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22 novembre 2024

L’Edito du Psy: Symboles et Histoire

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bobine-34.jpgTrois continents différents. Trois monuments en souvenirs de victimes. Trois mêmes gestes symboliques forts pour tenter d’apaiser les esprits. La semaine passée, trois chefs d’Etat ou de Gouvernement en exercice ont répété dans le monde, cette cérémonie identique qui consiste à se recueillir en pensées sur un moment sensible de leur histoire, à déposer une gerbe de fleurs pour honorer des victimes tout en s’efforçant d’apaiser d’éventuelles controverses.

Au Japon, le premier Ministre nippon fait déposer une offrande, un arbuste sacré dans le culte Shinto, au célèbre sanctuaire Yasukuni où sont honorés les morts pour la patrie. En évitant de se rendre en personne sur place, Shinzo Abe calme ainsi l’irritation de ses plus proches voisins, la Chine et la Corée, qui voyaient dans les visites réitérées de son prédécesseur à ce mémorial, une glorification du passé impérial du Japon. En Estonie, un autre premier Ministre, Andrus Ansip, vient lui-même apporter des fleurs au pied d’une statue commémorant la « libération » de l’Estonie par l’Armée rouge en 1945. Souhaité par la majorité de la population estonienne qui la considère comme la marque sombre de l’occupation soviétique pendant plus d’un demi-siècle, le déplacement de ce monument le 27 avril dernier du centre-ville vers la périphérie, avait provoqué la colère d’une partie de la minorité russophone du pays manipulée par Moscou. Au point de déclencher une crise entre les deux Etats. Même s’il ne semble pas guidé par la « peur du boycottage russe » selon les autorités estoniennes, ce geste de « reconnaissance » envers le Kremlin aura toutefois permis de faire lever le blocus de leur ambassade dans la capitale russe, organisé par des mouvements de jeunes favorables au Président Poutine.

A Paris enfin, deux chefs d’Etat, un sortant et un entrant, accomplissent ensemble une démarche visant à rendre témoignage aux milliers de victimes de l’esclavage en dévoilant une statue qui consacre le principe de son abolition. Démarche d’autant plus symbolique pour le nouveau Président français qui entend ainsi montrer, en dépit de son opposition à la repentance systématique, une préhension renouvelée et responsable de l’histoire. A l’image du Premier ministre japonais ou de son homologue estonien, Nicolas Sarkozy effectue ainsi son premier geste d’homme d’Etat au regard d’un événement douloureux impliquant le pays : ne pas sombrer dans le simplisme imbécile du déni ou la culpabilité aussi excessive que mortifère mais écarter également toute lecture idéologique importée susceptible d’atrophier l’esprit des générations futures. L’histoire comme on le croit trop souvent ne se résume pas au passé d’une nation. Elle forge aussi immanquablement son avenir.

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