Le 29 mai 2005 représente la première victoire de la gauche française antilibérale. Elle a dynamisé tous les militants de la gauche du non, ceux qui militaient pour s’opposer et qui désormais militent pour gagner. C’est cette gauche là que Marie Georges Buffet a tenté de convaincre mercredi soir au Palais Acropolis de Nice, celle des collectifs issus du 29 mai composés des Alternatifs, des Verts et d’une partie minoritaire de la Ligue Communiste Révolutionnaire.
Qu’on ne s’y trompe pas : Marie Georges est en campagne. Mercredi à Nice, jeudi à Martigues, elle cherche à séduire pour l’échéance des primaires de la gauche antilibérale des 9 et 10 décembre prochain. Ses adversaires battent également le pavé, rencontrent les militants, stigmatisent la précarité. Ils se nomment Clémentine Autain (adjointe apparentée PCF à la Marie de Paris), le militant altermondialiste José Bové, Patrick Braouezec (député communiste de Saint-Denis) et Yves Salesse de la Fondation Copernic. L’espoir de convaincre Olivier Besancenot est réalité. Moins chez Marie Georges que chez les militants. La côte du facteur de la LCR est importante. Elle devra lutter. Mais ce n’est pas un verbe qui lui fait peur. Bien au contraire.
Marie Georges Buffet s’est émue de sa visite de logements à Antibes. Elle y a rencontré des femmes vivant dans des conditions de précarité extrême dans le département du « Sarkozyste Estrosi qui suit son maître, de l’ultralibéralisme et du très répressif ». Peu avant son entrée en scène, elle nous confiait : «Je vais écouter et tenir compte de ce qui va être dit durant cette rencontre ». Elle a écouté, acquiescé, parfois discrètement sourcillé durant la tribune où les différents représentants des collectifs azuréens se sont exprimés puis les spectateurs pas encore convaincus mais sympathisants. Un dénominateur commun l’antilibéralisme, un deuxième l’antisarko, un troisième le rassemblement. On s’inquiète malgré tout. On s’interroge sur le ou la candidate idéale pour cette gauche anti-libérale. Les collectifs n’aiment pas les partis et encore moins leur chef de file. Marie Georges devra rassurer. Elle va y parvenir. Elle légitime l’utilité des collectifs en leur demandant de faire encore plus. Elle s’adresse à eux solennellement : « La victoire passe par vous. Plus vous serez nombreux mieux ce sera pour prendre des décisions collectives. Ca vaut le coup de mettre de l’enthousiasme et d’y aller ! »
Derrière son pupitre, elle harangue, s’agite, suscite l’écoute. Un mot : Urgence. « Urgence de battre la droite, urgence d’agir, urgence pour tout les combats contre le libéralisme». Elle critique vivement Nicolas Sarkozy, le « petit Bush », pour sa politique intérieure et sa visite aux Etats-Unis. La secrétaire nationale du PCF s’en prend au Ministre des Affaires Etrangères Philippe Douste Blazy : « J’aurais aimé l’entendre condamner l’agression meurtrière d’Israël au lieu de louer les effets positifs de la construction du mur ». Après la droite, vient le tour de la gauche Royale : « Si la gauche socialiste libérale l’emporte, la droite sera pire en 2012 ». L’ancienne ministre du gouvernement Jospin (ndlr : au ministère de la jeunesse et des sports de 1997 à 2002) revient sur le terme « démocratie » : « Je n’aime pas les adjectifs qui accompagnent ce mot. Je veux une démocratie pleine ». Une simple attaque frontale envers tout ceux qui parlent de démocratie participative, de démocratie d’opinion. Elle décrit son programme : SMIC à 1500€, service public du logement, régularisation des sans-papiers avec droit de vote pour les étrangers vivant en France, une sécurité sociale universelle en supprimant les exonérations des grandes entreprises, des salariés ayant autant de pouvoir que les actionnaires… Les mauvaises langues emploieront le vocable utopie. Elle y répondrait : « Il faut une réforme de la fiscalité pour rendre l’argent inutile utile. La TVA c’est 45% des revenus de l’Etat. L’impôt sur le revenu c’est 17% et sur les sociétés 15%. C’est politiquement incorrect mais il faut changer car c’est injuste. Ce programme n’est pas utopique. C’est ce qu’il faut faire. » Même Nicolas Hulot se fait attaquer : « L’écologie ce n’est pas apolitique ». Elle lui suggère de se déterminer politiquement.
Marie Georges Buffet veut surfer sur la confiance de ses troupes, garder leur moral intact après le 29 mai : « Nous sommes majoritaires en France. Ceux qui veulent que les choses changent sont majoritaires ». Ce discours a-t-il séduit ? Sera-t-elle la candidate de la gauche antilibérale et des collectifs ? Réponse le 10 décembre. Il lui resterait ensuite le temps de partir vers une autre campagne : la course aux électeurs y compris les déçus du PS et de sa lutte interne pour espérer être au second tour.