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22 novembre 2024

Patrick Mottard répond à Sian d’Aqui

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jpg_sian-daqui-mottard.jpg Sian d’Aqui : Quelles actions comptez-vous mener en faveur du retour de la cour d’appel ?

Patrick Mottard : L’éloignement de la cour d’Aix-en-Provence de Nice nuit au fonctionnement de la justice et
détache la population de ses droits et devoirs juridiques. De plus, comment gérer la
contradiction entre une logique d’économie d’énergie et de développement durable d’une
part et d’autre part les conséquences financières et environnementales des innombrables
déplacements des justiciables et de leurs avocats ?
Mais cette question reste de la compétence exclusive de l’Etat et du ministère de la justice.
La seule action pouvant être menée par la municipalité est une action de lobbying. Celle-ci
sera d’autant plus pertinente et efficace qu’elle mobilisera le plus grand panel d’acteurs
locaux.
Une mobilisation de l’ensemble de la Côte d’Azur représentant près d’un million d’habitants
sera nécessaire. Elle devra être conduite par le maire de Nice, premier magistrat de la ville et
des spécialistes du droit.
Je compte donc réunir dans une démarche commune : magistrats, avocats, acteurs
économiques, syndicats, élus, décideurs politiques locaux… Je lancerai une grande action
engageant tous les Niçois et les Azuréens exprimant leur volonté et le besoin d’une cour
d’appel.

Sian d’Aqui : Quelle structure sera implantée à l’emplacement de l’actuelle Gare du Sud ?

Patrick Mottard : Nous avons prévu de faire du train des pignes un « tram-train », ce qui remodèlera
complètement le quartier et permettra de le revaloriser par des opérations de transformation
urbaine. Cette restructuration favorisera la réhabilitation de tout le quartier, de la Libération
à la gare SNCF.
Concernant le site de la Gare du Sud, l’aménagement urbain devra revitaliser la centralité de
la place de « la Libé » pour les Niçois comme c’était le cas auparavant. Cet aménagement
devra donc intégrer des services pour les habitants (police municipale, salles de réunion
pour les associations, équipements sportifs…).
La grande salle, avec la verrière remontée, doit constituer le coeur d’une Gare du Sud
réhabilitée. Déplacer le marché dans des Halles ne me semble pas une bonne idée dans la
mesure où tout cet espace serait inutilisé la moitié de la journée (le quartier resterait alors
sans animation). Cette grande salle pourrait abriter un espace culturel ouvert aux artistes
locaux mais permettant d’accueillir les expositions internationales (une telle salle manque à
notre ville). De grandes expositions sur le cinéma, en liaison avec la Cinémathèque,
pourraient compléter le dispositif. Autre possibilité : l’aménagement d’une Maison de la
Science accueillant des expositions assorties de communications de chercheurs travaillant
dans les disciplines les plus variées.

Sian d’Aqui : Quelle est votre position sur le futur « grand stade » ?

Patrick Mottard : Concernant le Grand Stade, j’ai été le premier candidat à afficher ma position en proposant
de créer un complexe sportif intégré à la ville.
Les élus actuels, prétextant des appels d’offres en cours, cachent la vérité aux Niçois : le
Grand stade ne se fera pas dans la plaine du Var dans les conditions annoncées, pour des
raisons urbanistiques et financières.
C’est pourquoi je pense que le Grand stade doit rester au Ray. Avec mon équipe, nous avons
travaillé sur un projet de complexe sportif urbain (voir, par exemple, le complexe ludicocommercial
« ARENA » accueillant l’AJAX d’Amsterdam) pour fournir à l’OGCNice un stade à
la mesure de ses ambitions. Ce complexe sportif réunira de nombreux services pour les
niçois :
– un stade de 26 000 places de qualité pour les sportifs de haut niveau,
– des installations sportives à destination de tous les Niçois : tennis (palliant ainsi la
disparition des deux courts du « Tennis Club Méditerranée »), salle de sports…
– un accès direct au tramway et un parc de stationnement,
– une galerie commerciale et de loisirs pour dynamiser la vie de quartier.

Sian d’Aqui : Ne trouvez-vous pas légitime que Nice devienne capitale de région dans un nouveau
découpage ?

