Deux réflexions après avoir subi en rafale les résultats qui font de la France la base avancée de l’extrême droite en Europe.
Après la déroute des municipales, le Président Hollande a clairement changé de cap en nommant Manuel Valls sur la base d’un programme de réformes très ambitieux.
Quelques semaines après cet acte fondateur, il ne fallait pas attendre de miracle aux Européennes. Mais, même sans miracle, on pouvait légitimement espérer que la bonne côte du Premier Ministre dans l’opinion se traduise par un frémissement électoral. Le moins qu’on puisse dire est que de frémissement, il n’y eut pas.
À partir de là, ce soir, le Premier Ministre ne pouvait que réaffirmer sa volonté de mettre en application le plus rapidement possible son programme encore tout frais. Mais, il est certain que les résultats de ce soir, même s’il faut les relativiser (tour à tour, Pasqua contre Chirac,Tapie contre Rocard, les Verts contre le PS, furent les stars éphémères d’élections européennes), ne feront que retarder une éventuelle relance de la politique gouvernementale. Rien n’est perdu, mais rien n’est gagné : la rentrée sera déterminante.
Plus en profondeur, l’autre mauvaise nouvelle pour la République est le faible score de l’UMP. Dans le contexte politique actuel, c’était au parti d’opposition de droite d’engranger le bénéfice des difficultés du gouvernement. Rien de tel.
Et, quand on sait que le système politique français ne peut pas durablement fonctionner sur la base d’un tripartisme, on a de quoi s’inquiéter : et si la stratégie à l’italienne d’éviction de la droite classique par l’extrême droite était en train de prendre corps ? Dans ce cas de figure, on assisterait à une brutale radicalisation de la vie politique que plus personne ne maîtriserait en même temps qu’elle affaiblirait durablement notre pays.
Le scénario n’est pas encore écrit, mais on sait déjà que ce ne serait pas de la science-fiction.