Ségolène Royal a fait sa vraie rentrée politique, dimanche dernier, à Villepinte avec 100 propositions réunies en un Pacte Présidentiel s’opposant à celui Républicain de son rival virtuel, Nicolas Sarkozy.
Nous pourrions essayer de décrypter le message donné par la candidate socialiste mais à cela nous préférons vous joindre l’intégralité du discours afin que vous puissiez le découvrir ou le redécouvrir afin de vous faire votre propre opinion. La droite critique le coût exorbitant des promesses de Ségolène Royal, en réponse Julien Dray assure « aucune augmentation des prelèvements obligatoires ».
Nice Premium vous propose de découvrir Ségolène Royal par le Parti Socialiste local, de par ses élus, de par ses militants comme par ses détracteurs. Pour ouvrir le bal des Présidentielles, Patrick Mottard, Paul Cuturello et Yann Librati nous parlent de leur Ségolène.
Nice Premium : Quelles sont vos premières réactions suite à la présentation du pacte présidentiel Ségolène Royal ?
Patrick Mottard : Nous avons beaucoup tardé. Il était impératif de présenter un programme aux Français. C’est fait depuis dimanche et c’est bien. Globalement, on retrouve le projet du Parti socialiste, avec une lecture de celui-ci qui met le curseur plutôt à gauche, ce qui est de bon augure pour le premier tour où il faut rassembler son camp. Il est évident, dans un souci de crédibilité, que le financement du plan sera indispensable dans les prochains jours.
Paul Cuturello : Une très grande satisfaction. Elle a répondu aux attentes fortes qui s’étaient exprimées ces dernières semaines. Son discours programme, clairement ancré à gauche, répond aux interrogations de nos concitoyens, surtout les plus modestes et les plus vulnérables, avec des propositions précises et concrètes inspirées par les débats participatifs, comme par exemple le renforcement de la législation pour éviter le surendettement.
Yann Librati : Un beau meeting, un beau discours, une vraie vision de la France. On sent dans les propositions de Ségolène l’empreinte du parti, mais pas seulement. Les débats participatifs et leurs contributions nous permettent aujourd’hui de joindre l’espoir, l’idéal, au réel et au quotidien.
NP : Qu’est ce qui vous a le plus marqué parmi les 100 propositions ?
PM : – Le doublement du budget de la justice est une proposition inattendue, coûteuse… et impérative !
- Les propositions de relance de l’Europe sont pour moi très positives afin de surmonter le non au référendum.
- La réforme institutionnelle me semble un peu timorée, mais elle va dans le bon sens (une difficulté toutefois : pour supprimer le veto du Sénat en matière de réforme constitutionnelle… il faudra l’accord du Sénat…!).
Par contre des précisions sur la réforme de la carte scolaire et les jurys citoyens me paraissent indispensables. J’arrête là, car on pourrait commenter les cent mesures.
PC : Les mesures proposées pour le logement. Dans notre département où la situation est devenue dramatique, et où seuls les ménages les plus aisés peuvent trouver à se loger, ses propositions avec le service public de la caution pour sécuriser les locataires et les propriétaires, le bouclier logement pour les ménages aux revenus modestes, et l’intervention directe de l’état quand les communes refusent de se mettre en conformité avec l’obligation des 20% de logements sociaux, sont autant de réponses pertinentes et concrètes.
La proposition de l’obligation scolaire dès l’âge de 3 ans témoigne de son souci de mettre l’école en tête des priorités pour lui donner tous les moyens de rester le socle de notre république
YL : Les propositions concrètes sur l’environnement, et les engagements fermes pour lutter contre la vie chère.
NP : Un Smic à 1500 €. Rêve ou réalité ?
PM : C’est un symbole et ce sera une réalité : on ne peut pas prôner l’augmentation du pouvoir d’achat et ne pas donner un signe fort.
PC : Plus qu’une réalité, une nécessité immédiate, tant la pauvreté fait des ravages. Sans oublier l’augmentation immédiate de 5% des retraites.
YL : Il n’y a pas besoin d’être un grand économiste pour comprendre que le smic à 1500 euros, c’est non seulement possible mais en plus nécessaire car ce sera aussi un moyen de relancer la consommation et donc la croissance. La réponse de la droite en la matière est affligeante. Depuis 5 ans, ils baissent les impôts pour les plus riches. Cela a couté à la nation près de 50 milliards d’euros et, en plus d’être une injustice sociale, c’est un non-sens économique car les plus riches ne consomment pas plus, ils épargnent. Donc, oui l’augmentation du smic est juste et souhaitable économiquement.
NP : L’armée pour résoudre les problèmes de la jeune délinquance. Est-ce une solution ?
