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21 novembre 2024

Législative partielle à Nice, Paul Cuturello (PS) : « Mettre un carton rouge à Nicolas Sarkozy et Christian Estrosi »

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Nice-Premium : Dimanche les électeurs de la 5ème circonscription des Alpes Maritimes votent pour désigner leur député. Vous êtes le candidat du Parti Socialiste. Pouvez-vous nous faire un bilan de cette campagne électorale et un tour d’horizon des forces en présence?

jpg_Photo_Segolene_a_Nice_campagne_037_320x200_.jpgPaul Cuturello : A gauche, je suis le candidat du parti socialiste avec le soutien de Michel Vauzelle président de la région, de Marie-Luz Niçaise Hernandez (Verts) conseillère municipale et d’André Aschieri, ancien parlementaire. Pour le reste, il y a un candidat masqué puisque le sigle UMP est peu utilisé sur les documents électoraux avec Christian Estrosi. Il y a un candidat communiste aussi à qui j’ai fait la proposition de faire une candidature commune. Les communistes ont préféré faire comme d’habitude et présenter quelqu’un pour les législatives. C’est dommage. Le contexte s’y prêtait plus avec une législative partielle puisque les voix ne s’ajoutent pas au niveau national. Nous étions unis à Nice aux municipales, ça aurait été bien de continuer.

NP : La 5ème circonscription est composée de 72 villages. Comment mener une campagne efficace avec autant de villages et de différences entre chacun d’eux ?

PC : Il y a une difficulté géographique et physique. La circonscription part du bord de mer et va jusqu’au sommet du Mercantour. C’est donc très diversifié. L’enjeu est d’organiser une véritable solidarité des territoires entre le littoral, le moyen et haut pays. Il ne faut pas que les villages du moyen et haut pays soient délaissés au profit du littoral et inversement. Avec le projet de la Plaine du Var, il ne faudrait pas que l’on concentre tout dans ce secteur. Les villages du haut et moyen pays deviendraient des dortoirs. Cela génèrerait des déplacements énormes entre le domicile et le travail. Il faut permettre à ces villages de bénéficier de l’implantation de nouvelles entreprises dans la Plaine du Var pour que certaines activités de ces entreprises se fassent dans ces villages. Cela éviterait le va et vient quotidien.

NP : Vous êtes candidat du PS mais surtout le candidat contre Christian Estrosi. Comment s’opposer efficacement contre un candidat aussi important maire de Nice, Président du CG06, de la Canca?

PC : Vous n’avez rien oublié ! Il cumule déjà beaucoup. Après avoir dit qu’il se consacrerait entièrement à Nice, quitté Paris et le Ministère, la capitale lui manquait et il veut retourner à Paris. Maintenant il dit que pour être efficace à Nice, il faut qu’il soit à Paris… C’est difficile à comprendre.
L’autre aspect de cette élection est que Monsieur Estrosi masque son appartenance à l’UMP alors qu’il est président de l’UMP des Alpes Maritimes et était très proche de Nicolas Sarkozy. Le Président de la République est un peu en délicatesse avec l’opinion. Christian Estrosi ne se réclame plus de lui.
L’enjeu est de marquer son opposition après les présidentielles de 2007 même si on a voté pour Nicolas Sarkozy. La situation devait s’arranger. Elle s’est dégradée. Je dis aux citoyens : vous avez une possibilité de faire connaître leur point de vue et leur mécontentement et d’émettre un vote sanction à l’encontre de Nicolas Sarkozy que soutient Christian Estrosi. Cette élection est donc une chance.

NP : Vous avez reçu jeudi le soutien et la visite Benoit Hamon ? Etait ce un soutien assez fort pour contrer Christian Estrosi ?

jpg_arton93-b6dba.jpgPC : Oui. C’est un ami personnel. Il fait partie de la nouvelle génération des responsables du Parti Socialiste. C’est un soutien de poids dans cette campagne. C’est aussi pour montrer, alors que certains font une campagne « cantonale » de micro-cantons et de quartiers, que l’on va envoyer quelqu’un à l’Assemblée Nationale légiférer. C’est donc un vrai soutien national.

NP : Christian Estrosi lance des piques contre les dirigeants de l’UMP. N’avez-vous pas l’impression qu’il vole un peu votre rôle ?

PC : Ses attaques sont récentes et très opportunes à la veille de l’élection législative où il se découvre des humeurs à l’égard de Monsieur Devedjian qui est à la tête de l’UMP. C’est Patrick Devedjian qui lui avait dit de choisir entre le ministère et la mairie. C’est peut-être pour cela qu’il règle ses comptes.
Si on envoie un député à l’Assemblée Nationale, ce n’est peut-être pas la peine d’envoyer un député UMP de plus. Il va juste renforcer un groupe déjà trop nombreux et qui ne fait que prendre des mesures à l’encontre de nos concitoyens dans les domaines de l’école, la santé… Si on envoie un député de gauche, on enverra un député qui les défendra dans une opposition qui en a bien besoin.

