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21 novembre 2024

L’Edito du Psy – Liban « Tribunal Hariri » : une libération en trompe-l’oeil.

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jpg_bobine2008-47.jpgUne décision plus embarrassante qu’il n’y paraît. En ordonnant, le mercredi 29 avril, l’élargissement de quatre généraux libanais détenus dans la prison de Roumieh, le Tribunal Spécial pour le Liban (TSL) a paradoxalement suscité au pays du Cèdre plus d’interrogations qu’il n’a apporté de réponses. Incarcérés depuis septembre 2005 dans le cadre de l’enquête internationale sur l’assassinat de l’ancien premier ministre libanais Rafic Hariri, et considérés comme pro-syriens, les généraux Jamil el-Sayed, Raymond Azar, Salah El-Hajj et Mustapha Hamdane tenaient les rênes des différents services libanais de sécurité au moment de l’attentat perpétré le 14 février 2005 à Beyrouth.

Cette remise en liberté intervient en pleine campagne électorale pour les élections législatives dont les résultats, le 7 juin prochain, s’annoncent serrés. Malgré l’absence d’instituts de sondage aux méthodes fiables, de nombreuses évaluations donnent pour le moment un léger avantage aux forces du 8 mars, une alliance pro-syrienne constituée du mouvement Amal, des chrétiens du général Aoun et des partisans du Hezbollah. Pour les uns comme pour les autres, la décision du procureur Daniel Bellemare, lequel a dû admettre l’insuffisance de preuves pour mettre en accusation les quatre hommes, a donc valeur de symbole. A double tranchant.

Opposants irréductibles à la Syrie, les leaders du 14 mars ont tenté, dans un premier temps, de gommer leur embarras manifeste en se félicitant d’une décision qui montrait « l’impartialité politique » du TSL. Une attitude destinée à forcer la main des responsables du Hezbollah qui affichent une méfiance récurrente à l’encontre d’une structure dont la création, inspirée par la France et les Etats-Unis, viserait, selon eux, à impliquer leur allié syrien. Mais les conditions dans lesquelles est intervenue cette libération ont également profité à la coalition emmenée par Saad Hariri : les multiples déclarations vindicatives, à peine sorti de prison, du Général Jamil El-Sayed ont douloureusement ravivé chez de nombreux Libanais le souvenir des heures sombres vécues au cours des 30 années d’occupation syrienne. Période dont une majorité de la population, y compris chez de nombreux chiites, ne veut plus entendre parler. Elles ont même provoqué une réaction épidermique du leader druze Walid Jumblatt, resserrant de facto une coalition du 14 mars menacée par un inexorable processus de dilution : « ils ne passeront pas ».

A l’inverse, les dirigeants du Hezbollah sont promptement passés de l’enthousiasme délirant à la plus attentiste des prudences : plusieurs députés du Parti de Dieu étaient venus vaillamment soutenir les officiers supérieurs, jouant même à l’occasion leurs « gardes du corps » dans une foule empressée. Ce nouvel engouement sur la « crédibilité du TSL » a été vertement douché quelques heures après par une intervention du Secrétaire Général Hassan Nasrallah, refusant de laisser toute «carte blanche » au Tribunal. Au sein du Hezbollah, on redoute la possibilité d’un « deal politique » au sujet du TSL entre la Syrie et les puissances occidentales, Etats-Unis en tête, et dont le prix à payer serait probablement très lourd en terme de marge de manœuvre pour les miliciens chiites.

Dans les deux camps, personne n’oublie par ailleurs le sort tragique d’officiers supérieurs syriens, réputés proches du pouvoir et qui étaient susceptibles d’être cités dans ce dossier. « La libération des Généraux n’est pas forcément le meilleur cadeau qu’on puisse leur faire » pouvait-on entendre ces jours-ci dans les allées du pouvoir à Beyrouth. « Ils vont probablement faire l’objet de toutes les attentions, les bonnes comme les mauvaises » ajoutait-on. Quant à cet ancien membre des services libanais de sécurité, il s’interroge : « A quoi cela a-t-il servi de donner à la Commission Mehlis les kilomètres de bandes d’écoutes téléphoniques ? ».

Malgré sa volonté de transparence et son désir de ne fonctionner qu’en droit pur, le Tribunal Spécial pour le Liban n’a pas fini, on le voit, d’être l’objet de toutes les spéculations.

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