Le Cachemire ne s’en relèvera pas. Région oubliée. Région
disputée depuis 1947 entre l’Inde et le Pakistan. Le séisme qui l’a frappé samedi permet de la mettre en lumière et d’expliquer pourquoi il a peut-être fallu attendre cette tragédie pour amener la paix dans le sous-continent Indien.
« C’est toute une génération qui a été perdue dans les zones les plus affectées. La majorité des victimes sont des écoliers », a expliqué le général Shaukat Sultan.
Au moins 40 000 morts. Des villes détruites comme Muzaffarabad, Rawalakot, pour ne citer que les plus importantes. Les mots ne suffisent plus. Cruelle fatalité. Si cruelle. Trop cruelle. La planète semble punir ses habitants mais elle a choisi de frapper les plus démunis d’entre nous : le séisme de Bam (sud-est de l’Iran), 26 décembre 2003 (26 000 morts), le tsunami en décembre dernier (180 000 morts), et tout récemment les cyclones Katrina, Rita et Stan.
40 000 victimes du séisme. Mais aussi 40 000 victimes de la guerre au Cachemire. Pourquoi une guerre ? Comme souvent : un découpage arbitraire en 1947. Le maharajah du Cachemire décide d’unir sa principauté à l’Inde pour que les autorités indiennes l’aident à lutter contre des forces armées pakistanaises. Le Pakistan occupait alors 70 000 Km² du Cachemire soit les deux tiers de cette région qu’il détient encore aujourd’hui.
Depuis cette date, les tensions n’ont jamais cessé. C’est un foyer à incendie du globe, éternellement ravivé par des chefs d’état avides de toute puissance. Course à l’armement. Les deux pays possèdent en effet l’arme nucléaire. Déploiement de force militaire à la frontière des deux pays. Et refus total de l’Inde et du Pakistan de rendre le Cachemire autonome.
1989 : regain de tensions. 1989 c’est l’année où les Afghans triomphent des soviétiques. Cette victoire sur une hyper puissance donne l’espoir à des guérilleros (de jeunes musulmans cachemiris). Soutenus logistiquement et financièrement par Islamabad (capitale du Pakistan), ils s’entraînent dans des camps Pakistanais.
Leur objectif : aider les musulmans de la partie indienne du Cachemire, bâillonnés politiquement et victimes d’élections truquées. Pourtant majoritaires, ils ne parviennent pas à se faire entendre, se sentent opprimés et oppressés par New Delhi. C’est le début d’une guerre civile et religieuse. Les attentats se multiplient en Inde. Les Indiens bouclent la frontière avec le Pakistan et déploient 200 000 soldats. Le Pakistan aussi. Et régulièrement des accrochages ont lieu.
Depuis 2001, le Pakistan et son président Pervez Moucharraf se sont alliés aux Etats-Unis pour combattre les Talibans. La diplomatie américaine a incité Moucharraf à tout mettre en œuvre pour apaiser les tensions avec l’Inde. Les médias, suivant les faits et gestes des Etats-uniens, en vocabulaire diplomatique, ont commencé à décrypter la géopolitique de cette région. En septembre 2002, des élections libres, cette fois, se sont déroulées dans le Cachemire Indien. Une coalition composée d’un parti opposé au gouvernement Indien et d’un parti populaire cachemiri s’est mise en place. La frontière reste malgré tout complètement bloquée même si en février 2004 une ligne de bus a été ouverte entre les « deux Cachemire ».
La tragédie de samedi a rapproché l’Inde et le Pakistan. Les militaires des deux pays collaborent sur le terrain pour venir en aide aux habitants. Beaucoup de soldats postés à la frontière ont péri. Solidaires dans la douleur, solidaires dans l’assistance. Dès samedi, le président Pervez Moucharraf s’est entretenu avec le premier ministre indien Manmohan Singh. L’aide internationale a été réclamée par les deux pays. Un dialogue renoué et une présence internationale sont la meilleure recette pour amener la paix au Cachemire. Espérons le. Les Cachemiris méritent de vivre en paix, d’entrevoir un avenir plus heureux et oublier cet apocalyptique présent.
Vincent Trinquat
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Carte fournie par le Centre de Documentation Française. Vous pourrez trouver des compléments d’information sur leur site : https://www.ladocumentationfrancaise.fr/dossiers/inde-pakistan/index.shtml