Inégale répartition, enjeu géopolitique mais finalement un paradoxe : « l’unique ressource indispensable à la vie génère des tensions mineures alors que des ressources non nécessaires, voire superflues, ont été à l’origine de conflits », estime Pierre-Alain Clément dans son article « La géopolitique de l’eau au Moyen-Orient. La formule aronienne de son titre « guerre improbable, paix impossible » ouvre ainsi le dossier spécial du bimestriel Moyen-Orient de février-mars 2010 consacré à « L’eau, entre conflits et pénuries ».
Alors que d’un « point de vue strictement physique, la quantité d’eau sur terre est constante », une certitude qui mérite d’être rappelée en ces temps de querelle climatique, c’est la « question de l’accessibilité » et non celle des ressources qui retient l’attention. Afin de mieux comprendre les enjeux de cette problématique qui se rejoue sur le Nil, entre le Tigre et l’Euphrate ou dans le conflit israélo-palestinien, le magazine dirigé par Frank Tétart ne rechigne pas à la pédagogie des cartes et des tableaux, doublée d’un entretien sur les techniques de dessalement par Patrice Fonlladosa, le Président-Directeur Général de Véolia Water Mena et responsable de Véolia Environnement dans cette région du monde. A l’heure où ce thème empoisonne les relations internationales, le lecteur appréciera en outre une réflexion passionnante de Perla Srour-Gandon sur l’implémentation possible du concept d’«efficacité énergétique » dans cette zone.
A l’accoutumée, le bimestriel complète son dossier central d’un développement -un peu trop politiquement aseptisé- sur les évolutions du Maroc qui met -prudemment- davantage l’accent sur son histoire récente que sur son avenir. Celui sur l’Afghanistan, signé Francis Chanson et Hervé Pierre, deux officiers supérieurs, est nettement plus captivant. Le numéro se termine sur une brève étude comparative de la condition féminine au Maghreb où la part belle est réservée à la Tunisie.
Mentionnons, en introduction, l’entretien exclusif avec Elie Barnavi, ancien Ambassadeur d’Israël en France et Professeur émérite à l’Université de Tel Aviv, qui livre ses réflexions sur le processus de paix au Moyen-Orient . Parmi celles-ci, on retiendra sa pensée en forme de sentence mêlée de regret : « L’Europe n’existe pas en tant que puissance sur la scène internationale ».