NDLR : L’interview a été réalisé mercredi avant la rencontre Maurice Cohen-Jacques Peyrat et le déménagement des occupants des tentes de Don quichotte.
Nice Premium : Commençons par la polémique suscitée par votre interview accordée à Nice-Matin où vous avez déclaré que vous voteriez Le Pen en cas de second tour Royal Le Pen. Comprenez vous les réactions et réitérez vous à Nice-Premium ce choix de second tour ?
J. Peyrat : Je ne réitère pas du tout ce choix. Dans l’interview que j’ai donnée à Nice Matin, à aucun moment le nom de Jean-Marie Le Pen n’a été prononcé. On m’a demandé « Dans le cas où, par référence à ce qui était arrivé à Monsieur Jospin, il n’y ait que le candidat de la gauche et celui de la droite extrême, quelle serait ma position ? » J’ai alors indiqué très clairement et je le redis que jamais je ne pourrais voter pour quelqu’un de marxiste de près ou de loin. Je considère que le marxisme qui a sous-tendu le communisme a fait tellement de mal dans le monde, tellement de morts inutiles et tellement de mal à la France depuis la guerre 39-40 et les accords germano-soviétiques, puis en Indochine et en Algérie où les gens de la gauche marxiste, communiste ou socialiste – je pense notamment à Georges Boudarel et à l’aspirant Henri Maillot – ont soutenu les adversaires de la France, et je vous dis que jamais je ne pourrais voter pour ces gens-là. Comme je ne me dégonfle pas en matière de vote et qu’une abstention est toujours une voix donnée à l’adversaire, j’ai indiqué que je voterai pour l’autre candidat que le candidat marxiste, communiste ou socialiste. Voilà ce que j’ai dit et cela je le maintiens. C’est le fond de ma pensée et le fond de ma vie. J’ai toujours eu les mêmes ennemis et la France a toujours eu les mêmes ennemis. Jamais, quelles que soient les circonstances, je ne pourrai les cautionner.
NP : Comment expliquez-vous que Nice Matin ait modifié vos propos ?
JP : Je n’ai pas d’explications à donner à ce qui se passe soit dans l’esprit, sans vouloir vous offenser, des journalistes, dans les rédactions des journaux, dans les mises en page. Je préfère ne pas intervenir. C’est à eux qu’il faut le demander, pas à moi.
NP : Est-ce que ce sont les seuls propos qui ont été détournés ?
JP : Non. Il y a eu un autre propos qui pour moi est grave. Il est indiqué, d’ailleurs dans le titre à la Une, que j’irai à la bataille municipale sans l’étiquette UMP comme si c’était une vérité assénée. C’est faux ! Par quatre fois, j’ai déclaré que je me présenterai sous l’étiquette UMP. Je n’ai pas l’intention de me présenter autrement. Je ne pense pas un seul instant que l’UMP ne me donne pas l’investiture. Je répète cela quatre fois. Comme ça ne satisfaisait sûrement pas ceux qui m’interviewaient, ils m’ont demandé « et si dans le cas exceptionnel où cela ne se ferait pas ou que vous n’auriez pas cette investiture ? » J’ai répondu que dans ce cas là, j’irais quand même tout seul. Il faut donc remettre les choses dans leur vérité. Dans le cas extrêmement improbable qui serait stupéfiant où l’UMP ne me cautionne pas, et je ne l’envisage pas un seul instant et que j’estime impossible, mais dans les hypothèses impossibles qui font plaisir à ceux qui manient et torturent les esprits et l’information, je ferais ce que j’ai déjà fait dix ans en arrière, j’irais seul comme un grand. Cela ne se produira pas, pas plus qu’au second tour de l’élection présidentielle ne se produira l’alternative qui m’était suggérée. On est là dans des situations impossibles juste pour faire du remue-méninges totalement inutile et pas sérieux.
NP : En quelque sorte, Nice Matin a fait d’une boutade un titre ?
JP : Voilà ! Même pas d’une boutade… Vous êtes vous-même journaliste. Si vous me réitérez cinq ou six fois les mêmes questions, il y aura bien un moment où je vous dirais : « écoutez, arrêtons » ou si vous voulez une réponse absurde je vous donnerais une réponse absurde. Voilà… Une réponse absurde à une question absurde.
NP : Quoiqu’il en soit, Jacques Peyrat sera candidat aux municipales ?
JP : Oui. Si Dieu le veut.
NP : Pouvez-vous nous dire où en est le dossier Don Quichotte à Nice ? Jusqu’à quand l’association maintiendra ses tentes et avez-vous les moyens de répondre à la demande de relogement des sans abris ? Et si la CANCA aussi est concernée par ce dossier ?
