Frédéric Ganneval (Artenice) revient sur les municipales de Nice en vue du second tour, dimanche prochain, qui désignera le nouveau Maire de Nice, et, de fait, le nouveau Président de la Métropole Nice Côte d’Azur..
Que peut-il se passer lors du second tour ?
Taux de participation national et à Nice
Au plan national, depuis 1983, le second tour mobilise plus d’électeurs qu’au premier tour. Par ailleurs, l’augmentation du nombre de triangulaires (plus d’une centaine dans des communes de plus de 30 000 habitants contre 62 en 2008) , de quadrangulaires (plus de 70 contre 14 en 2008) et même des pentagulaires (plus de 20 contre 1 en 2008) devrait provoquer un sursaut de participation relativement important, mais variable selon les communes, à la fois pour soutenir le candidat défendu ou pour faire barrage à d’autres candidats considérés comme « dangereux » ou incompétents.
En revanche, à Nice, le nombre de votants, même si l’on peut espérer qu’il augmente au second tour, ne devrait progresser que dans une moindre mesure.
En 2008, il avait augmenté de 2 points alors que Christian Estrosi n’était crédité que de 35.8% au premier tour (contre 44.98% en 2014). Il est peu probable que le taux de participation soit plus important au second tour car l’élection semble, encore une fois, être déjà remportée par Christian Estrosi. Le seul « sursaut » pourrait être observé par des abstentionnistes qui n’apprécient guère la présence du FN à la seconde place de ce scrutin.
Le phénomène FN aux municipales en France et à Nice
Longtemps, le FN a attiré vers lui le vote contestataire sans pour autant être confirmé lors d’un second tour. Devant le rejet de la classe politique traditionnelle dans son ensemble, il sera intéressant, dans ce second tour, de mesurer dans quelle proportion les électeurs sont prêts à confier les clés de leur ville, ou village, au Front National et, au contraire, combien changeront leur vote pour un parti moins sulfureux même si le FN a très largement soigné son image pour se rendre plus politiquement correct depuis l’arrivée de Marine Le Pen, en lieu et place de son père.
Il est intéressant de noter que la sous-évaluation systématique du FN par les sondeurs vient en partie du fait que cet électorat de premier tour n’assume pas encore en bloc ce vote. Il reste pour une grande partie, un vote contestataire et non militant. Les choses vont-elles changer ?
Rappel : La dernière quadrangulaire à Nice
En ce qui concerne Nice, la dernière quadrangulaire remonte à 1995. Jacques Peyrat change son étiquette FN (élection 1989) par celle de Divers Droite. Il est au second tour avec Jean Paul Barety (RPR), Paul Cuturello (Rassemblement de la Gauche) et Jean Pierre Gost (FN).
L’abstention au premier tour était de 46.17% (45.8% en 2014), Jacques Peyrat (33.99%) a moins de 8 points d’avance sur le candidat RPR, 14 points sur le candidat Union de la Gauche et 21 points d’avance sur le FN.
Le score étant relativement serré, au second tour, les électeurs se mobilisent, l’abstention perd pratiquement 10 points. Peyrat l’emporte avec 42.3% des suffrages exprimés.
Aujourd’hui la configuration est différente de celle de 1995, le contexte économique continue de se dégrader, la défiance politique est plus forte que jamais.
L’offre politique du second tour étant large, le scénario le plus « probable »
Christian Estrosi
Christian Estrosi obtient au premier tour un score écrasant. Près de 30 points d’avance sur le FN et le PS, il sera probablement handicapé par ce score important. Avec une réserve électorale faible, il aura du mal à gagner d’une manière significative des voix et peut-être en perdra-t-il quelques-unes en faveur, principalement d’Olivier Bettati, candidat de sensibilité droitière mais « neuf » sur la scène politique locale et qui peut incarner le « politiquement correct ».
La question qui se pose alors est de savoir comment vont se reporter les voix de Michel Cotta (0.53%), Robert Injey (5.38%), Philippe Vardon (4.44%) et Jacques Peyrat (3.69%).
Marie-Christiine Arnautu
Le FN perd une partie de son vote contestataire au profit d’Olivier Bettati ou, dans une moindre mesure, à Patrick Allemand mais profite du report du bloc identitaire et d’une partie des électeurs de Jacques Peyrat. En revanche il est peu probable que Mme Arnautu profite d’une partie des abstentionnistes du 1er tour qui va se rendre aux urnes au second tour. Soit, probablement, un score relativement stable.
Patrick Allemand
Le PS profite du report des voix du Front de Gauche et d’une partie des abstentionnistes de sensibilité PS mais déçu par le gouvernement actuel sans pour autant se reconnaitre dans un candidat de sensibilité droitière. 5 ou 6 points de mieux sont possibles.
Olivier Bettati
Olivier Bettati pourrait être la surprise de ce second tour. Avec son image de candidat « neuf et sans tâche » il pourrait également profiter d’une partie du vote contestataire FN, quelques voix DVD (Cotta et Peyrat), ainsi qu’une partie des abstentionnistes déçus à gauche comme à droite et qui ne souhaitent pas voir le FN prendre trop de voix au second tour . 5 points de mieux… voire plus ?