Isabelle Chiosi est attachée de presse auprès de Muriel Marland Militello, député de la deuxième circonscription des Alpes-Maritimes. Cette jeune femme de 26 ans a en charge l’image de la candidate à sa propre succession aux législatives, qui auront lieu au printemps prochain. Elle refuse de rejeter l’emprise de la presse people sur les électeurs. « Il faut savoir utiliser les médias à bon escient. Certes, le contenu est pathétique, mais comme dirait l’adage, « le poids des mots, le choc des photos. » La vie privée présente un intérêt grandissant. D’autant que le public a besoin de se détendre et de sentir que le politique est un homme ordinaire. Nicolas Sarkozy est marié, il a des problèmes de couple, il n’y a rien de choquant à ce que ce soit publié. » Il y a bien sûr des limites à ne pas franchir. Selon Isabelle Chiosi, ces limites portent sur le respect des enfants et la propriété privée. « Lorsque l’on va trop loin, estime-t-elle, cela peut être mal interprété par le public. Il y a encore du respect en France. Malheureusement, la situation tend à se dégrader, sur le modèle de ce qui est publié aux Etats-Unis. »
Pour Olivier Bettati, adjoint au Maire et conseiller général UMP, l’image du politique s’arrête là où sa vie privée débute. « La politique est avant tout un engagement quotidien, qui nécessite d’avoir son propre jardin secret. » L’élu estime que s’exposer au grand public n’engendre aucun impact, qu’il soit positif ou négatif. Il croit en l’évolution des mentalités. « Les analyses ont prédit qu’aussi bien les gays que les femmes ne parviendraient pas à de hautes fonctions. Elles se sont révélées fausses. » Le vote se porte vers des personnes pour leurs qualités et non pour leurs vies privées. Malheureusement, dans la campagne présidentielle, il accorde que les communicants font la loi. « La société exige de plus en plus de voyeurisme et je le déplore. »
« Il n’y a que sur le terrain, que nos concitoyens peuvent nous juger, sans artifices », confie Rudy Salles, député UDF des Alpes-Maritimes et Conseiller Régional PACA. Lorsqu’il n’est pas à l’Assemblée, ce dernier sillonne sa circonscription à bord d’un autocar en guise de permanence. Intransigeant sur la frontière entre vie privée et vie publique, il se dit « choqué » par cette « mise en scène ». François Bayrou a dénoncé sur TF1 les connivences politiques et financières entretenues avec les médias. L’UDF renvoie dos à dos la gauche et la droite en réclamant une totale transparence. Rudy Salles, quant à lui, regrette l’assimilation des candidats à des artistes de la chanson, du théâtre ou du cinéma et la disparition des idées. « La campagne présidentielle qui s’annonce, prévient-il, n’est pas un casting, c’est une épreuve de force. Si Ségolène Royal, ne veut pas être prise en photo durant ses vacances, il ne tient qu’à elle de s’en défendre ». Le député prédit l’usure des deux favoris, usés par ce qu’il nomme « le supermarché des idées ».
Internet semble être l’alternative idéale pour tout politicien en quête de transparence. « Oui, c’est indispensable, confirme Isabelle Chiosi. Le blog de Muriel Marland Militello est alimenté chaque jour, on y retrouve ses prises de positions sur des sujets de fond. J’estime à 150 le nombre de visiteurs quotidiens. » Rudy Salles cultive lui-même sa page web et son blog. Il se targue d’avoir avoir reçu plus de 14 000 visiteurs en six mois et apprécie les mails venant du monde entier. Les blogs, visiblement, plaisent énormément à la classe politique. Véritable bijou de Webmasters ils mêlent, textes et images en mise en page dynamique. A mille lieux de la capacité de création d’un jeune internaute, pourtant habitué à ce genre d’activité. Interactif (vidéo, forum), ouvert aux débats d’idée et attirant, il prouve, que la Présidentielle se jouera sur la toile.