JP : Il y a deux aspects dans ce dossier :
-l’aspect « humain »et vous savez que je n’ai pas attendu les Don Quichotte pour me rendre compte qu’il y avait de la misère, de la pauvreté et un certain nombre de personnes que l’on a qualifié de SDF à cause, et ce n’est pas suffisamment dit, des frontières ouvertes de la France. Elle souhaite accueillir un grand nombre d’étrangers venus du monde entier qui viennent chercher ici protection et asile et la France l’a toujours fait et c’est son honneur. Comme l’a dit un ancien Premier Ministre socialiste, « On ne peut pas recevoir toutes les misères du monde ». Il se trouve que nous les recevons. Le maire de cette ville, et l’homme Peyrat, ne peut pas envisager de gaieté de cœur de voir ces misères. Nous essayons de les soulager. On dépanne beaucoup de monde avec les repas à domicile, les soins gratuits à l’hôpital, les structures pour les femmes battues, celles pour les personnes en difficulté avec des enfants, la mise à disposition pour réparer les urgences, et enfin avec l’OPAC pour trouver des solutions plus pérennes. On s’en préoccupe.
-le second aspect est « politique » : j’ai dit à ceux que j’ai reçus : « Pourquoi vous êtes venus chez moi ? » Notre CCAS est l’un des meilleurs de France, le deuxième dit-on. Je suis le seul maire et président d’agglomération qui finance l’OPAM par millions d’euros pour bâtir des logements. Je ne me contente pas seulement de phrases. Je comprends qu’ils veuillent alerter les médias car leur combat n’est pas mauvais, d’ailleurs ils ont réussi à polariser l’intérêt d’un Ministre, du Premier Ministre, du chef de l’Etat. Une loi va être proposée. Le parlement en débattra. C’est la démocratie et c’est bien. Maintenant ils ne devrez pas rester plus longtemps sur la plage Personne n’est à l’abri d’un coup de mer. La méditerranée est capricieuse. Les vents peuvent changer en une heure ou deux. En pleine nuit, cela peut être dramatique. Je ne suis pas tranquille. Si les Abada, Bisson de Sallanches, qui ont fait leur beurre sur la soi-disant présence d’amiante dans les immeubles que j’ai fait imploser à Pasteur veulent avoir le poids de la responsabilité d’avoir entraîné des gens dans leur perte s’il arrivait quelque chose…J’ai demandé qu’ils partent. Et que s’ils ne le faisaient pas, je le ferai faire de gré ou de force. Après avoir pris l’attache du Préfet et du Procureur, j’ai appris que, même en ma qualité d’OPJ chargé de veiller à la sécurité publique sur ma commune, je pouvais pas le faire avec la police municipale. Donc je vais faire ce qui plaît tant à la France : une procédure devant le tribunal administratif pour obtenir l’autorisation de requérir les forces de police nationale pour mettre à l’abri ces gens qui sont en danger. Dans le cas où ils veulent poursuivre leur action, ils sont les bienvenus sur un terrain sécurisé situé route de Grenoble, mais cela ne leur convient pas. Je crois qu’il ne faut pas exagérer. Tant va la cruche à l’eau qu’à la fin elle se casse.
NP : Pas de soupe au porc sur le port. Pensez-vous que la meilleure décision ait été prise en interdisant cette distribution discriminatoire ?
JP :Non. La France devient le pays champion des interdits. Pour un pays épris de libertés, qui a voulu donner des leçons au monde, ces excès d’interdits sont terrifiants. On ne peut plus parler, avoir une opinion, la dire sans être susceptible et menacé de tout un tas de procédure. La soupe qui a été faite a un aspect provocateur qui n’est pas très chouette. Quand on est pour soulager les misères, autant ne pas y mêler des raisons politiciennes et provocatrices. Mais s’il y a des gens qui veulent se dévouer pour servir la soupe en indiquant les ingrédients pour ne pas heurter les consciences, pourquoi pas. Je n’ai pas envie de plus me prononcer sur cette affaire qui est un peu moche.
NP : Vous ne pouvez pas intervenir auprès de ceux qui la distribuent ?
JP : Non Monsieur. Ce n’est pas mon problème. L’Etat régalien a ses susceptibilités que je ne veux pas irriter.
NP : Pouvez vous faire un point sur le grand stade de Nice ? On a vu Rudy Salles sortir un stade de son chapeau sur le complexe Charles Erhman, Maurice Cohen va proposer un projet à Saint-Isidore. Que proposez-vous ?
