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17 novembre 2024

L’élection Présidentielle vue d’Allemagne par un niçois

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presidentielles-allemagne.jpg Nice Premium : Philippe, comment la Présidentielle française est-elle perçue en Allemagne ?

Philippe Raimondi : En parlant avec mes amis, en lisant la Presse et suivant les journaux télévisés, on se rend compte qu’il y a un intérêt du moins une curiosité pour ce voisin qui ressemble tellement à Astérix et Bocuse.

Les Allemands observent, sentent qu’il se passe quelque chose d’important en France, que la mobilisation des électeurs est plus forte. Ils suivent le fait qu’en France personne ne veut encore d’un 21 Avril, mais bien d’un deuxième tour où un vrai débat pourrait cette fois-ci avoir lieu. Mais rien n’est moins sûr. Ce qui est aussi étranger aux électeurs allemands, c’est le principe qui consiste à voter pour son candidat favori au premier tour puis à se décider pour le « moindre mal » au second tour.

Mais comme dit le journal « Die Welt » (Le Monde), les Allemands sentent la fin d’une génération et attendent. Ils veulent enfin savoir avec qui ils vont avoir à travailler. Je cite Die Welt : « on a l’impression que les Français, après 25 ans de Mitterrand et Chirac, aspirent au changement. Ca a favorisé la nomination de Ségolène Royal comme candidate du PS. Nicolas Sarkozy rejoint aussi cette catégorie lorsqu’il critique la « pensée unique » et promet de changer la politique » Sinon bizarrement la presse populaire, notamment le très lu Tabloid « Bild Zeitung » parle encore peu de la campagne. On s’inquiète aussi d’une éventuelle nouvelle poussée des extrêmes : ici extrême droite et extrême gauche sont malgré les a priori français encore assez faibles et mal vus

NP : Quel est le candidat qui émerge dans la presse germanique ?

PR : Aucun vraiment. Les Allemands ont la présidence de l’Europe jusqu’à Juin 2007 et attendent avec impatience le résultat du 06 Mai pour essayer de faire avancer l’Europe bloquée.

Mme Merkel a reçu Nicolas Sarkozy et Mme Royal sans se montrer avec eux devant la presse et en se voulant le plus neutre possible. Prudemment, on ne veut froisser personne et ne pas s’ingérer. Evidemment on parle surtout de Nicolas Sarkozy compétent mais qui reste pour les Allemands un défenseur trop engagé et ardu d’Alstom face à Siemens, quand ce géant allemand voulait racheter le nôtre à la dérive. Ségolène Royal est aussi assez présente : elle a séduit au début parce qu’il s’agit d’une femme et que l’Allemagne est dirigée par une femme en ce moment. Il y a donc eu des comparaisons de faites.

Et puis il y a eu Bayrou ces derniers temps, la nouveauté des sondages qui prend souvent en exemple l’Allemagne et sa grande coalition : ceci amuse d’ailleurs les allemands, qui eux n’y croient plus guère après un an et demi d’expérience. Hier soir encore au journal de ZDF (la chaîne publique nationale), un reportage critiquait ce gouvernement qui depuis des mois ne décide plus rien. Une réunion au sommet n’a hier rien donné alors que des reformes restent nécessaires : Baisse d impôts après la hausse de 3% de la TVA, financement du système de santé, des retraites. Le FAZ (Frankfurter Allgemein Zeitung) écrivait dernièrement, je cite: « La grande coalition préconisée par Bayrou est une garantie d’immobilisme »

presidentielles2007-3.jpg NP : Comment les Français d’Allemagne vivent ce prochain scrutin ?

PR : Les français d’Allemagne sont plus motivés qu’en 2002 et on attend beaucoup moins d’abstentions (63% et 55% au 2eme en 2002). Les Français de l’Allemagne sont subitement courtisés par les candidats à l’élection présidentielle : Ségolène Royal et l’ancien ministre des Affaires étrangères, Michel Barnier ont même fait le déplacement jusqu’à Berlin.

