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22 novembre 2024

Les sondages et les municipales à Nice revus et corrigés par Artenice

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jpg_municipales-artenice.jpg Accusé de manipulateur, insultes anonymes… C’est sans doute le sondage le plus risqué que la société niçoise aura eu à gérer avec en prime une presse locale pas vraiment tendre avec l’analyse et le résultat de celui-ci. Il est des jours où il ne faut pas voir ces idées, pensez-vous, Frédéric Ganneval semble en avoir vu d’autres et assure ne pas voir voulu jeter un pavé dans la mare mais simplement avoir voulu informé de la situation politique de l’époque à quelques mois du jour J qui aura lieu dimanche prochain dans les urnes niçoises.

Le made in Nice n’a même plus la côte…à Nice

C’est tout de même étonnant comme il n’est pas simple d’être niçois en dehors de ses frontières mais il est encore plus surprenant de ne pas l’être dans sa propre cité. Qu’un Marc Concas ou un Jacques Peyrat disent que dans les autres barreaux de France, il vaut mieux éviter de dire d’où l’on vient, la bêtise est humaine. Mais que l’on puisse tomber à bras raccourcis sur une société locale qui souhaite réaliser un sondage d’intentions de vote et qui finalement a raison, on en arrive à humaniser la bêtise !

Bref, il ne fait pas bon être Niçois même à Nice.

INTERVIEW FREDERIC GANNEVAL (ARTENICE)

Nice Premium : Frédéric Ganneval, que vous inspirent les résultats de ce premier tour de l’élection municipale niçoise ?

Frédéric Ganneval (Artenice) : Tout d’abord, ce n’est pas une surprise. De toute évidence le score probable de Christian Estrosi a été sur-évalué depuis la publication des premiers sondages en novembre 2007 (est ce un problème technique? Nous pourrons développer ce point méthodologique si vous le souhaitez). De plus, vouloir enterrer Jacques Peyrat un peu trop vite, en disant qu’il est fini, que les niçois ne veulent plus de lui, etc, etc, a été totalement contre-productif. Il existe un phénomène compassionnel bien connu en sociologie (mais visiblement pas chez Nice Matin) qui s’est pleinement confirmé: plus vous lynchez un candidat, plus vous renforcez son attractivité compassionnelle. Bilan des courses: Jacques Peyrat sort deuxième de ce scrutin!

Concernant le score de Patrick Allemand, il est directement consécutif de la dégradation de l’image et de la confiance donnée à Nicolas Sarkozy qui sut porter le plus d’espoirs, aujourd’hui déçus. Le basculement à gauche de ce premier tour au plan national montre que cette élection est également au moins un avertissement donné au chef de l’état et à ses amis revendiqués comme tel (à l’instar de Christian Estrosi). Il est donc tout naturel de constater le score de Patrick Allemand dans un environnement favorable à sa liste.

NP : Votre sondage avait défrayé la chronique à l’époque, l’ironie du sort à voulu que vous êtes celui qui s’est approché le plus du résultat final ?

FG : Que dire à ce sujet? On nous a accusé de faire de la manipulation alors que notre intention première n’était pas de dire, contrairement à d’autres 3 mois avant le premier tour, qui serait le prochain maire de Nice, mais simplement que l’élection n’était pas faite. Le 4 décembre, date de la publication de notre sondage dans Metro et repris par France 3 Méditerrannée, 52% des niçois, qui avaient l’intention d’aller voter, n’avaient pas encore choisi leur candidat, les électeurs attendaient alors les programmes de chaque candidat avant de se prononcer. Il s’avère, qu’en plus, nous avions donné le tiercé gagnant, nous mettrons cela sur le compte de la chance (?).

NP : A quoi attribuez-vous « la volée de bois vert » que vous avez reçue à la sortie de votre sondage ?

