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22 novembre 2024

L’Edito du Psy – Espace commun européen avec la Russie: mais quelle Russie?

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jpg_bobine2008-88.jpgMalgré sa discrétion, la tentative, rapportée par Le Monde, a échoué. Le quotidien nous informe que Nicolas Sarkozy aurait voulu profiter des cérémonies du 9 mai en Russie pour formaliser, au travers d’une « déclaration politique » avec Berlin et Moscou, un « espace commun européen ». S’agirait-il d’un projet en miroir du Pacte de sécurité européen proposé par le président russe le 5 juin 2008, et dont la philosophie et les mécanismes auraient permis d’instaurer un véritable droit de regard du Kremlin sur les décisions sécuritaires du Vieux Continent? Y aurait-il de la part du chef de l’Etat une volonté de prendre de vitesse la politique de « Reset » engagée avec la Russie par le cousin américain? Malgré l’argumentaire présidentiel centré sur le nécessaire soutien à l’ouverture de la Fédération, la prudence s’impose. Ce fut d’ailleurs la tonalité de la réponse allemande. Toujours pragmatique, la Chancelière Angela Merkel a, selon Le Monde, hésité sur « le contenu de la démarche et la hâte avec laquelle elle a été élaborée ».

Comme pour la spectaculaire initiative élyséenne envers la Syrie dont il ne reste, à vrai dire, pas grand chose dans la réalité -l’invitation de Bachar El Assad à la Tribune officielle du 14 juillet 2008 pour découpler Damas de Téhéran-, une question s’impose : de quelle Russie voulons-nous être le partenaire? Alors que, sur injonction de Vladimir Poutine, la Constitution russe a été modifiée en novembre 2008 et ce, à peine achevée une « élection » de Medvedev boycottée par l’OSCE, on ne sait toujours pas qui du premier Ministre issu des rangs de l’ex KGB ou du « libéral » de Saint Pétersbourg, pourra profiter à partir de 2012 des futures douze années de mandat présidentiel autorisées par la réforme.

Cette interrogation n’est pas la seule. Il suffirait pour s’en convaincre de renvoyer à l’édifiant reportage d’Arte mardi 11 mai sur la mafia russe: des représentants du crime organisé, reconvertis « institutionnellement en Business Men » sous Vladimir Poutine avec, pour certains d’entre eux, pignon sur rue au Cap d’Antibes, y contaient plutôt goguenards, leurs sordides méfaits d’extorsions de fonds, leurs sanglants règlements de compte avec des concurrents, leurs interminables cavales dans le monde et leurs généreuses donations aux responsables politiques afin d’échapper à la justice. Au point qu’un officiel d’Interpol admettait les pires « difficultés à traiter le problème de la grande criminalité en Russie où l’enchevêtrement des milieux d’Etat avec celui des affaires faisait que l’Organisation ne savait jamais si elle allait rencontrer la légalité ou l’illégalité ». On peut certes créditer Dmitri Medvedev de deux lois récentes, l’une sur la hiérarchie policière et l’autre sur la protection des industriels en cas de litige, destinées à encourager les investisseurs. Sous réserve qu’elles entrent un jour en application, ces nouvelles législations ne rassurent pas suffisamment les quadras russes, toujours plus nombreux à vouloir émigrer en Europe occidentale pour fuir l’arbitraire des autorités de leur pays.

Alors que la France s’apprête, malgré les réticences américaines, à vendre un navire de commandement de type « Mistral » à la Russie, faut-il faire confiance à la « pacification » de la politique russe entreprise dans le Caucase ou à la manière dont le Kremlin « respecte » les clauses du cessez-le-feu en Géorgie promu par la médiation in extremis de Nicolas Sarkozy? Convient-il de prendre à la lettre la nouvelle doctrine diplomatique du Kremlin intitulée « Programme sur l’emploi efficace et systématique des facteurs de politique étrangère en vue du développement à long terme de la Fédération de Russie » ? Malgré le souhait évoqué par le Ministre russe des affaires étrangères Serguei Lavrov, « d’alliances de modernisation avec les Etats-Unis et l’Europe», le doute l’emporte: comment comprendre autrement, malgré la tension déjà vive dans cette région du monde, la livraison à la Syrie de missiles sol-air SA 22, de blindés et d’avions de chasse MiG 29? Coopération russe avec l’Europe? Pour quelle raisons, dans ces conditions, torpiller « Nabucco », le seul projet cohérent de la politique énergétique commune de Bruxelles en lançant le gazoduc concurrent « South Stream » qui vient d’obtenir l’aval d’Ankara contre le contrat d’une première centrale nucléaire russe en Turquie ?

La Cathédrale orthodoxe Saint Nicolas de Nice pourrait symboliquement en témoigner: la « collaboration » avec Moscou se résume à un méchant procès intenté par l’Eglise orthodoxe russe, puissamment soutenue par le Kremlin, afin de mettre la main sur de vastes biens immobiliers. Il est donc urgent d’attendre.

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