Il faut dire qu’à la veille de cette élection présidentielle, les listes consulaires enregistrent un record d’inscrits. Si en France, on a enregistré une hausse de 7,5 % des inscriptions sur les listes électorales par rapport à la précédente présidentielle, les chiffres concernant les Français d’Allemagne explosent avec une hausse de… 85,5 % ! De plus en plus nombreux, les exilés français, soucieux de l’image renvoyée en Allemagne par leur pays d’origine, s’impliquent de plus en plus dans la vie politique française: sympathisants, curieux et indécis… Aujourd’hui, la mobilisation est plus importante.

Le PS compte de nombreux militants sur l’Allemagne et cinq sections, Berlin, Francfort, Düsseldorf, Munich, selon Mme Meixner la présidente de la section PS de Berlin. Avec la vague d’adhésions au parti à 20 euros, la section de Berlin s’est rajeunie et avec elle, le lancement d’une plus grande action sur le terrain. Rajeunissement également dans les rangs de l’UMP qui compte 364 militants établis en Allemagne et des sections à Berlin, Francfort, Cologne, Düsseldorf et Fribourg, d’après Paul Clave.

NP : Vous-même, allez-vous voter et comment le ferez-vous ?

PR : Oui, je le ferai à … Nice et ce par procuration. Je n’ai jamais renoncé à voter !! et à Nice que j’aime, où j’ai un appartement et qui reste le champ de mon activité professionnelle. Il reste difficile de voter en Allemagne mais de grands pas ont été faits cette année. Cependant certains doivent faire 200 Km pour se rendre au bureau de vote le plus proche (consulats, ambassade….), mais ils peuvent faire une procuration. Il y aura sur les 46.500 inscrits en Allemagne beaucoup de votants cette année, j’en prends le pari.

NP : Quel est selon-vous le candidat qui se rapproche le plus de la politique allemande ?

PR : Aucun ! Ce n’est pas comparable et difficile à juger avant les premières rencontres entre chefs d’états.

Le SPD (parti socialiste allemand) est beaucoup plus au centre que le PS français, plutôt proche de Bayrou. Le PS c’est plutôt le parti PDS allemand, ex-communistes de RDA mais moins extrémistes. Enfin le CDU (droite centre) est plus proche de Sarkozy. Mais aucun ne se rapproche de la politique allemande : ici les syndicats sont plus forts mais font beaucoup moins de grève, on veut moins d’interventionnisme de l’Etat, mais possèdent des régions plus fortes politiquement.

Le Passé a montré que ce sont souvent les rapports humains, plus que les couleurs politiques qui nous rapprochaient de l’Allemagne : Giscard (UDF) et Schmidt (SPD), Mitterrand (PS) et Kohl (CDU), Schroeder (SPD) et Chirac (UMP) Quant à Villiers, Le Pen, Besancenot et Bové, ils sont uniques et incomparables avec des politiques allemands. Sans parler des autres exotes, impensables dans un pays où 5 grands partis se partagent les suffrages, pas plus.

NP : Enfin, d’après-vous, qui seront les deux candidats en lice au second tour ?

PR : Je dis seulement méfions nous des sondages, seul le bulletin de vote compte. Je ne ferai donc pas de pronostic car un premier tour n’est jamais joué. Je préfère donner la parole aux journalistes allemands par cette courte revue de presse:

Le süddeutsche Zeitung : « Pour moi, il n’y a aucun doute sur la présence de Nicolas Sarkozy au second tour. … Le nom de son concurrent dépend en grande partie de la frivolité de certains électeurs qui choisissent des candidats qui ne se présentent que pour battre pavillon. Si les Français votent en aussi grand nombre que la dernière fois pour les partis à gauche du PS, la percée de la candidate socialiste sera compromise, voire empêchée.

Pour finir Die Welt, qui envisage possible la qualification de M. Bayrou au second tour mais pose la question suivante : « Se poserait alors la question de savoir avec qui il voudrait gouverner. Il ne devrait pas avoir la majorité aux législatives de juin et de ce fait, ne pourrait pas non plus réformer le principe de vote à la majorité. Créer un nouveau parti ? Dissoudre l’Assemblée ? Passionnant d’un point de vue journalistique ! Mais peu souhaitable pour le pays – et pour l’Allemagne qui a besoin d’une France politiquement stable pour remettre l’Europe à flot. »

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