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22 novembre 2024

L’Edito du Psy : L’argent du Nord : remède à la violence du Sud ?

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bobine-20.jpg La situation tient du surréalisme…et d’une forme de schizophrénie. D’un côté de la Méditerranée, la Conférence internationale de Paris III sur le soutien au Liban laquelle parvient, grâce à la pugnacité du président Chirac, à réunir plus de 6 milliards de dollars de contribution. Sur l’insistance de Paris, l’engagement massif de Riyadh et de Washington ont à leur tour suscité l’adhésion d’un nombre impressionnant d’Etats européens, de monarchies du golfe et d’institutions financières internationales. De l’autre, des images qui montrent l’explosion des violences armées entre jeunes chiites et sunnites dans la banlieue de Beyrouth. Des étudiants tirent sur d’autres à la mitraillette comme à la pire époque de la guerre civile libanaise ou à l’imitation des affrontements plus récents entre milices palestiniennes rivales.

On voudrait bien joindre sa voix à celles des optimistes qui se réjouissent d’une implication aussi soutenue de tous les « amis du Liban ». La prudence doit pourtant rester de mise.

En raison, tout d’abord, des agissements de ceux pour qui, à l’intérieur du pays du Cèdre, une accalmie de la situation ne servirait pas leurs intérêts immédiats. Le député de la Bekaa et membre du Hezbollah, Hussein Hajj Hassan, a publiquement rejeté une aide destinée selon lui « aux modérés » et qui serait « assortie de conditions politiques ». On peut légitimement se demander s’il énonce des exigences identiques en recevant l’aide iranienne. Plutôt que de les calmer, on peut tout aussi bien craindre que le montant élevé des dons ou des prêts suscite de plus amples convoitises. Tout comme il n’écarte un important travail d’accompagnement de cette allocation. L’accord d’Association entre l’Union européenne et le Liban, signé le 22 avril 2002, avait donné lieu à de similaires déconvenues. « Le Liban n’a pas pris la mesure de ce qui lui est offert » avait estimé à l’époque Patrick Renauld, le Haut représentant de l’Union Européenne au Liban. Bruxelles insistait notamment sur la nécessité de ne pas réduire cet accord à une simple manne budgétaire permettant « aux mécanismes oligarchiques de se perpétuer ». Propos repris plus diplomatiquement par l’Ambassadeur de France à la traditionnelle réception du 14 juillet lorsqu’il évoquait « une insuffisance d’intérêt, voire une certaine nonchalance » de la part des autorités libanaises dans la concrétisation de cet accord. Tout cela n’est probablement que du passé. Espérons que Paris III réussira là où Paris I et Paris II ont échoué. Les mécanismes financiers prévus par les arrangements antérieurs heurtaient la spécificité libanaise. Les deux conditions essentielles, mises notamment en avant par le FMI pour soutenir les premières initiatives françaises, rencontrèrent de farouches résistances : on le comprend aisément dès lors qu’il s’agit de remettre en cause deux éléments fondamentaux de la dynamique politique et financière en cours au pays du Cèdre. La première vise à « dégraisser la fonction publique ». Cette requête touche très directement les mécanismes d’allégeance qui permettent le bon fonctionnement du clientélisme par l’attribution de postes ou le placement de protégés par l’un ou l’autre des clans libanais. Le second, la « dévaluation de la livre libanaise » était à l’époque tout aussi politiquement irrecevable. Elle aurait miné les dépôts en livres libanaises, principales économies des plus défavorisés. Il est probable que l’application de ces deux mesures demeure aujourd’hui encore d’une sensibilité extrême. Les campagnes d’informations et de sensibilisation du public sur ces sujets parviendront-elles à désamorcer les oppositions éventuelles aux réformes promises par le premier Ministre Fouad Siniora lors de sa prestation à Paris III ?

Tous les participants à la conférence se sont accordés sur l’urgence de la stabilisation politique du pays. Le seul moyen d’y parvenir serait également de porter un regard lucide sur son histoire moderne. En clair : effectuer un travail de mémoire à même de cimenter une fois pour toute cette réconciliation nationale qui fait tant défaut. Une majeure partie des responsables politiques redoute l’affrontement avec la mise en perspective de leur histoire personnelle. « Une mémoire pour l’avenir » permettrait d’apporter des éléments de réponse à une question soulevée par des enfants et des adolescents mais qui en fait leur a été posée par leurs parents : pourquoi une guerre civile et si guerre il y a eu, qui l’a donc gagnée ? Les 100 millions de dollars qui seront prochainement reversés par Israël au Président de l’Autorité palestinienne ou les nouveaux budgets prévus par le plan Bush pour créer des emplois de proximité directement récupérables par les Iraquiens ordinaires en disent long sur les espoirs placés par les Occidentaux dans les capacités induites par leur manne financière. Jeunes Iraquiens, jeunes Palestiniens ou jeunes Libanais, est-il raisonnable d’espérer que leur avenir ait encore un prix ?

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