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22 novembre 2024

L’Edito du Psy – « Petit Obama » deviendra grand…

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Alors que Nadine Morano et Fadela Amara rendaient visite vendredi dernier aux habitants du quartier des Minguettes à Lyon, la première regarde un enfant de couleur dans son berceau et lance devant la caméra avec enthousiasme : « Obama petit » !

jpg_obama-estrosi.jpgDepuis l’élection du nouveau président des Etats-Unis, un vent d’Amérique souffle puissamment sur la société française, déjà sous l’empire d’une réelle « Obamania » pendant la campagne électorale. Notre pays donne toutefois l’étrange sentiment de chercher davantage à s’emparer du symbole plutôt qu’à comprendre le phénomène Barack Obama – un raptus en lieu et place d’une authentique réflexion – afin de compenser ses propres défaillances, voire d’exorciser ses peurs. Une société dont l’essayiste Régis Debray avait déjà, en pleine commémoration hautement sacralisée du bicentenaire de la Révolution française, magnifiquement dévoilé toutes les inégalités et tous les travers dans un livre au titre prophétique : « Que vive la République ! ». Vingt ans et une certaine élection américaine plus tard, l’initiative prise ce week-end d’un manifeste « Pour l’égalité réelle, oui nous pouvons » contresigné par des responsables politiques de droite comme de gauche et soutenu par l’épouse du Président de la République, est certainement la bienvenue. Elle ne saurait malheureusement écarter pensées dubitatives et réflexions désabusées. « Il faut aider les élites à changer », explique la première dame de France dans un long entretien accordé au Journal du Dimanche, arguant d’une explication psychologique certainement adéquate sur la peur de l’autre afin d’éclairer, en toile de fond, l’ensemble des blocages.

Il y a en effet fort à faire. Encore convient-il de ne pas se tromper de cible, encore moins de méthode. S’il représente une tentative de remède immédiat et à forte dimension politique, le forçage imposé par des solutions purement mécanistes – de la discrimination positive à la mise en place de quotas et autres régulations paritaires légales – peine en général à modifier en profondeur les mentalités dont seul le système éducatif est capable de venir à bout. L’Administration américaine a d’ailleurs abandonné cette voie il y a fort longtemps.

Ce ne sont pas seulement contre les « minorités visibles », ainsi que les appelle à juste titre la Secrétaire d’Etat à la ville, que les résistances se manifestent le plus mais contre la société elle-même. Etrangement, l’hexagone regorge en effet de ces dichotomies dont il semble conserver jalousement l’éternel secret de fabrication. Oppositions doublées d’une philosophie déjà regrettée par Chateaubriand au début du XIXème siècle et visant à empêcher l’autre de réussir. Paris contre province, rive gauche contre rive droite, syndicat contre patronat, département contre région – on pourrait aisément descendre à l’échelon individuel -, la liste interminable des exemples, parfois dignes de Clochemerle, indique que le modèle national semble s’être construit davantage sur la mise en valeur du rapport de forces que sur la recherche de la coopération. Avec en prime, si l’on ose dire, un « Etat » auquel feraient parfois défaut les attributs affectifs ou émotionnels d’une « Nation ». Bien loin en tout cas de cet esprit rassembleur, de conquête et d’entreprise caractéristiques de l’autre rive de l’Atlantique. Pour le dire plus directement, si Barack Obama est aujourd’hui président des Etats-Unis, c’est parce qu’il s’est senti et a voulu être américain. Au point de vouloir changer l’Amérique elle-même. Au-delà des symboles, parfois sans substance réelle et qui finissent par devenir de purs artefacts, comment concevoir dans l’hexagone ce vaste mouvement d’attraction, d’identification et de reconnaissance à la France? Un défi de taille pour les générations du futur. D’où qu’elles viennent et où qu’elles aillent.

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