Patrick Mottard : Il existe deux possibilités.
La première consiste à diviser la région PACA entre deux capitales régionales et faire de Nice
la capitale d’une région issue d’une partition : cette option n’est pas souhaitable car une
région de petite taille aurait d’importantes difficultés à faire entendre sa voix face à des
régions plus vastes et plus peuplées.
L’autre possibilité est de créer des régions transnationales. L’Union Européenne travaille à la
création de ces euro-régions en ce moment même : ces régions plus étendues
correspondent aux objectifs de coopération transcendant les frontières et les peuples de
l’Union Européenne auxquels adhère « Nice Autrement », comme nous l’avons montré en
organisant une journée spécifiquement dédiée à la présence des citoyens de l’Union
Européenne à Nice. De telles régions existent déjà, telle la région Pyrénées-Méditerranée. Si
une région de ce type venait à voir le jour autour de Nice, elle engloberait plusieurs villes
d’importance (Nice, Marseille, Gênes, Turin…), si bien qu’aucune ne jouirait d’une position
dominante par rapport aux autres, l’objectif des euro-régions étant de développer la
coopération entre villes et aires régionales et non de déplacer le centralisme de l’échelon
national à l’échelon régional. Dans ce cadre, un re-découpage des régions est envisageable
(il est d’ailleurs en cours), mais Nice ne serait pas capitale d’une telle super-région, puisque
celle-ci aurait vocation à ne pas en avoir.

Sian d’Aqui : Quelles actions envisagez-vous en faveur de l’apprentissage de la langue niçoise
dans les écoles, collèges, lycées et universités ?

Patrick Mottard : A travers le « libre blanc » de l’Education nationale concernant les langues régionales, le
niçois est identifié comme une langue vivante à part entière. Ce livre propose une série de
mesures pour développer l’usage et l’apprentissage du niçois. Il convient d’abord de veiller à
ce que ces dispositions soient bien mises en place. Chaque enfant niçois devra avoir reçu
dans son cursus primaire une initiation au niçois. Un budget sera consacré à des actions
menées par les différents intervenants incluant, en application des solidarités
intergénérationnelles, des personnes expérimentées, retraitées en particulier, agissant
auprès des élèves pendant les temps optionnels et périscolaires.
Pour promouvoir l’apprentissage de la langue niçoise, nous devons faciliter la diffusion des
oeuvres écrites en niçois. L’histoire de la culture montre que les « artistes en herbe »
s’épanouissent dans l’héritage culturel, dans la manifestation de la culture populaire. De
Rosalinde Rancher à Francis Gag et aujourd’hui Noëlle Perna, de nombreux écrivains et
poètes ont redonné vie à la langue niçoise.
Et pour faire réellement vivre la langue niçoise, je propose de réaliser un Concours annuel de
« nouveaux mots » niçois pour conserver à notre langue son caractère populaire et actuel.

Sian d’Aqui : Avez-vous l’intention de poursuivre ou d’améliorer la célébration des fêtes niçoises ?

Patrick Mottard : La célébration des fêtes niçoises relève de l’attachement au patrimoine historique et culturel
local, au même titre que la découverte ou la redécouverte des péripéties et tragédies qui ont
accompagné la ville depuis sa création jusqu’à aujourd’hui.
Lu mai (lou festin de Nissa), les bals de quartiers, les Festins des Cougourdes, les
processions des Pénitents, l’hommage à Catherine Ségurane ou le traditionnel Carnaval ont
toujours permis à la population, jusqu’à une époque récente, d’exprimer ses sentiments sur
les rivalités locales et le pouvoir des notables, les luttes d’influence et les conditions de vie
qu’ils subissaient, en même temps que d’affirmer un immense besoin de convivialité.
Il est cependant nécessaire de ne pas réduire ces fêtes à des « coutumes folkloriques ». Je
propose donc d’actualiser toutes ces célébrations afin qu’elles soient plus en phase avec
notre mode vie actuel. Aussi, je lancerai un grand appel à la « modernisation » de ces fêtes
afin qu’elles se perpétuent et qu’elles soient appropriées par nos contemporains (concert,
création artistique, etc…).

Sian d’Aqui : Quel avenir pour le carnaval ?

Patrick Mottard : Le Carnaval de Nice n’a pas su se moderniser et rester l’événement. Il ne représente
aujourd’hui plus qu’un intérêt touristique très réducteur. Il a perdu son caractère anarchique
et revendicatif.
Il est nécessaire de faire évoluer le Carnaval afin que les Niçois se le réapproprient (comme
cela a été fait pour le carnaval de Venise).
Pour cela il faut développer un carnaval de proximité et un carnaval populaire :
– carnavals de quartiers,
– carnaval associatif avec défilé et rencontre de toutes les associations de Nice,
– animations populaires : concerts, arts de rue, bal masqué,
– carnaval grotesque permettant d’exprimer l’ironie de notre société,
– association d’un pays européen à chaque nouvelle édition du Carnaval.
Je propose également que les prochains thèmes de carnaval soient populaires et solidaires :
les resto du coeur (concert…), sol en si (comédie musicale)…
Par ailleurs, des éléments des chars du carnaval pourraient être installés en ville comme
éléments d’art urbain (sculptures monumentales) à partir de l’été suivant le carnaval et
participer à l’identité urbaine niçoise.
La création d’un musée du carnaval permettrait de conserver et valoriser ses caractères
culturels, sociétaux, patrimoniaux ou artistiques. Les expositions permanentes mettraient en
scène le patrimoine du carnaval niçois (histoire, signification…). Les expositions temporaires
feraient découvrir des carnavals étrangers et révèleraient des thématiques particulières.

