L’actualité politique est connectée, depuis quelques jours, sur l’annonce du retour en politique de l’ancien Président de la République, Nicolas Sarkozy. En fait, pourquoi parler de retour ? Pour revenir, il faudrait être parti mais, franchement, ce n’est pas franchement le cas puisque Nicolas Sarkozy n’a jamais quitté la politique.
Depuis son départ de l’Elysée, il a continué à faire de la politique mais d’une manière différente, dans la naphtaline et derrière le rideau.
Sinon, pourquoi l’association Les Amis de Nicolas Sarkozy (dont le président est tout à fait par hasard l’ami de coeur, Brice Hortefeux) serait-elle née à l’été 2012 ? Certainement pas pour le plaisir d’un pic-nique avec Nadine Morano.
Pourquoi supporter discrètement (mais pas tant que ça) Jean-François Capé lors de l’élection présidentielle de l’UMP à l’automne successif sinon pour mieux savonner la planche à son ancien « collaborateur » François Fillon afin de lui empêcher de prendre en main le parti vu les ambitions présidentielles affichées par celui-ci ?
Et que dire de l’affaire Sarkothon qui a engendré Bygmalion, sinon que sa présence au parti, par l’intermédiaire d’hommes de confiance, restait influente ?
Pour ne pas citer les apparitions en tant qu’accompagnateur de son épouse, la chanteuse Carla Bruni, dont le tour musical n’était en fait qu’une opération de relations publiques de l’ex-président.
La vérité est que Nicolas Sarkozy n’a eu qu’une idée le 6 mai au soir : Revenir, parce qu’avoir été battu par un « nul » (comme il définit son successeur d’après les confidences de ses collaborateurs) lui est insupportable. D’ailleurs son expression le soir de la défaite le laissait apparaitre sans aucune ambiguïté.
Comment expliquer cette obsession ?
Le poète latin Catulle écrivait que » l’amour s’oppose à la haine, l’une se compose avec l’autre, puis se confondent en une seule chose et celle-ci est la vie », … mais pourquoi, pour certains, la haine se tourne souvent, plus que vers l’amour, vers le pouvoir ? Il faudrait le demander au bon docteur Freud, s’il était encore là.
Nicolas Sarkozy va donc revenir, nous dit-il, porteur d’un nouveau projet qui veut refonder d’abord l’UMP ou celui qui sera « son » parti et puis, dans la foulée, la France en 2017.
Les propos sont audacieux , l’ambition immense : Changer la France. Rien que ça ?. Mais, comme l’histoire nous le rappelle, sous Bonaparte se cachait Napoléon. Doit-on donc s’attendre à que la France devienne un potentat personnel ? Sarkokhan, Sarkoland, Sarkozie ?
Devant tant d’ardeur et un peu d’outrecuidance, les paroles Bertolt Brecht sont prémonitoires : » Malheureux sont les pays qui ont besoin de héros ».
Mais, cette (re)conquête du bon peuple de droite pour redevenir leur champion sera si simple et facile que ça ?
Les candidats déclarés à la présidence de l’UMP* seront-ils balayés par un revers de la main ou d’une annonce ? A la primaire de droite en 2016 seront-ils écrasés, le moment venu, par le turbo-compresseur SarkoBis ?
En attendant « de voir ce que vous allez (peut-être) voir », il serait bien que Monsieur le revenant nous donne quelques explications, non déjà sur les affaires judiciaires dans lesquelles il est impliqué et qui sont du ressort de la magistrature, mais au moins en ce qui concerne la présence de certains personnages (passé, présent et futur confondus), dans son « cercle » : L’ancien général de l’Elysée puis Ministre de l’Intérieur épinglé pour avoir vendu deux tableaux sans valeur à un citoyen malaisien sans nom pour 500 000 euros (sic !), son conseiller es-idéologie à l’Elysée auteur d’enregistrements des conversations privées avec lui , dont on a lu quelques extraits parus dans la presse, son avocat et ami qui disposait des portables sous faux nom pour les conversations entre eux-deux et d’autres interlocuteurs pour des dossiers compromettants.
Il serait bien que, quand on veut assumer le rôle du « sauveur de la patrie », on commence à mettre de l’ordre dans son propre comportement en n’oubliant pas que l’éthique des comportements chère à Kant s’accorde bien avec l’ontologie de Spinoza.
Enfin, quelles conséquences sur le plan de la politique locale ?
On sait qu’Eric Ciotti a exprimé depuis longtemps son choix pour la candidature de François Fillon.
Quant à Christian Estrosi il a rallié tout de suite le cercle de Nicolas Sarkozy. Il est avec Brice Hortefeux un des maréchaux , garants de la continuité, face à la meute des jeunes loups affamés de gloire et d’honneur. Il aurait pu être (ou essayer d’être) le « Maire de la République » par son profil populaire et ses capacités de gestionnaire largement expérimentées.
Comme nous le précise Kant, chacun est libre de choisir entre être « naturaliter maiorennes » ou préférer un confortable tutorat.
Christian Estrosi dit qu’il a choisi d’être « un soutien vigilant » de Nicolas Sarkozy.
Il nous soit permis de lui rappeler que… l’adjectif qualifie mais ne remplace pas le substantif !