La cérémonie des vœux, en plus de respecter la tradition et le protocole, est aussi l’occasion pour faire un bilan de l’année qui vient de s’écouler et présenter ses souhaits pour celle qui vient de commencer… en attendant la suivante !
En 2013, la vie politique niçoise ne manquera pas de rendez-vous important, en particulier la mise en place et la préparation des municipales de 2014, date à laquelle se terminera la mandature de Christian Estrosi.
Mais si cette nouvella année sera vierge de scrutins nationaux ou locaux, pour le Maire et Président de la Métropole qui vient de fêter sa première bougie, ainsi que pour son allié Eric Ciotti, Président du Conseil général, il y aura un apéritif : La nouvelle élection du président de UMP que, après l’édition contestée de l’automne dernier qui d’un recours à l’autre s’est terminée en véritable farce, devra se faire à nouveau et cette fois-ci dans des conditions de régularité exemplaire.
Et, comme on doit se rappeler, ici à Nice et dans les Alpes-Maritimes, de l’opposition farouche entre les deux clans rivaux, celui pro-filloniste d’Eric Ciotti rejoint par Christian Estrosi et celui pro-Copé de Michèle Tabarot et du « niçois » Olivier Bettati avec les conséquences d’un vote qui a fait la une nationale pour les magouilles et truquages au point que les résultats de deux bureaux de vote furent annulés (cas unique). On peut imaginer que toute l’attention sera portée sur ce rendez-vous décisif que ce soit pour les équilibres internes du parti au niveau national qu’au niveau local. Avec tout ce qui en découle…
Côté socialiste, dans un département que l’histoire et la sociologie veulent à droite avec une présence significative de l’extrême droite, la vie n’est pas aisée. La protection du gouvernement national peut supporter quelque situation de pointe (comme le remplacement de l’ancien préfet considéré trop en conformité avec le Maire de Nice), mais reste néanmoins l’état d’une situation inconfortable sans une réelle perspective de changement : Au mieux arriver à une triangulaire grâce à la présence d’un candidat fort du FN ou d’une liste d’union des partis et mouvements de droite qui se présenterait contre l’UMP et surtout contre l’actuel Maire de Nice.
Bref, les jeux ne sont pas encore faits, les billes tournent encore entre tactiques et ambitions personnelles…
Les vœux de Christian Estrosi ont eu comme cadre institutionnel, une grande soirée au Palais Nikaïa en présence des autorités, des agents municipaux, métropolitains et des différents services annexes.
Des milliers de personnes qui assuraient l’effet de masse critique. La Grande Messe, quoi.
Une soirée quelque peu théâtrale qui s’est rapidement transformée en un « One man show » de Christian Estrosi dont la modestie, on le sait bien, n’est pas proprement la qualité la plus évidente. Entrées à l’appel et à la file indienne des élus et des collaborateurs suivis de quelques invités d’honneur (le staff de l’OGCN avec son président, son manager sportif et son capitaine et les champions olympiques de natation Camille Muffat et Yannick Angel). Introduction un tantinet trop élogieuse de Madame la Préfète Anne Boquet (quelle surprise la découverte d’une belle voix récitante !) suivie d’un marathon verbal d’un Maire en style « condottiere » rendu spectaculaire grâce aux modernes technologies de communication comme le prompteur. Bref, tous les ingrédients d’un bon scénario étaient réunis.
« La ville bouge et, entre structures innovantes et interventions de proximité, plus de 4500 chantiers ont été ouvert depuis le début de la mandature. » déclara Christian Estrosi, images et chiffres à l’appui.
En 2013, les gros morceaux seront la Médiathèque de la gare du Sud qui apportera une autre pierre à la rénovation du quartier de la Libération en attendant la réalisation du projet de la Gare Thiers, les parking Sulzer et du Quai de la Douane (+ de 1000 place de parking qui contribueront à soulager le manque des places de stationnement) et les deux pépites « Triple A » que seront le Grand-Stade Allianz Riviera et la Coulée Verte.
Là, dans un « crescendo » hasardeux, Christian Estrosi, qui s’est laissé prendre au jeu avec un enthousiasme certainement dû à l’orgueil du réalisateur, s’est lancé dans des comparaisons parfois déplacées en définissant le premier (Grand Stade Allianz Riviera) comme le Colisée niçois et l’autre (la Coulée Verte), tel le Central Park de New York ou bien encore le Hyde Park de Londres voire le Champ de Mars à Paris.
On sait que le style de Christian Estrosi s’apparente au « star power » mais là, honnêtement, on n’y est plus : Le Grand Stade Allianz Riviera sera une très belle enceinte sportive mais peut-on raisonnablement s’imaginer que d’ici à plus de deux mille ans, les niçois d’alors pourront découvrir et admirer le stade comme les visiterus admirent encore le colysée pour sa conception (entre 50 000 et 70 000 personnes pouvaient assister aux spectacles avec une organisation et répartition des places encore aujourd’hui fonctionnelle), ses fresques, ses décorations, ses incisions ou ses couleurs et leurs amalgames ?
