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22 novembre 2024

L’Edito du Psy – Pékin 2008 : la « Flamme »… sans étincelle ?

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jpg_bobine2008-5.jpgLa flamme olympique passe ce lundi par Paris. Une occasion rêvée pour les sportifs comme pour les hommes politiques de faire parler d’eux… ou de rester silencieux. Question de courage.

Quelques heures avant cet événement, dans un souffle plutôt rafraîchissant qui n’aura duré qu’un court instant, la Secrétaire d’Etat aux Droits de l’homme avait évoqué, selon Le Monde, « trois conditions » pour la participation du Président de la République à l’ouverture des Jeux le 8 août prochain. Avant d’être singulièrement démentie par son Ministre de tutelle. Une prise de position pourtant logique à la suite de la lourde condamnation à la prison du cyberdissident Hu Jia par des responsables chinois qui n’ont pas tenu compte – ou trop ? – des interventions réitérées de la France en sa faveur. « Une véritable déception », reconnaissait Rama Yade. Surtout, un échec cinglant de la stratégie élyséenne qui consiste à « évaluer la situation pour prendre une décision le moment venu »: le caractère purement incitatif et modéré de la formulation n’a, semble-t-il, pas eu l’heur de plaire à Pékin qui a purement et simplement mis cette voix soutenue par la France, si l’on ose dire, sous l’éteignoir. Le Président de l’Assemblée nationale, Bernard Accoyer, a refusé de laisser déployer le drapeau tibétain sur le fronton du Palais-Bourbon lors du passage de la flamme tandis qu’en Commission des Affaires étrangères du 25 mars, le Ministre Bernard Kouchner n’aurait trouvé meilleur argument de soutien à la Chine que celui de l’archaïsme du droit des femmes au Tibet ! Ce que confirme l’intervention du Député des Alpes-Maritimes Lionel Lucca dans sa réponse à l’audition du Ministre : « les femmes siègent parmi les députés tibétains en exil et la première vice-présidente de l’Assemblée tibétaine est justement une femme ». « La critique théocratique est donc infondée et ne relève que de la propagande chinoise », a-t-il répliqué au chef du Quai d’Orsay.

Les sportifs français peinent également à relayer le message de la liberté. Mobilisés à l’initiative du perchiste Romain Mesnil, les espoirs tricolores négocient laborieusement le port d’un badge susceptible d’être distribué à l’ensemble des délégations. Malgré la prise de conscience des athlètes, pourtant perceptible dans les milieux de la compétition, leurs ambitions ont dû être revues à la baisse à la demande du CIO : d’âpres discussions entravent l’adoption d’un accord pour porter cet insigne distinctif. Pékin, qui plus est, devra donner son autorisation pour que celui-ci puisse être arboré lors de la cérémonie d’ouverture.

Réunis enfin le 28 mars dernier, les Ministres européens des Affaires étrangères ont étalé leur division sur le sujet : emmenés par la Pologne, les pays en faveur du boycott de la cérémonie d’ouverture se sont heurtés aux strictes réserves allemandes et aux gigantesques intérêts financiers du « mécénat » sportif outre-Rhin.

On objectera que l’article 51-3 de la Charte olympique ne tolère « aucune sorte de démonstration ou de propagande politique, religieuse ou raciale […] dans un lieu, site ou autre emplacement olympique ». Mais offrir les JO de 2008 à la Chine comme ceux de l’hiver 2014 à la Russie dans l’espoir de ramener ces deux nations à de meilleures dispositions sur les Droits de l’homme ne constitue-t-il pas en soi un cadeau politique ? Pékin ne s’y est pas trompé lorsqu’en juillet 2001, à l’annonce du succès de sa candidature, les autorités ont immédiatement fait déployer, selon un universitaire présent sur les lieux et interrogé par « Courrier International », des policiers anti-émeutes sur la place centrale de Lhassa.

Une flamme protégée, selon le Préfet de police à Paris, comme un « chef d’Etat » par plusieurs milliers de policiers pendant les 27 Km de son parcours parisien. Et un dispositif national élaboré sous le « contrôle » d’une Délégation d’une douzaine de membres de l’Ambassade de Chine à Paris et du Comité olympique chinois. Rien de politique en effet. En dépit des 63% de Français favorables à une action le 8 août prochain, la France, à défaut d’être « plus tibétaine que les Tibétains », serait-elle devenue plus chinoise que les Chinois ?

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