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22 novembre 2024

L’Edito du Psy-Nicolas Sarkozy « face à la crise » : questions à Paris, réponses à Munich ?

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jpg_bobine2008-35.jpgIl fallait rassurer les français et Nicolas Sarkozy l’a fait. Quelles que puissent être les réactions a posteriori -deux sondages contradictoires divisent globalement les Français entre opinions positives et négatives- force est néanmoins de constater que les 15 millions de téléspectateurs qui ont suivi cette émission témoignent aussi bien de leur vive inquiétude que du fait de placer leurs espoirs dans la politique du chef de l’Etat. Un nombre moins important d’auditeurs eût signifié un net désaveu, à l’image des sociologues qui tiennent le respect du paiement de l’impôt ou la participation électorale pour deux curseurs fondamentaux de l’attachement d’une population à son système politique. Un autre but a été atteint : en invitant les partenaires sociaux à une réunion le 18 février prochain, Nicolas Sarkozy vise à les réintégrer dans le jeu institutionnel. Un répit provisoire pour l’agenda présidentiel.

Mais le Président de la république et les journalistes présents, notamment Alain Duhamel dont on attendait mieux dans ce domaine, ont étonnamment passé sous silence la dimension européenne et internationale de la crise. L’on sait pourtant que l’issue de celle-ci ne sera pas nationale mais mondiale. Signe des temps, le sommet de Davos qui réunissait il y a peu économistes et banquiers a été boudé par les dirigeants politiques. Il n’en est d’ailleurs pas sorti grand-chose. A l’inverse, les grands de ce monde ont pratiquement tous fait le déplacement à la 45ème édition de la « Wehrkunde », une conférence sur les questions de sécurité internationale qui se déroule chaque année depuis 1962 à Munich. Pour y tenir un seul et même discours : celui d’une volonté de coopération entre les Etats. Nicolas Sarkozy semble y avoir trouvé un espace d’actions et de propositions qui lui fait désormais défaut dans l’hexagone en raison de la crise. C’est en effet dans l’enceinte du « Bayersicher Hof » qu’a été par exemple dévoilée l’initiative commune franco-allemande destinée à relancer une concertation économique et financière plus étroite : la tenue probable d’un Conseil européen extraordinaire consacré à la crise. Subtil compromis entre le souhait présidentiel français d’un activisme renforcé de l’Eurogroupe et l’intangibilité de l’indépendance de la Banque Centrale Européenne défendue par Angela Merkel. Le chef de l’Etat y a, par surcroît, confirmé la réintégration prochaine de la France dans les structures militaires de l’Otan, quitte à faire siéger Paris sur un strapontin au Groupe de Planification Nucléaire afin de conserver à la dissuasion nationale sa pleine et entière indépendance. Le tandem franco-allemand a également annoncé l’installation -aux retombées pas seulement symboliques- d’une partie du contingent de la Brigade franco-allemande près de Strasbourg. Autant de mesures qui ne seront peut-être pas à même de fournir immédiatement du travail aux employés récemment licenciés mais qui dessinent indubitablement une nouvelle approche nettement plus solidaire entre responsables politiques de la planète dont aucun pays n’est épargné par les effets de la crise financière. Ce « Munich » là pourrait bien s’inscrire -heureusement- dans l’histoire.

Reste la question de la coopération avec la Russie. Entre Joe Biden, le vice-Président américain venu apporter un message d’ouverture du Président Obama en appelant à « redéfinir les relations avec la Russie », la Chancelière allemande favorable à un « authentique partenariat avec Moscou » et le Président français qui « ne croit pas à la menace militaire russe », chacun y est allé de son couplet. Mais les derniers actes du Kremlin rendent perplexes : fermeture, sous la pression de Moscou et en contrepartie d’un crédit de deux milliards de dollars aux dirigeants du Kirghizistan, de la base de Manas, essentielle pour l’acheminement des vivres et du matériel aux troupes américaines -et françaises- engagées en Afghanistan, annonce de l’installation de bases militaires russes dans les deux républiques séparatistes d’Ossétie du sud et d’Abkhazie que la Communauté internationale ne veut pas reconnaître après la guerre d’août 2008 -une « violation flagrante du principe de la souveraineté et de l’intégrité territoriale de la Géorgie » selon l’Union européenne-, soutien explicite à l’Iran, tentative réussie de Gazprom de mettre la main sur tout le transit du gaz à travers le Kazakhstan afin de vider de son contenu, au sens propre comme au figuré, le projet de gazoduc Nabucco relancé par les Européens. Sans parler de la question des droits de l’homme dont les graves manquements viennent d’être dénoncés sans détour par Manuel Barroso, le Président de la Commission européenne, lors de ses récents entretiens avec Dmitri Medvedev et Vladimir Poutine. Si elle participe effectivement de la solution à la crise, la coopération internationale avec la Russie s’apparente pour le moment à un « Wishful thinking ».

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