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22 novembre 2024

L’Edito du Psy – Chantal Sébire: le droit, la politique, la médecine…et un brin d’empathie.

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jpg_bobine2008-2.jpgCe n’est pas le « cas » de Chantal Sébire, cette ancienne professeure des écoles de 52 ans qui a considérablement ému l’opinion publique française. C’est tout simplement son courage et sa détermination. Deux qualités qu’elle déploie, probablement en puisant dans l’intensité de sa douleur, pour obtenir de la justice « un droit à mourir en quelques minutes et en pleine conscience ». Atteinte d’une tumeur incurable, aveugle et dépendante d’une auxiliaire de vie pour le quotidien, cette femme pourtant entourée de ses enfants, ne supporte plus d’être « littéralement mangée par la douleur » et souhaite mettre un terme à une souffrance qu’elle ne parvient plus à « accepter ». Volontairement médiatisée, sa demande de prise en charge ne pouvait donc pas rester sans réponse. Les propositions formulées par des personnalités du monde juridique, politique et médical sont malheureusement apparues techniques et froides. En un mot, elles ont manqué de ce que Chantal Sébire réclamait le plus : l’intelligence du cœur.

A défaut de le comprendre, on peut l’expliquer : sur un sujet de civilisation aussi sensible qu’angoissant – la mort qui s’oppose au jeunisme obsessionnel de la société moderne, est rejetée dans un quatrième âge finissant – les uns et les autres ont fait montre d’une prudence plus tacticienne que philosophique. En s’abritant derrière la barrière protectrice de leurs compétences, ils n’en ont pas moins manifesté le refus de se laisser happer par la notion de finitude. Egalement celle de leur pouvoir.

La réponse de la Garde des sceaux, elle-même qualifiée de « péremptoire » par le premier Ministre, ne saurait mieux l’illustrer. En se faisant, pour une fois, l’avocate d’un jusqu’auboutisme juridique, – le droit rien que le droit -, Rachida Dati s’est ainsi appuyée sur le rôle dévolu à la médecine de « sauver et non d’administrer des substances létales ». En dénonçant ce qu’elle tient pour une « intrumentalisation » de la douleur de l’ancienne institutrice, sa collègue à la politique de la ville et au logement, Christine Boutin, n’aura sans doute pas contribué à cette humanisation du christianisme – le Dieu de justice aura primé sur le Dieu d’amour – en jugeant uniquement que cette femme « n’était pas suffisamment entourée de médecins qui l’aident à ne pas souffrir ». Tout aussi regrettables, les propos de la Ministre de la santé, Roselyne Bachelot, verrouillant sa position sur « l’éthique d’un pays », peu susceptible, selon elle, d’une évolution. On l’aura connue plus combative sur ce thème lorsqu’elle défendait énergiquement et seule contre tous le Pacs à l’Assemblée nationale. Quant à l’auteur du rapport sur « la fin de vie » qui porte désormais son nom, Jean Léonetti aura lui aussi déçu en réduisant une pensée en général plus généreuse à une simple proposition de « dialogue apaisée entre cette patiente et les médecins ». Passons sur la proposition élyséenne d’un mini « sommet » médical, peu réaliste dans l’état physique de la patiente. On saura finalement gré au premier Ministre François Fillon d’avoir trouvé les mots justes : la « modestie » embarrassée de « reconnaître que la société ne peut pas répondre à toutes les questions ». Pour être équitable, mentionnons le silence assourdissant des ténors de la gauche dans ce dossier.

Arcbouté sur le principe d’interdiction de l’euthanasie active, on a proposé à cette femme qui réclame un « geste d’amour envers l’humain en souffrance », une mise en coma, une forme de dégénérescence imposée et passive susceptible d’entraîner son départ. Après la décision – attendue – du Tribunal de Grande Instance de Dijon, il ne reste plus à Chantal Sébire que d’aller mourir ailleurs, de « l’autre côté » d’une frontière pour plagier le Sermon des morts. Ce sera son ultime liberté, son dernier acte de vie : celui de se l’ôter.

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