Le tunnel de la ligne 2 du tramway reste au centre du débat politique des élections municipales niçoises. Pour mémoire, tous les candidats sont d’accord pour une ligne est-ouest qui s’ajoute à celle en exercice tout en préconisant, sauf pour le maire sortant, son extension jusqu’à à La Trinité via l’Ariane.
Pour cette transversale Port-Aéroport, il y a également des voix dissonantes quant à sa destination initiale et/ou finale au Port en préférant une liaison avec la gare de Riquier.
Mais, l’unanimité est totale contre le projet de Christian Estrosi concernant son projet de tunnel, chacun apportant sa pierre à l’édifice de la polémique en le motivant de manière différente : Sécurité, coût, temps et bien d’autres !
Mais, rien n’a arrêté la détermination du maire de Nice: ni les recours administratifs, ni ceux des tribunaux. Le marché a été assigné, les contrats signés et les travaux préparatoires ont démarré au Port.
La campagne électorale est donc la dernière occasion pour relancer la polémique et tous les candidats ont déclaré que le premier acte, après leur élection, serait celui d’invalider les contrats, ce qui permet au maire sortant de les indiquer comme les responsables de nombreuses pénalités pouvant s’élever à plus de 100 millions d’euros, entièrement à la charge de la municipalité.
Naturellement, cette thèse n’est pas acceptée par ses adversaires qui prétendent avoir les bonnes raisons pour pouvoir le faire.
Ce qui nous importe, c’est de voir l’aspect politique de ce dossier : Olivier Bettati qui, ne l’oublions pas, avait voté la délibération du projet du tram souterrain (ce que d’ailleurs beaucoup lui reprochent ), l’explique ainsi : « Oui, j’ai changé d’idée après avoir eu connaissance d’un certain nombre de points qu’on nous avait cachés plus ou moins volontairement. D’ailleurs, quand on fait part d’une majorité, il y aussi une certaine discipline de groupe et on est obligé de se fier de ce qu’on nous dit).
Mais, quels sont ces nouveaux éléments qui devraient remettre en question une décision qui a été prise et qui a été validée par une enquête publique et une déclaration d’utilité publique ?
Deux indices : Les difficultés des travaux du parking Sulzer (Une commission technique ayant refusé cinq fois d’autoriser la mise en service pour les remontées d’eau au 6ème sous-sol) et surtout du parking du Port, dont les travaux sont arrêtés face aux difficultés rencontrées et autour desquelles, on raconte tout et son contraire…).
Devant une assistance largement composée de riverains du boulevard Victor Hugo, victimes présumées de la vocation « tunnelière » de Christian Estrosi , Olivier Bettati a relancer, une nouvelle fois, le jeu avec l’expertise scientifique du professeur Eric Gelli , Universitaire et géologue, qui avec une abondance de chiffres, explications scientifiques, considérations techniques a mis en défaut les éléments de base du dossier : Nappes alluvionales dans le sous-sol et particulièrement dans les zones où la ligne passera, possible circulation des eaux souterraines, sol calcaire et gypse qui pourraient permettre ou favoriser la remontée d’eau.
De plus, selon lui, la nature du sol combinée aux techniques de creusement aurait de fortes chances de provoquer des fissurations dans les immeubles intéressés (Un cas analogue se serait déjà produit dans les rues proche du port suite aux travaux pour le parking).
Enfin, les coûts dénoncés (270 M€) sont jugés non crédibles par l’expert universitaire qui, compte tenu des problématiques ignorés dans le projet, des probables difficultés non prévues et des modifications et intégrations qui seront nécessaires, estime plutôt celui-ci pas loin du milliard d’euros.
Bref, si creuser un tunnel est loin d’être un problème technologique, des nombreuses incertitudes restent quant aux retombées. Le scepticisme des présents était palpable : L’optimisme de la volonté de Christian Estrosi ou le pessimisme de la raison d’Olivier Bettati qui a fait siennes les raisons de son expert ?
Effectivement, l’intervention de ce dernier a été fortement pédagogique et supporté par des éléments probants.
Qui croire quand on a pas la compétence scientifique pour comprendre la valeur de la majeure partie de ces affirmations ?
L’ambition du maire de Nice d’affirmer ses idées irait jusqu’au point de le faire prendre des risques non calculés et non maitrisables ?
On est parti de la réunion en restant sur notre faim, mais heureusement il était juste l’heure de dîner !
