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22 novembre 2024

Municipales Nice 2014 : Décryptage d’un 1er tour et de son grand gagnant, l’abstention

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Frédéric Ganneval (Artenice) qui avait déjà analysé les sondages publiées sur le quotidien régional, en mettant en évidence ses carences méthodologiques, commente le le vote de dimanche dernier.


vote-3.jpg Au plan national on s’était ému lors des élections municipales de 2008, d’un record d’abstention au premier tour (33,46%) faisant déjà de l’abstention, le premier parti de France, record battu ! Le chiffre définitif tourne autour de 38.6%, soit 5 points de plus.

L’abstention aux élections municipales est un phénomène connu qui s’explique sociologiquement et politiquement.

Sociologiquement, la participation à un scrutin municipal dépend du sentiment d’insertion dans l’organisation sociale des citoyens.

Insertion économique : Plus un citoyen appartient à une CSP élevée, ou plus ses revenus sont élevés, plus il aura tendance à vouloir défendre, par le vote, ses intérêts économiques. A l’inverse, plus un citoyen se sent exclu du monde économique et plus il aura tendance à penser que son vote ne changera rien à sa situation.

Insertion communautaire: Plus un citoyen est actif dans sa commune, à travers une association (sportive, cultuelle, culturelle, sociale,…) et plus il aura tendance à défendre l’intérêt de son association à travers de son vote.

Enracinement dans sa commune : Plus un citoyen peut toucher de près l’impact que peut avoir son maire et son équipe municipale, plus il le croise dans la rue, plus il sera tenté de voter. C’est donc en toute logique, que les électeurs se mobilisent plus facilement dans les petites communes que dans les grandes métropoles. Par ailleurs, la pression immobilière poussant les citoyens à vivre dans de plus petites communes « dortoirs » sans pour autant qu’ils se sentent pleinement impliqués dans la vie de cette commune, dans lesquelles ils ne font que passer, explique l’érosion du vote dans ces petites agglomérations.

L’âge : En effet, le sentiment « patriotique » est corrélé à la classe d’âge à laquelle le citoyen appartient. Chez les 18-35 ans, voter est majoritairement perçu comme un droit, chez les plus de 65 ans c’est un devoir. Une exception, les primo votants qui font de leur vote un rite d’initiation à la vie adulte. Ce premier vote passé, le « droit » prend très vite le pas sur le « devoir ».

L’ensemble de ces indicateurs, l’augmentation du chômage, de la précarité, de la mobilité territoriale, mais également le fait que le sentiment de devoir voter disparaisse peu à peu, explique que sociologiquement les citoyens se mobilisent de moins en moins pour les élections qu’elles soient municipales ou présidentielles.

Politiquement, le manque d’enjeu ou d’offre politique participe également à renforcer l’abstention. Dans un contexte économique tendu, les citoyens se replient sur leurs besoins primaires (emploi, logement) et de sécurité (selon la célèbre pyramide de Maslow). Aussi, moins l’élection semble pouvoir apporter des réponses dans ces domaines, moins les citoyens ont tendance à se rendre aux urnes.

Par ailleurs la dilution du pouvoir (communautés de communes pour l’élection municipale, parlement européen pour l’élection présidentielle, …) et le manque de lecture de ce pouvoir n’incite pas le citoyen à voter. Il n’arrive plus à identifier qui peut faire quoi.

Enfin l’offre politique est perçue ni visionnaire, ni différente entre la gauche et la droite traditionnelles, ni finalement capable de répondre aux besoins primaires des citoyens. Ceci a un impact négatif sur l’intérêt des électeurs face au scrutin ou encore renforce le sentiment d’hostilité face la classe politique dans son ensemble amplifié par les querelles internes au sein des partis et les affaires qui salissent la classe politique dans son ensemble.

La loi sur le vote blanc va-t-elle changer les choses ?

La loi du 21 février dernier sur le décompte des votes blancs distincts des votes nuls et qui entrera en vigueur en Avril prochain n’aura que peu d’incidence sur l’abstention.

Pour que cette loi soit réellement incitative il faudrait que les votes blancs soient comptabilisés dans les suffrages exprimés et permettent plus clairement de donner aux abstentionnistes militants actuels un moyen à la fois de s’exprimer et de peser sur un scrutin. Faudra-t-il également, comme dans certains pays, obliger les électeurs à se rendre aux urnes pour effectuer leur devoir ? En Australie les citoyens qui ne sont pas inscrits sont passibles d’une amende de 50 dollars australien (28€), ceux qui sont inscrits et qui ne vont pas voter sont passibles d’une amende de 20 dollars (11€). L’abstention est passée de 40% en moyenne à moins de 8%.

Aussi, ce premier tour, que ce soit au plan national comme au plan local n’est pas une surprise.

Christian Estrosi

Ceux qui ont crié victoire pour Christian Estrosi au premier tour n’ont pas retenu les leçons de l’élection municipale de 2008 pendant laquelle Christian Estrosi avait été aussi donné gagnant dès le premier tour. A annoncer une victoire aussi écrasante, on ne fait que décourager les électeurs d’aller voter laissant ainsi la place à ceux qui soutiennent les outsiders du scrutin.

Patrick Allemand

Le 5 mars dernier, Artenice et le groupe de recherches « Sondages et Municipales » du département de Science Politique de l’Université de Nice, avait clairement montré que les électeurs qui avaient soutenu Patrick Allemand en 2008, étaient 40% à ne pas encore avoir fait un choix de candidat pour 2014. Un électorat fragilisé probablement par un discours clairement identifié mais également par un rejet du gouvernement actuel.

Marie-Christine Arnautu

Encore une fois, dans ce même dossier qu’Artenice a publié en Mars dernier, il ressortait clairement qu’il n’y avait pas d’écart significatif entre le candidat PS et la candidate FN et que, par conséquent, le score du FN pouvait devancer celui du PS et ce, d’autant plus que l’électorat FN (militant ou contestataire) est toujours très mobilisé.

Bettati

Enfin Olivier Bettati a pu profiter des électeurs qui attendaient un candidat hors de l’UMP et du PS sans pour autant succomber au FN. C’est ainsi qu’il crée la surprise et se hisse au second tour.

(A suivre demain, la seconde partie de l’analyse…)

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