NP : Un bilan de ses 60 premiers jours à la mairie. Vous étiez conseiller municipal avec Peyrat. Quelles nouveautés a apporté Christian Estrosi ?

PC : Il a beaucoup promis. Aujourd’hui, il ne cesse d’expliquer qu’il y a des ardoises énormes que lui aurait laissées son prédécesseur. Il a l’air de découvrir les finances de la ville. Son ex-ami UMP aurait pu lui tenir informé. D’autre part, il a pris 8 anciens conseillers municipaux anciens adjoints de Jacques Peyrat. Ils auraient au moins pu le tenir informé. Tout ça est pour masquer les promesses qu’il avait tenues et qu’il ne respectera pas. Il cherche des subterfuges. J’attends avec impatience le rendez-vous qu’il a fixé à 100 jours. On regardera ça avec intérêt. Je suis très étonné des faux-fuyants qu’il emploie à chaque fois qu’il parle du tramway. La ligne 2 est très facile à faire puisque la concertation publique avait été réalisée par l’ancienne équipe. Elle est indispensable pour que l’investissement fait pour la ligne1 atteigne sa pleine rentabilité. Les quartiers ouest sont un peu laissés de côté par rapport aux autres équipements de la ville. Christian Estrosi nous dit : « oui, peut-être… » et puis il parle d’un coup de la ligne3. A l’école primaire, on m’a appris que 2 était avant 3 ! Il essaie d’organiser une diversion pour dire que la ligne3 sera la ligne de chemin de fer de Provence. C’est une manœuvre pour faire reporter sur la région la responsabilité et dire : « si je ne peux pas faire la ligne3, c’est à cause de la région. » C’est scandaleux. Il ferait mieux de s’occuper de ses propres responsabilités. Qu’il lance la ligne2, et on pourra dire que ses promesses majeures ont été tenues. Mais ça me paraît mal parti.

NP : Il a ouvert à l’opposition la CANCA, les commissions d’appels d’offres de la mairie et de l’office de tourisme, Côte d’Azur Habitat. Comment comptez-vous mener cette opposition et ces responsabilités ?

PC : Avec responsabilité et vigilance. Que nous soyons à la Canca, c’est une réparation d’une injustice. Nous exerçons notre vigilance à la commission d’appel d’offres. Nous vérifierons que les procédures légales sont respectées. Nous serons très vigilants étant donné le passé de la ville. On y gagnera en transparence et ça permettra d’avoir des débats sur les vrais choix politiques. Tout le monde aura les éléments financiers pour débattre sur les choix de l’investissement de l’argent.

NP : La cinquième circonscription est particulière. Comment la définiriez-vous ?

PC: C’est une création très artistique de Charles Pasqua. Il a réussi à agréger deux cantons urbains de Nice avec le moyen et haut pays. Il y a des différences très grandes entre les territoires. La diversité est une richesse. Il est important d’organiser une vraie solidarité de territoire et non pas spécialiser le littoral avec les grandes entreprises et le haut pays avec les stations de ski. A ce propos, la dernière trouvaille est de vouloir organiser les JO d’hiver. Pourquoi ne pas organiser les JO d’été. Je ne suis pas contre. Mais il faut que ça tombe un hiver où il y a de la neige !

NP: N’est-ce pas anormal que l’on parle plus de politique générale, de l’UMP, de Nicolas Sarkozy que de la circonscription ?

PC : Il y a une dimension locale mais le rôle premier du député est d’être à l’assemblée et de voter les lois et pas uniquement le lobbyiste d’un territoire. Christian Estrosi considère plus que le rôle du législateur est secondaire par rapport à celui de VRP. Ce n’est pas mon conception.

NP : Quelles pourront être les actions du nouveau député pour améliorer la vie de cette circonscription ?

PC : Une des premières choses : mettre en œuvre une politique pour éviter la spéculation immobilière pour que les citoyens puissent se loger raisonnablement. Ce n’est plus le cas aujourd’hui. Il manque de logements sociaux. Il faut spéculer avec des gens plus fortunés, normal dans une région touristique. Quand un salarié peut mettre 200 000€ pour acheter un appartement et que quelqu’un pour passer deux ou trois mois est capable de mettre 300 ou 400 000€… Celui qui vend, vend au plus offrant. Les salariés qui sont payés 1200 ou 1500€ ne peuvent pas mettre un loyer de 1000 ou 1200€.

NP : Pour finir un dernier mot à adresser aux électeurs de la cinquième circonscription.

PC : Je leur dis qu’ils ont la chance d’être les seuls à aller voter en France. Ils sont les seuls à donner leur point de vue sur la politique du gouvernement. Il ne faut pas qu’ils s’en privent et qu’ils le fassent fortement. Ils doivent mettre un double carton rouge : un à Sarkozy qui s’est déclaré président du pouvoir d’achat et qui en fait est président de la rigueur. Un à Estrosi le cumulard : Maire, président du CG06, de la CANCA, Député… Ils peuvent lui éviter de faire un choix cornélien.

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