JP : Je m’attends à ce que chaque candidat à l’élection municipale ait son projet, mais il y a quelque chose que je ne comprends pas. Je ne comprends pas les socialistes qui se sont mis en travers alors que le Grand Stade est un beau projet. Il est attendu par une grande partie de la jeunesse et de la population Niçoise. De voir que l’espérance que l’on donnait à ce club et qui rentrait dans le ciment d’une équipe qui doit faire face à une saison de football qui est dure, l’échec provoqué par les socialistes et un préfet de la république dont je me demande encore pourquoi il a fait ça, pour un détail spécieux : on n’a pas prévu le prix des billets pour les trente ans à venir ! Le tribunal administratif en a jugé ainsi et je ne peux rien dire, respectant les décisions de ce dernier. Dans le mariage de Figaro de Beaumarchais qui voulait lutter contre la toute puissance du roi Louis XIV, la phrase terrible de Brid’Oison, président du tribunal : « la fo-orme tout est là ! » Quelquefois à travers la forme, il y a le fond. Une ville tendue vers son équipe, des espérances tendues de toute une jeunesse à qui on peut offrir autre chose que la drogue, de l’emploi donné à près de 400 personnes que l’on a du licencier, un projet qui permettait de libérer des terrains de l’équipe de l’OGC Nice pour les donner à toute une jeunesse qui manque de terrain de jeu parce que nous manquons d’espace, il est donc dommage que ce soit à cause de la forme. Je ne comprends pas ce qui a poussé les instigateurs de tout ceci de se mettre en travers d’un projet que nous avions étudié avec beaucoup de sérieux.
On fera quand même le grand stade de 32 000 places et à Saint-Isidore et d’une manière différente. On a perdu un an. Un an qu’il nous fallait pour que l’OGC Nice puisse tenir en première division. Je suis inquiet. J’ai convié le président Maurice Cohen à venir me rencontrer pour parler de la santé de l’équipe et du projet du grand stade. Je ne prends pas au sérieux le projet de Rudy Salles car dans son projet de transformation du stade Erhmann en Grand Stade de football, il omet de penser aux problèmes de parking. Imaginez qu’au même moment, il y ait un spectacle à Nikaïa et un match de football, je ne sais pas où on mettra les voitures alors qu’on y arrive à peine lorsqu’il y a Pavarotti, Johnny Hallyday ou U2 qui viennent ! Un projet m’a été annoncé par mon adjoint aux sports Jean-Claude Mari, ancien footballeur de l’OGC Nice. On va étudier cela. On prendra une décision avant la fin janvier ou début février. Il faut faire vite.
NP : Est-ce que tout bêtement, on ne pourrait pas reprendre le projet en spécifiant le prix des places ?
JP : Non. Si j’avais pu le faire, je l’aurais fait ! Ce n’est pas aussi simple. Dans les situations que l’on a compliquées, les situations simples ne sont plus possibles même quand elles semblent être frappées du bon sens. On ne peut pas dire : « Ecoutez monsieur, ça ne vous plait pas ? On efface tout. On vous met le prix de la place : X € en première division, Y € en deuxième division, Z € en national ».
NP : Toujours le foot : les supporters sont montrés du doigt, la BSN85 fait grève pour protester, Maurice Cohen a reproché au journal L’Equipe de diffamer le comportement des supporters Niçois. Avez-vous des solutions à la fois pour endiguer les amalgames? Il est aussi difficile d’avoir entendu les Lensois faire plus de bruits que les Niçois… Votre avis.
JP : On joue avec un joueur de moins. C’est le douzième joueur, je parle bien sûr des supporters. Quand on va voir l’OM, on est saisi quand les virages se répondent. Ca se passait aussi à Nice mais ça va revenir. Ils se faisaient de la concurrence pour avoir la meilleure chanson, pour crier le plus fort, pour avoir le plus grand drapeau… C’est fabuleux. C’est la jeunesse. C’est la joie. C’est magnifique. Des contrôles dans les stades ont été faits parce qu’il y a eu des exagérations. Vous croyez qu’on peut tolérer en-dehors des huées quand on va tirer les coups francs et les penaltys parce que ça c’est la passion du jeu, d’autres comportements inacceptables ? Lancer des bombes au mépris des joueurs et des personnels de sécurité comme on l’a vu récemment, faire péter des pétards, enfumer au point qu’on soit obligé d’arrêter le match pour attendre que la fumée se dissipe, je dis non. Il faut que les gens des clubs de supporters fassent leur propre police pour servir un spectacle de qualité.
NP : Foot, Volley, Basket Féminin : les équipes Niçoises sont dans les profondeurs des classements. Seuls le rugby (en 4ème division) et le Water-Polo portent haut les couleurs Niçoises. Etes vous attristé par ces situations et qu’est ce qu’une municipalité peut faire pour endiguer les spirales de défaites sportives ?
JP : Vous vous obstinez à oublier mon sport : le parachutisme. Le club que j’ai crée en 1959 et le centre école trois ou quatre ans après ont des résultats nationaux, mondiaux extraordinaires. On est inscrit en voltige et PA (précision d’atterrissage) cette année au premier rang à l’échelon mondial. Il faut aller au Cannet des Maures pour sauter en parachute. Le CPN (Cercle des Parachutistes Niçois) doit davantage se mettre en valeur. C’est passionnant la première heure mais après c’est un peu la même chose. Il faut donc que le grand public découvre un peu plus ce sport.
Le Water Polo marche bien. En rugby, chose étonnante, on remonte et on va suivre tout ça. En Basket-Ball féminin, en Volley Ball et pour l’OGC Nice, ça ne va pas très bien. Il va falloir revoir tout ça.