Jour J, Day D, H moins quelques heures : jeudi 16 novembre les militants du Parti Socialiste vont désigner leur candidat par 218 771 bulletins dans une élection ouverte à partir de 16h dans toutes les sections du PS soit 4000 bureaux. Le scrutin est majoritaire à deux tours avec comptabilisation des votes blancs. Si aucun des candidats atteint les 50%, le deuxième tour se déroulera le 23 novembre.
Ségolène Royal apparente les primaires socialistes à un premier tour des Présidentielles contre la Droite. Sur la durée de la campagne, elle n’a pas tort. Tout comme sur l’exposition. Le vote interne et ses débats ont fait la une des médias depuis l’été. De quoi être épuisés et même à court d’arguments. Nicolas Sarkozy s’en frotte les mains et Thierry Solère, responsable des Blogs UMP le confirme dans un article du Monde daté du 15 novembre : « Il le dit souvent. L’idéal c’est une Ségolène Royal affaiblie ». Entre surenchère des idées et ripostes aux attaques, il est à se demander si le candidat désigné sortira indemne, sans cicatrices et sans blessures.
Après le 23 novembre (ou le 16), les divergences devront coaguler pour faire du candidat socialiste le représentant de tous les socialistes. Les pièces du puzzle devront se rassembler pour constituer un ensemble uniforme. Ce n’est pas gagner et aujourd’hui difficile à imaginer. François Hollande, le premier secrétaire a déclaré qu’il mènera la campagne aux côtés de l’élu de ses militants : « On ne pourra se passer d’aucune sensibilité, d’aucune compétence, d’aucune personnalité. C’est mon rôle d’y veiller. Le temps n’est pas aux sanctions, il est au rassemblement et au vote. La démocratie est la plus belle des disciplines. » La camaraderie démocratique autorise certainement de diffuser des vidéos néfastes sa rivale et qui laisseront des séquelles pour la Grande Campagne, celle du printemps. La camaraderie démocratique autorise aussi à faire passer ses rivaux pour les plus machistes des Français.
Sur le plan local, Nathalie Audin, soutien de DSK, a défendu son favori mais dans nos colonnes n’a pas manqué de critiquer Ségolène Royal : « On est resté le plus souvent dans l’ordre du constat et dans une sorte de miroir renvoyant les attentes supposées de l’opinion. » Olivier Tafanelli, soutien de Ségolène Royal, « crains que globalement les français retiennent que ces débats ont surtout été instrumentalisés par DSK et FABIUS en vue de tenter de décrédibiliser Ségolène Royal ». Dominique Boy-Mottard, soutien de Laurent Fabius reconnaît : « Quel que soit le candidat que l’on choisit, tous ont sur ce point une part de subjectivité. Donc ce sera sans doute aussi mon cas, forcément… » et souligne : « deux candidats se sont montrés très différents de la troisième, acceptant de répondre aux questions réellement sur le fond, faisant ainsi la preuve de leur compétence sur la plupart des dossiers évoqués (ce qui est sans doute normal étant donné leur expérience à des postes de haute responsabilité). Ségolène Royal semblait nerveuse, pas toujours très à l’aise (refusant de répondre aux questions) et s’est même montrée quelquefois agressive. » Tous, pourtant, soutiendront le même candidat socialiste, le même projet. Leur bon sens politique comme par magie refera surface pour sceller une union et combler les craquelures de la maison PS pour les Présidentielles et les législatives.
Mais qu’en sera-t-il pour les militants ? Beaucoup des 70 000 nouveaux adhérents se sont « cartés » avec la vague de popularité de la présidente de Poitou-Charentes, d’autres ont profité de l’adhésion à 20€ possible directement sur Internet. Il est difficile de savoir si les 6 débats et la campagne ont atténué leur engouement. François Hollande pronostique 80% de participation. Moins ce serait un demi-échec pour le PS tout comme un fort vote blanc.