Depuis les années 60, les candidats pour les élections présidentielles sont choisis grâce à un système de parrainage. Aujourd’hui, la politique intéresse de moins en moins de personnes, et pour beaucoup, ce système archaïque est représentatif de ce manque d’intérêt.
42 000 élus pour seulement 6 000 parrainages. Les représentants qui doivent choisir les potentiels candidats à la présidence française ne le font pas. Qu’est-ce que le parrainage ? Créé en 1962, c’ est un système de filtrage. Il permet de limiter le nombre de prétendants qui peuvent se présenter pour le poste de Chef de l’Etat, et d’éviter les propositions dites “ fantaisiste “ de certains partis politiques. Les candidats doivent récolter le vote des délégués qui sont : les députés, les sénateurs et les représentants français au Parlement européen, les maires, les conseillers de Paris et de la métropole de Lyon, les conseillers départementaux et régionaux, etc.
En 2022, la France compte 42 000 élus. Ils ne peuvent choisir qu’un seul représentant. Si celui-ci ne se représente pas au poste de président, le votant ne peut pas changer son choix. Afin de ne pas privilégier les candidats locaux, les prétendants au poste de chef de l’Etat sont obligés d’avoir des élus d’au moins 30 départements/collectivités différents et que leur vote ne dépasse pas 10 %. Pour valider leurs voix, les délégués doivent remplir un formulaire de présentation. Ils l’envoient ensuite au Conseil constitutionnel.
Les limites du parrainage
Depuis sa création, cette règle fait l’objet de nombreux débats :
- Malgré des contraintes de 500 signatures, il y a encore beaucoup de postulants. ( En 1962, il fallait 100 signatures pour se présenter. Depuis la réforme de 1976, il en faut 500. Mais en 2002, il y avait 16 candidats à la présidentielle. )
- Ce système est incapable de faire la place aux personnalités politique populaires, mais hors système.
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Les élus peuvent marchander leur soutien.
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Une grande pression peut être exercée sur les maires de petites villes.
Plusieurs réformes ont déjà été proposées pour améliorer ce processus : faire voter 100 000 élus pour les candidats qu’ils veulent voir, faire un parrainage citoyen (150 000 signatures requises), rendre le parrainage secret afin d’avoir moins de pression, etc. Toutes ces réformes ont été rejetées.
Et si ce procédé n’est plus obligatoire
Si les parrainages n’étaient plus obligatoires, les postulants, souvent qualifiés de « petits candidats » pourraient se présenter au premier tour. Il y aurait plus de représentants et donc possiblement moins d’abstention, car les Français peuvent se sentir plus représentés selon Christian le Bart, politologue : « Ponctuellement, si on élargit l’offre, on multiplie la possibilité que des gens qui ne s’intéressent pas à l’élection ou qui ne se sentent pas représentés par les candidats traditionnels puissent se projeter sur des candidats un peu extérieurs au champ politique et donc aller voter. » Beaucoup de critiques sont faites concernant les thématiques abordées lors des débats. Avec plus de représentants, des sujets pourront être plus diversifiés.
Mais la suppression de ce système peut entraîner une incompréhension générale comme expliquent les politologues Christian Le Bart et Sophie Lamouroux sur le journal Ouest France : « Si l’on venait à supprimer tout système de filtre, les candidatures pourraient alors être très nombreuses, ce qui rendrait l’offre politique illisible ».
« Au lieu de créer de l’union, la multitude de candidatures pourrait aussi créer encore plus de distensions. »
Le parrainage est un sujet qui revient beaucoup lors des présidentielles et qui suscite encore beaucoup de débats. Récemment, pour dénoncer ce processus, David Lisnard maire de Cannes a posté une vidéo sur le réseau social Twitter. L’élu cannois dénonce le manque de parrainage envers les principaux acteurs de la présidentielle : “ on sent bien qu’il y a un problème pour les recueillir… Cela serait une grave atteinte à la démocratie s’ils ne pouvaient pas se représenter “ explique le maire. Afin de “ veiller à la libre expression démocratique et Républicaine “, l’élu qui soutient Valérie Pécresse, a décidé de parrainer son opposant politique : Jean-Luc Mélenchon. “ L’ensemble des candidats représentatif d’un parti politique doivent concourir. C’est une question de responsabilité, d’unité civique et d’esprit, Républicain “ conclut David Lisnard.
Cette année, le parrainage est encore en vigueur et les élus ont jusqu’au 4 mars, 18 h 00 pour rendre leurs décisions.