« Personnellement, je trouve que le patriotisme exacerbé et le nationalisme à outrance ont déjà fait assez de dégâts comme ça ». Ludovic Rinatti, 22ans, n’y va pas par quatre chemins. La question de l’identité nationale, le niçois la trouve incongrue. « Le fait de mettre un drapeau français au dessus de mon lit ne va pas me donner un emploi ! » explique le jeune étudiant en odontologie, avant de s’insurger contre « la récupération politique de cette question par certains partis ». Particulièrement visés par ce débat : les jeunes. Ils représentent environ 15% du corps électoral et, de ce fait, ils peuvent faire basculer le résultat de l’élection dans un sens ou dans un autre.
Leurs avis sur la question sont plutôt contrastés. Ainsi, pour Mathieu Lagarde, 25 ans et responsable informatique : « il faut que les Français aiment leur pays sans verser dans l’excès ». Le jeune homme poursuit : « je n’ai pas honte d’être Français, au contraire. Je pense qu’il faut arrêter avec cette repentance permanente autour de notre passé. La France a fait de grandes et belles choses et je trouve que l’on n’en parle pas assez ». Il conclu : « Je suis favorable à ce que les enfants chante la Marseillaise le matin, en arrivant à l’école ».
L’apprentissage de la Marseillaise déjà obligatoire dans les établissements scolaires niçois
Pauline, 20 ans, s’indigne des propos de son ami. Pour la future infirmière : « les politiques, à force de trop jouer sur la fibre nationale, vont finir par se bruler les ailes ». Quant à apprendre la Marseillaise à l’école, « c’est hors de question. Franchement, je ne vois pas en quoi connaitre un chant dans lequel on entend « qu’un sang impur abreuve nos sillons » enseignerai les valeurs de la République ! », s’exclame-t-elle, révoltée.
Comme on peut le voir, les avis sont assez tranchés. Mais à en croire les derniers sondages, la majorité des Français auraient une opinion identique à celle de Mathieu. Car si quelques uns voudraient que les paroles de la Marseillaise soient modifiées, ils sont 72% de nos compatriotes à penser l’inverse. Elle demeure un symbole fort de notre nation et, n’en déplaise à Pauline, son apprentissage dans le milieu scolaire a été rendu obligatoire par la loi du 23 avril 2005.
Ce texte impose effectivement d’« offrir aux élèves un enseignement d’éducation civique qui comporte l’apprentissage de l’hymne national et de son histoire ». Depuis la rentrée 2005-2006, les élèves niçois de la grande section maternelle jusqu’au CE1 doivent donc apprendre les grands symboles de la France ainsi que leurs significations. Cette mesure s’est vue complétée par l’obligation pour les enfants du CE2 au CM2 d’en connaitre les paroles. Au moins le premier couplet et le refrain. Les inspecteurs de l’éducation nationale vérifiant, a postériori, la bonne diffusion de ces connaissances.
Un responsable syndical des Alpes-Maritimes, qui a voulu garder l’anonymat, détaille cette mesure : « Il s’agit avant tout de faire passer un message aux enfants. Les valeurs de la République sont plus importantes que l’hymne lui-même ». Le syndicaliste précise que « cet apprentissage permet d’expliquer les paroles de la Marseillaise, parfois violentes, aux petits. L’objectif n’est absolument pas d’en faire des fanatiques du drapeau ».
Le débat actuel sur le patriotisme ne laisse personne indifférent et les avis divergent fortement. Il faut dire que le sujet touche l’ensemble de la population et passionne les foules. Rien d’exceptionnel à cela. L’identité nationale est, en effet, toujours devenue un enjeu majeur en période de crise. Elle est le dernier rempart auquel s’accrocher lorsque l’avenir fait peur, faute d’un réel projet pour redresser le pays. Reste une inconnue et de taille. Lequel des postulants à l’Elysée aura été jugé par l’opinion publique comme étant le plus convaincant sur ce thème là. Le résultat final de l’élection dépend pour beaucoup de la réponse à cette question.