Alors que l’actualité migratoire continue de déchainer les politiques, l’OCDE a publié un rapport intitulé « Mieux intégrer les migrants les plus vulnérables », afin de tirer les leçons des défis nés de l’afflux de réfugiés auquel a été confrontée l’Europe
Alors que l’actualité migratoire continue de déchainer les politiques, l’OCDE a publié un rapport intitulé « Mieux intégrer les migrants les plus vulnérables », afin de tirer les leçons des défis nés de l’afflux de réfugiés auquel a été confrontée l’Europe
Une « crise » imaginaire
L’immigration est un phénomène mondial. Chaque année, environ 5 millions de nouveaux immigrés arrivent dans les pays de l’OCDE.
Entre 2014 et 2017, les demandeurs d’asile ont représenté 0,5 % de la population française. Ces deux dernières années, l’hexagone a enregistré 100 000 demandes d’asile, dont seulement 35 % ont été acceptées.
En 2018, l’UE a connu 139 000 arrivées sur son territoire dont 65 000 en Espagne (arrivées aussi du Venezuela et de la Colombie), et 23 000 en Italie. « Ce n’est donc plus une affaire italienne », affirme Christophe Dumont, chef de la division des Migrations internationales à l’OCDE. « À elle seule, l’Espagne a reçu autant de migrants par la route de la Méditerranée que la Grèce et l’Italie réunies. »
Des chiffres qui doivent être mis en perspective. Ces 16 derniers mois, la Colombie a enregistré à elle seule plus d’un million de réfugiés vénézuéliens, dont plus de 800 000 ont déjà été régularisés.
Mais l’afflux de migrants en Europe, qu’on ne peut plus qualifier de crise, a ouvert un boulevard dans lequel les partis populistes se sont engouffrés.
Marine Le Pen en France, Matteo Salvini en Italie, Viktor Orbán en Hongrie, Theo Francken en Belgique, tous ont choisi de diaboliser l’immigration à des fins électorales alors que, depuis 2015, les économistes s’accordent à dire que les flux migratoires sont positifs pour l’économie.
Malgré les coûts que peuvent représenter leur arrivée à court terme, les réfugiés ont un impact neutre ou positif sur l’économie. « La main d’œuvre supplémentaire que représente les réfugiés est dans certains cas perçu comme un moyen de réduire la pénurie de travailleurs dans le contexte d’une main d’œuvre européenne vieillissante », assure l’OCDE.
L’immigration, le bouc émissaire
L’afflux récent de réfugiés a néanmoins eu lieu alors que de nombreux pays européens se relevaient d’une profonde crise économique et faisaient face à des taux de chômage encore très élevés. Dans ce contexte, la perception du public n’a pas toujours été positive, certains craignant des effets néfastes sur les salaires ou l’emploi, notamment chez les travailleurs peu qualifiés.
« Il ne faut pas oublier qu’on sort d’une crise économique majeure, et que l’on cherche des exutoires pour la situation dans laquelle on se trouve. L’immigration en est un. Mais les facteurs de malaise sont plus généralisés que ceux attribués à l’immigration », explique Christophe Dumont.
Dans son rapport Mieux intégrer les migrants les plus vulnérables, l’OCDE montre qu’en Italie, le taux d’emploi des faiblement qualifiés est plus élevé chez les immigrés que chez les locaux. « On met le doigt sur quelque chose de sensible qui peut créer des tensions mais en réalité ce n’est pas l’immigration le problème, car les Italiens recherchent de meilleurs emplois que les immigrés. C’est le marché du travail qui ne marche pas bien », poursuit l’expert.
Les immigrés peu qualifiés ont un taux d’emploi plus élevé que les travailleurs nés en Italie. En France, le taux d’emploi des immigrés est moins élevé dans les deux cas : tant chez les immigrés peu qualifiés (moins 5 points de pourcentage) que chez les immigrés hautement qualifiés (moins 12 points de pourcentage).