Par la grâce populaire, trois seigneurs sont pressentis pour régner sur la première circonscription niçoise. Ciotti, Rivière et Allemand, les administrés n’ont que ces trois noms là à la bouche. Les autres prétendants n’auront que les yeux pour pleurer à en croire les habitants. Une après-midi passée sur les terres du député sortant, Jérôme Rivière, laisse un goût amer. Du vieux port à Masséna, de la promenade des Anglais à St Roch en passant par le Vieux Nice, la désillusion domine. Un témoignage résume les autres. En 79 ans, Solange en a vu des combats politiques entre de grands hommes. Mais « il y a longtemps qu’elle ne croit plus aux promesses » et cette élection sera « comme toutes les autres ». Elle vote en fonction des idéologies « qu’elle attribue aux partis » et ne se base pas sur les programmes. Préférant la vie paisible que lui offre sa retraite, loin du tumulte des élections, elle « plaint » les prochaines générations.
Tumultueuses, le qualificatif est juste pour ces élections. A première vue, les candidats nagent dans des hauts paisibles. Chacun y va de sa grande idée. Pour Jérôme Rivière il s’agit par son élection de permettre au Président de la République de mener à bien sa politique, lui qui se veut « fort de cinq années de travail dans la circonscription » . Pour Éric Ciotti, le discours est semblable, mis à part le fait qu’il a lui reçu l’investiture UMP. Il compte sur ses origines niçoises pour être élu et faire taire les mauvaises langues qui l’accusent d’être parachuté. Enfin, Patrick Allemand se veut le rempart contre les dérives de la politique de Sarkozy, en mettant en place une opposition attachée aux valeurs sociales.
Et rassurez-vous, tout les trois ont compris votre désillusion et tout les trois veulent faire de la politique « autrement ».
En trois heures et demi, entre 16h00 et 19h30, ces intentions sont démontées par les candidats eux-mêmes. Les trois retombent dans les travers de la politique politicienne. Le premier, hasard des interviewes, est Jérôme Rivière, il est aussi le plus doux. « Il y en a qui parlent cinq semaines, moi j’ai travaillé pendant cinq ans » tel est l’ultime message qu’il adresse aux électeurs, lançant au passage la première pique qui allait mettre les feux aux poudres. En réponse, Éric Ciotti, l’accuse d’ « avoir mené une politique de caniveau ». L’ultime attaque est lancée par le candidat socialiste qui tire à boulets rouges sur le candidat UMP : « il a beau jeu de dénoncer Jérôme Rivière, c’est le seul moyen qu’il a de rallier la droite ». Comme le dit l’expression populaire, chassez le naturel, il revient au galop…
Tant de belles paroles ne devraient pas laisser de marbre, et pourtant. « Je n’ai pas suivi la campagne » confie Christelle, sa boulangerie n’est qu’à quelques mètres de la permanence de Patrick Allemand. « Je ne sais même pas qui se présente » s’exclame Julien, un étudiant de 20 ans, devant la permanence d’Éric Ciotti. Enfin, Antoine, un artisan qui réside dans le quartier depuis 20 ans, est « incapable de dire ce que Jérôme Rivière a fait » pour la première circonscription. La manière de faire de la politique doit changer avant les élections et non une fois élu. Sinon, comme l’a dit Solange : « toutes les élections vont se ressembler » et ne seront jamais de belles histoires.