Contrairement à beaucoup d’autres sujets de la campagne, lorsqu’ils sont effectivement abordés par les présidentiables, celui-ci doit certainement intéresser « nos chers compatriotes ». Et du sexe à la politique, il n’y a souvent qu’un petit pas…que cet édito franchira allègrement.
Avec un peu plus d’un électeur sur deux qui sera une femme, il convient de prendre connaissance de ce rapport. Ce sont justement les femmes qui de trois manières se distinguent dans cette étude d’envergure nationale : elles rattrapent les hommes pour l’âge de leur premier rapport sexuel ; elles font de moins en moins leur vie avec leur premier amour et elles ont de plus en plus de partenaires différents. Lorsque ce rapport évoque la « diversification des trajectoires sexuelles et conjugales », des esprits mal tournés pourraient y déceler une connotation politique : Avec 60 % des Français qui ne semblent plus, selon des sondages récents, faire confiance à la gauche et à la droite, la « trajectoire individualisée » et « diversifiée » serait à même d’étayer l’hypothèse de l’Inserm. Les responsables de la nation comme ceux qui aspirent à le devenir pourront s’inquiéter d’un autre phénomène éventuellement transposable de la sexualité au politique : une augmentation du nombre des partenaires sexuels des femmes liée à l’accroissement de leur autonomie sociale. Quant à l’abstinence sexuelle, rimerait–elle avec abstentionnisme ? Chiffres à l’appui, l’enquête relève une augmentation sensible de l’activité sexuelle chez les femmes de plus de cinquante ans. Voici donc une frange de l’électorat plus « volatile » qu’il n’y paraît.
Les pratiques sexuelles évoluent progressivement. Seule la « pénétration anale » demeure selon le rapport toujours minoritaire : en clair les électeurs et les électrices ne veulent pas se faire…avoir ! On passera sur les sites de rencontres par Internet qui rappellent les candidats virtuels : ceux-là mêmes, disait un jour Jean-Pierre Chevènement, « qui sont tellement rapides qu’on a même du mal à les observer ». Les plus conservateurs de nos hommes politiques seront toutefois rassurés : les divergences entre les représentations de la sexualité au féminin et au masculin demeurent. La sexualité féminine ne serait « toujours pensable qu’en référence à l’affectivité et à la conjugalité ». Un de mes collègues libanais affirmait dans une étude nommée « nouvelles révélations sur la sexualité féminine » que contrairement à l’homme pour lequel l’acte sexuel s’inscrivait dans le cadre d’une performance sportive, la femme, même après l’amour, éprouvait une sorte « d’attente anxieuse ». Gageons que le lendemain du second tour, cette attente se trouvera comblée !