FG : Nous ne faisons la campagne de personne. Artenice est un institut totalement indépendant du pouvoir politique ou économique et seule notre intégrité nous pousse parfois à intervenir, voir à réaliser nos propres sondages pour y voir plus clair lorsque des résultats annoncés nous paraissent outrepasser les règles statistiques de notre profession dont nous avons tous à souffrir. En effet, régulièrement l’ensemble de notre profession est éclaboussée par des conclusions un peu hatives de sondages qui se veulent parfois prémonitoires. L’opprobre est jetée sur tous (y compris Artenice) sauf…sur ceux là même qui sont à l’origine d’erreurs d’appréciations grossières. Pourtant, à chaque élection on reprend les mêmes, bizarre…

Par ailleurs, il est clair que notre sondage n’allait pas dans le sens attendu par les candidats, mais encore une fois nous ne servons personne. Dans notre sondage, Christian Estrosi n’était pas élu au premier tour, je comprend qu’il en fut quelque peu chagriné. Patrick Allemand s’est demandé si le sondage avait été mené au Mont Boron, ce que je peux également comprendre quand le sondage publié par Nice Matin le présentait comme seul opposant à Christian Estrosi (mais bien loin derrière) . Il est vrai, que depuis décembre sa côte à bien remontée en profitant de la tournure politique du scrutin, mais à la fin du premier tour il arrive bien 3ème, ce que nous avions senti dès décembre. Quand à Jacques Peyrat, on nous a accusé de le sur-estimer. Et pourtant, comment expliquer son score au premier tour, si nos estimations étaient fausses? Son score, comme celui de Christian Estrosi n’ont pu que baisser depuis la chute de la côte de popularité du président de la république, ce qui explique qu’il fasse moins que dans notre sondage de décembre. J’aimerai, à ce sujet, entendre les arguments de ceux qui pourraient prétendre que le score de Peyrat aurait pu monter dans un contexte où la droite en général a perdu de son aurat!
Alors évidemment, notre sondage a déplu à tous, mais encore une fois nous ne faisons pas de sondage pour plaire mais simplement pour montrer que, dans cette profession, il y a d’autres façons de construire et d’analyser un sondage qui s’avèrent souvent plus fiables ou moins mauvaises si l’on veut rester modeste.

NP : Que répondez-vous aujourd’hui à vos détracteurs ?

FG : 1- Qu’ils ont tout à fait le droit de rejeter le principe même des sondages, ce qui est tout à fait respectable, mais que, dans ce cas, ce raisonnement doit s’appliquer à tous les sondages y compris à ceux qui leurs sont favorables. 2-Que l’impact d’un sondage n’est que rarement celui escompté: une élection annoncée sans surprise trop tôt, génère automatiquement un vote contestaire pour faire comprendre au prétendu « gagnant » qu’il faudra tenir compte de toutes les sensibilités. 3-Enfin, qu’un sondage n’est pas une élection et qu’en aucun cas, les candidats comme les média ne doivent préempter un résultat dont seuls les électeurs décident de la tournure, souvent à quelques heures d’un scrutin .

NP : Vous dites « les sondages doivent toujours être commentés avec précaution en tenant compte des marges d’erreur et de la distance qui les sépare d’un scrutin. ». La précaution ne serait pas de mise dans les commentaires des sondages en France ?

FG : Malheureusement non et ce n’est pas qu’un phénomène franco-français. Cela s’explique très simplement. Les média ont besoin de scoop pour allécher leurs auditeurs ou lecteurs et les instituts « qui font autorité en matière de sondages politiques » peuvent très facilement être tentés de revêtir le costume séduisant de Nostradamus, en oubliant ainsi les limites de l’exercice et des lois statistiques ! Rappelons nous de la célèbre citation de George Gallup qui fut le fondateur du premier institut de sondage: « par la statistique, je pourrais prouver l’existence de Dieu ! ».

Au passage, bien sûr, on oublie l’électeur qui n’est plus qu’un produit sur lequel on fait du papier, beaucoup de bruit, et bien sûr de la notoriété. Je m’explique, une élection, pour un institut de sondage, est une formidable occasion d’être présent dans tous les média. Un « vu à la télé » qui sert, bien sûr, lorsqu’il s’agit de séduire de nouveaux clients.

NP : Enfin, quels enseignements tirez-vous de cette expérience en général ?

FG : Une fois de plus, après l’élection présidentielle de 2001, celle de 2007 et ce premier tour des municipales, Artenice avait vu juste. Cela me conforte dans le sérieux de nos protocoles d’interviews et d’analyses.

Mais plus généralement, pour qu’à chaque élection Artenice ne soit plus obligé de se lever seul dans un combat qui oppose UN pot de terre (Artenice) à DES pots de fer, aux seuls frais du pot de terre, j’aimerai qu’enfin le législateur statut sur ce qui est ou non publiable, que la commission des sondages ne comptent plus parmi ses membres des directeurs d’instituts de sondages et qu’enfin on dote cette commission de moyens coercitifs pour que les électeurs soient le moins possible manipulés.

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