Et que dire de cette Coulée Verte, une réalisation de toute première qualité certes et qui donnera un cadre de vie plus qu’agréable à une zone centrale de la cité (qui pourra jamais regretter le parking en surface et la gare routière qui occupaient l’emplacement ?). Mais, passe encore pour les 24 hectares du Champ de Mars, mais comment raisonnablement comparer sa surface aux 142 hectares de Hyde Park et surtout aux 341 hectares de Central Park ?
Être romanesque sert pour donner à l’assistance le plaisir de l’imagination mais là, on tombe dans une répétition des récits extraordinaires des romans du baron du Münchhausen dont le ton épique et rocambolesque s’éloigne tellement de la réalité.
Nice est une belle signature qui n’a pas besoin de l’épique et du rocambolesque qui l’éloignent de la réalité pour aller vers d’improbables rêves.
D’un style plus sobre, mais le style et le caractère les opposent, le leader socialiste Patrick Allemand a réunis militants et sympathisants dans un cadre plus modeste et convivial.
Naturellement comment oublier, pour les socialistes, ce cru exceptionnel 2012 avec la double victoire à l’élection présidentielle et aux législatives ? Après, respectivement, 17 ans et 10 ans d’abstinence l’envie était tellement forte, ce qui a peut-être occulté les difficultés à faire face aux attentes de son électorat encore plus qu’à l’action contraire de l’opposition. Et ce, dans un cadre et un contexte de morosité économique qui n’est pas sans rendre encore plus accrues les difficultés.
Mais pour rester à la politique locale, il ne faut pas oublier la mainmise de la droite qui, vue ses dérives on a quelques difficultés à appeler « républicaine », sans considérer celle frontiste-mariniste qui est bien intégrée dans le Sud-Est et dont Nice et sa région sont une des places fortes.
Alors, c’est bien d’être aux commandes comme le revendique le leader département Patrick Allemand dans son discours aux siens. Mais, mise à part cette légitime fierté, quoi sinon une défaite après l’autre dans toutes les consultations électorales ( doit-on rappeler l’en-plein de la droite aux législatives malgré une vague favorable à la gauche au niveau national ?).
Quoi, sinon une opposition ponctuelle mais sans plus dans les conseils municipaux de la quasi totalité des communes du Alpes-maritimes et, bien sûr, au conseil métropolitain et départemental ?
La situation n’est pas facile, on sait que les intentions sont bonnes mais ce sont les faits qui comptent. Donc, le changement que le Président de la République et le gouvernement ne trouvent pas d’application ni suite dans les Alpes-Maritimes où les rapports de force ne sont pas favorables et les baronnies qui gèrent leur territoire ne sont pas prêtes de se faire destituer.
Le même Patrcik Allemand le reconnait: » Ici le changement est plus difficile. Il y a une forte résistance de Christian Estrosi et de Eric Ciotti ».
La belle découverte…
De plus, ce sentiment que la Région PACA, à dominante marseillaise, s’oppose à tout projet niçois est très répandu sur le plan populaire (et bien sur alimenté par ce qui ont intérêt à l’exploiter politiquement), ce qui ajoute confusion au marasme.
A cette accusation, Patrick Allemand répond avec vigueur: » La Région a toujours accompagné les projets territoriaux d’intérêt général : par exemple, le transport ferroviaire régional a été amélioré sensiblement dans la desserte azuréenne. Des co-financements sont intervenus pour la Bibliothèque Leonardo de Vinci à l’Ariane ainsi que pour la Médiathèque de la Gare du Sud. même pour le financement du Grand Stade, encore que le projet a été imposé, la Région est intervenue avec un apport pas du tout marginal.
Dois-je rappeler que l’opération la plus couteuse est celle qui regarde le Lycée des Eucalyptus qui coutera 45 millions d’euros ?
La vérité est que Monsieur Estrosi a une bien étrange définition de la collaboration : Je décide et tu payes. Sinon, il crie au complot régional contre Nice. Mais puisque la chanson est toujours la même, maintenant on connait le refrain ! ».
La conclusion au bon peuple de la rose est d’une linéarité sans faille : En 2013, nous allons mener une bataille politique pour que les réformes du gouvernement s’appliquent le mieux possible ici. Et, de ce fait, nous allons mettre à défaut la droite locale et jouer toutes nos cartes pour les élections municipales° « .
Pour finir, encore une batterie de critiques pour Christian Estrosi: ‘ La ville manque de mobilité et on a anticipé la construction du stade au lieu d’investir dans le ligne 2 du tramway qui devait être la priorité ».
Et ajouter avec malice: » Le Maire de Nice privilégie toujours le paraître au nécessaire. ».
Presque un slogan pour une campagne électorale !