Sian d’Aqui : Pensez-vous que les lieux d’expression pour la culture niçoise soient suffisants ou
satisfaisants ?

Patrick Mottard : La culture niçoise est trop souvent considérée comme stéréotypé ou folklorique, ce qui la
déprécie. Les lieux d’expression niçoise (Francis Gag, le Pois chiche) sont rares et
confidentiels. Il est donc nécessaire de diffuser la culture niçoise à travers des lieux
populaires et non pas les cantonner à des lieux spécifiques réservés uniquement à cet effet
(ghettoïsation de la culture niçoise). Le Théâtre National de Nice devrait afficher ses
créations comme niçoises et diffuser, à travers un festival annuel, les créations actuelles
niçoises (type quinzaine PACA).

Sian d’Aqui : Quels moyens prévoyez-vous de mettre en oeuvre pour favoriser la création et la
diffusion de la culture niçoise ?

Patrick Mottard : La ville de Nice possède un musée d’art contemporain, un espace de création nationale (villa
Arson) mais pas de lieux de création locale, rôle que jouaient les « Diables bleus »
auparavant. L’institutionnalisation des entrepôts SPADA n’est pas suffisante. Il est donc
nécessaire de créer un espace de création libre et ouvert.
La littérature niçoise est très riche, mais n’est pas soutenue pour sa diffusion ni son édition.
Il est donc nécessaire de prévoir un plan de soutien à l’édition locale. Et également, de
faciliter l’accès aux ouvrages dans les bibliothèques, et d’encourager la production de
nouvelles oeuvres en niçois.

Sian d’Aqui : Peut-on envisager dans les chartes relatives à l’urbanisme un volet relatif à
l’identité niçoise ?

Patrick Mottard : Je le crois. La culture niçoise, c’est aussi son architecture. Comme je l’ai déjà précisé lors de
la présentation de mon programme sur le logement, il est nécessaire d’agir par le Plan Local
d’Urbanisme (PLU). D’une part, en préservant les quartiers historiques (ports, Vieux-Nice,
quartier des Musiciens…) et d’autre part, pour rendre à Nice son audace créative de la
« Belle Epoque », en développant l’art dans la ville avec obligation de trois éléments
décoratifs (frises, peintures, design…) dans tout nouveau bâtiment niçois. Il faudra
également développer l’art mural, notamment pour habiller les murs pignons (obligation
réglementaire).
La qualité architecturale fait partie du prestige d’une ville et ce prestige est essentiel
économiquement pour une ville qui tire une grande partie de ses revenus du tourisme. Mais,
ce n’est pas la seule raison qu’il y a à défendre le patrimoine architectural : l’attachement
d’un habitant à sa ville, à son quartier, dépend aussi de l’attrait esthétique de ceux-ci. C’est
pourquoi une charte de l’architecture doit être basée sur des principes rigoureux en terme
d’intégration des bâtiments, anciens et récents, au paysage urbain. Pour autant, elle ne
saurait être un manifeste traditionaliste. Il ne s’agit pas de chercher à singer à tout prix
l’architecture du passé, mais de s’assurer que chaque bâtiment trouve sa place dans une
unité urbaine (ce pourrait être le cas d’une gare du Sud rénovée) tout en intégrant les
normes HQE dans les constructions et rénovations.

Sian d’Aqui : Quelles sont vos propositions pour promouvoir et valoriser l’identité niçoise ?

Patrick Mottard : Comme vous l’aurez remarqué, j’ai exposé dans chacune de mes réponses des propositions
concrètes pour renforcer la culture niçoise. J’ai déjà eu l’occasion de le faire par ailleurs en
développant mon programme municipal.
En voici donc un petit récapitulatif (liste non exhaustive) :
– Plan de soutien à l’édition locale,
– Nice capitale du soleil : le développement durable comme élément de l’identité niçoise,
– Carnaval rénové : musée du carnaval, chars du carnaval comme art urbain, carnaval
populaire, carnaval du monde, etc
– « Nicecitta » : Nice ville de l’image et du cinéma,
– Concours annuel de « nouveaux mots » niçois,
– « Nuit noire » de Nice comme vitrine culturelle de la ville (21 décembre pour lancer la
saison touristique d’hiver),
– Coopération interrégionale transfrontalière,
– Complexe sportif urbain pour accueillir l’OGC Nice,
– Restaurer le pilou comme réappropriation de l’espace public niçois,
– « Modernisation » des fêtes niçoises,
– Espace de création libre et ouvert,
– Audace architecturale niçoise et arts décoratifs.

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