PM : Non. Je ne me sens pas engagé par cette proposition qui ne faisait d’ailleurs pas partie du projet socialiste. Mais comme par ailleurs, elle me semble inapplicable…
PC : Non. La réponse contenue dans votre question ne correspond pas à ce qu’a dit Ségolène Royal. Dans son programme l’armée ne figure pas comme une solution. Mais dans le dispositif d’ensemble destiné à éviter l’emprisonnement des jeunes primo-délinquants et qui consisterait à les faire travailler dans des programmes d’action humanitaire, l’encadrement de certaines de ces actions pourraient être confiées à des militaires.
YL : Vous caricaturez cette mesure. Il n’est pas question d’envoyer le char Leclerc pour lutter contre la délinquance ! Plus sérieusement, notre armée aujourd’hui effectue des missions de maintien de la paix et des missions humanitaire qui sont tout à l’honneur de la France. Et si des jeunes en souffrance peuvent avoir, par cette mesure, la possibilité de participer à de belles choses, de partager, de protéger pour sauver des vies, je pense que ce type d’expériences est à même de redonner des perspectives et de sortir certains jeunes d’un quotidien qui les détruit.
Entre condamner un jeune à six mois de prison où il sera inutile aux autres et où il risque de rencontrer d’autres personnes qui l’entraineront plus loin encore dans la délinquance, et envoyer un jeune six mois au Darfour pour sauver des vies, il me semble que la deuxième solution sera certainement plus bénéfique à lui et aux autres.
NP : Toujours dans le domaine de la sécurité. Que pensez-vous de la création d’une « police des quartiers » ?
PM : C’est le retour de la police de proximité installée par le gouvernement Jospin. Avec les emplois jeunes, cela fait partie des réussites de la gauche détruites pendant le quinquennat Chirac. Se les ré-approprier me semble sage.
PC : C’est une excellente proposition qui renouvelle en la précisant la politique de police de proximité abandonnée depuis 5 ans par l’actuel ministre de l’intérieur au profit d’une politique d’intervention qui a quasiment supprimé la présence policière régulière dans les quartiers. Dans ce domaine il vaut mieux prévenir plutôt que guérir. La connaissance du terrain par les fonctionnaires chargés de veiller à la tranquillité et à la sécurité des citoyens est essentielle. Cette « police des quartiers » permettrait de développer la prévention des délits qui doit rester une des tâches des forces de police.
YL : Demandez aux syndicats de policiers, ils vous répondront tous que la police de proximité était le moyen de prévenir les délits. Que dire d’une police centralisée, comme le souhaitent messieur Sarkozy et Estrosi, qui ne répond pas aux attentes de nos concitoyens ? Il faut une police de terrain, une police à visage humain, une police qui protège. A ce titre, le bilan du ministre est lamentable. Rappelez-vous : « tolérance zéro » qu’ils disaient !! Quels résultats ? Nice, lanterne rouge en matière de sécurité au niveau national. Voila le travail des Peyrat, Sarkozy et Estrosi.
NP : Enfin, que pensez-vous des divers sondages sortis ces derniers temps ?
PM : Leur permanence démontre que, avant le 11 février, Sarkozy aurait été probablement élu. Mais la campagne est longue et la réunion de Villepinte, à laquelle j’ai participé, peut être un tournant (voir mes réactions sur https://patrickmottard.blogspot.com : « le tour de chauffe est terminé »)
PC : Je ne leur accorde en général que peu d’attention, tant leur publication tient plus de la propagande que de l’information (mais il est vrai qu’en regardant ou en lisant certains médias j’ai beaucoup de mal à discerner la frontière…). L’avalanche orientée de ces dernières semaines m’a suggéré l’idée que si, comme les sondeurs le disent souvent pour se défendre du démenti du lendemain, un sondage est une photo de l’opinion au moment de l’enquête, alors l’appareil à photo a été très mal réglé, et les photos prises avec des filtres déformants particulièrement puissants. Et il en sera ainsi jusqu’à l’élection, qui une fois de plus les démentira…
YL : Les sondages ? Vous les lisiez les sondages au moment des élections régionales ?
Si c’est le cas vous devriez vous rappelez qu’ils prévoyaient tous que la gauche gagnerait tout au plus 3 ou 4 régions… Résultat, toutes les régions ou presque sont aujourd’hui de gauche ! Je ne parlerais pas dans le désordre de Jospin, Balladur, Chirac, et d’autres, … Tous en auraient à vous dire des sondages et de leurs précision légendaire, bien mieux que moi 🙂
Par contre, ce qu’il y a de bien avec les sondages en ce moment, c’est que cela permet à la droite de prendre espoir, et donc de faire campagne autrement qu’en utilisant les service secrets de la République pour se discréditer les uns les autres.
Le Pacte Présidentiel de Ségolène Royal (cliquez pour le télécharger)
