un projet capable d’enrayer la spirale du déclin de Nice et de redonner aux Niçois confiance en leur ville. A partir de là, le choix sera simple. Soit perpétuer le règne d’une droite niçoise à bout de souffle après 62 ans de règne sans partage. Soit faire le choix d’une rupture avec un système qui sclérose la ville.
Christian Estrosi ne rompra pas avec ce système. Il en est un pur produit. Et il ne sera qu’un maire à mi-temps – au mieux. En 2007, on ne peut plus être ministre et maire d’une grande ville.
NP : Pouvez vous imaginer que Christian Estrosi prenne tout le monde à contre pied et ne se déclare pas candidat?
PA : Pas une seconde. Tout ceci a été orchestré depuis de très longs mois. Il y avait des signes annonciateurs évidents et si certains ne les ont pas vus, c’est qu’ils ne voulaient pas les voir.
