Les radicaux de gauche et les radicaux « valoisiens » ont échangé pendant deux jours à Montpellier sur le thème du rassemblement: à cet issu , il est pertinent de se poser la question de savoir si la République a besoin de ce radicalisme qui l’a portée sur les fonds baptismaux au XXe siècle.
Pour moi la réponse est sans ambiguïté : oui- dit Patrick Mottard , président départemental et coordinateur régional du PRG
Si avec d’autres courants et formations politiques nous pouvons partager notre projet économique (fait d’équilibre entre les réformes structurelles et la justice sociale) ou notre projet européen fédéraliste et notre volonté d’avancer sur les questions sociétales (cannabis, euthanasie…), il n’en est pas de même sur ce qui a toujours été la colonne vertébrale du radicalisme : la laïcité.
Notre République est sur la voie du communautarisme et rend crédible un avenir à la Houellebecq. Une grande partie de la gauche danse une bossa nova incertaine entre angélisme et politiquement correct tout en flirtant dangereusement avec le relativisme culturel, et la droite, avec son discours électoraliste et tartarinesque, est en dessous de tout quand elle a la main notamment dans les collectivités locales où la tentation du clientélisme est forte. Quant au président Macron, le moins qu’on puisse dire est qu’il n’est pas un foudre de guerre sur ces questions et qu’une partie de son entourage ne peut qu’inquiéter à cet égard.
Dans un espace politique pourtant vital pour l’avenir de notre République mais déserté par tous, les radicaux ont la légitimité pour intervenir puissamment en ouvrant les perspectives nouvelles qu’attend la population. Encore faut-il sortir de l’incantation qui se résume parfois au tribunes de congrès à crier « laïcité ! laïcité ! laïcité ! » comme d’autres criaient en sautant comme des cabris – dixit le Général De Gaulle : « Europe! Europe ! Europe ! »
En effet, nous devons réinventer la laïcité : nous ne sommes plus dans la société relativement apaisée de l’avant 11 septembre. Dans nos rangs, nous avons suffisamment de chercheurs, de spécialistes, d’acteurs de terrain, de militants pour relever le défi : inventer la laïcité du XXe siècle, celle qui éradiquera l’intégrisme. Gageons qu’à partir de là, les radicaux seront écoutés et pourquoi pas suivis un peu partout en Europe, notamment dans les pays qui sont déjà tombés dans les rets du communautarisme.
En France, forte de ce nouvel élan, notre formation que je souhaite réunifiée – c’est même un préalable – pourra ainsi rassembler tous les radicaux qu’ils soient en deçà ou au-delà de la frontière macroniste mais aussi une partie des socialistes (on pense bien sûr à Valls et ses amis) et une grande partie de l’UDI et du MODEM.
Tout cela est possible à une condition qui nous a souvent fait défaut : avoir l’audace d’être nous-mêmes.
par Patrick Mottard