« La clérocratie en est aujourd’hui là où la démocratie était il y a deux siècles », soit encore au stade théorique, comme le dit Landry Benoit dans son discours d’ouverture. Plutôt que se présenter comme une idéologie révolutionnaire, la clérocratie se veut comme une évolution de la démocratie. Elle reprend les avantages de la démocratie, en l’améliorant. Surtout, elle a pour but de réconcilier les citoyens-électeurs avec le monde de la politique, en les faisant participer de manière active. Le système de l’élection telle que nous la connaissons serait réduit à l’échelle la plus locale – une zone de 3 000 habitants. Elire le président de la République au suffrage universel ne fait pas partie du système clérocratique. « Dans les grandes élections, les enjeux ne sont pas accessible à la majorité de la population. Le Président, par exemple, n’est pas élu sur son programme ou sur sa vision du pays pour les années à venir, mais sur une stratégie de communication, sur des phrases chocs et quelques principes de son projet », arguemente Landry Benoit, argumente Landry Benoit. Les clérocrates souhaitent aussi réduire les inégalités de moyens entre les différents candidats à une même élection.
« Dans la clérocratie, le pouvoir ne se garde pas et ne se transmet pas », explique François Amanrich. Les électeurs votent au sein d’un groupe de 3 000 habitants, regroupés de manière géographique. Ainsi, ils élisent 20 conseillers qu’ils estiment capables de s’occuper de la chose publique. La dimension de campagne politique en est réduite à son plus strict minimum. Ces conseillers élisent alors à leur tour 3 représentants, qui siègent à l’échelon supérieur – au niveau cantonal. Et ainsi de suite jusqu’au sommet de l’Etat. Mais une subtilité est introduite : celui qui dirige le groupe d’élus – maire et président de canton – sont tirés au sort. De plus, tous ces élus se voient confier un mandat unique, sans possibilité de renouvellement. Donc, pas de campagne d’élus politiques en fonction pour être réélus. Ils savent qu’au terme de leur mandat de cinq ans, ils retourneront à la vie civile.
La fin des lobbies et des grands partis politiques
La clérocratie implique une totale remise à plat de notre paysage politique. « Les lobbies sont des groupes qui ont pour but d’influencer les décisions politiques. Ils ne représentent pas forcément l’intérêt et les opinions des citoyens. Ils n’ont donc pas leur place dans le système clérocratique », explique François Amanrich. Idem pour le PS et l’UMP : « aujourd’hui, on ne considère plus si une réforme est bonne ou non. Il s’agit seulement de la défendre si on est au pouvoir, ou de la critiquer si on est dans l’opposition. Dans le système clérocratique, chaque élu juge un projet de loi en son âme et conscience. » C’est espérer une grande indépendance et beaucoup de probité de la part de l’élu.
La réunion a aussi été l’occasion de lancer le Cercle 06, l’association clérocrate des Alpes-Maritimes. Le cercle est « ouvert à toute personne qui souhaite réfléchir sur la démocratie, peu importe son orientation politique », souligne Landry Benoît. Le Cercle 06 organise son action autour de cafés-débats, de réunions sur l’actualité locale ou nationale. En s’organisant en associations semblables, les clérocrates français espèrent présenter un(e) candidat(e) aux élections présidentielles de 2012 – 254 parrainages ont été récoltés en 2007. Ultime paradoxe de la clérocratie : elle compte sur le système politique en place pour parvenir au pouvoir, et le changer ensuite.
Cette vidéo est issue du site Web TV Nice