Nice Premium : Patrick Mottard, les membres du PS présents sur votre liste ont été exclus. Quelle est votre réaction suite à cela ?
Patrick Mottard : Le sentiment d’un immense gâchis. La trentaine de camarades exclus parce que figurant sur la liste Nice Autrement totalisent 335 années de militantisme au PS. Il y a les « historiques » de 1971 et du congrès d’Epinay, des adhérents de la génération Mitterrand de 1981, des adhérents de 2002 engagés contre la candidature de Le Pen aux Présidentielles, et bien sûr des adhérents de la dernière présidentielle. Parmi tous ceux-là, deux étudiants de 20 ans et une militante qui était à la SFIO avant la création de l’actuel Parti socialiste (auprès de Jean Poperen) et que nous avons placée symboliquement en fin de liste.
NP : Comment les militants ont-ils été informés de cette décision ?
Patrick Mottard : Par lettre individuelle, envoyée deux jours après que nous avons rendu publique la liste de Nice Autrement, un message poli et froid commençant par « Cher camarade » et se terminant par l’expression de sentiments distingués. Personne n’a été entendu, aucune possibilité d’appel est prévue. Mais si la décision est nationale, la demande est locale. La décision prend appui sur l’article 11.19 des statuts du PS qui prévoit cette exclusion suite à la saisine par l’une des parties en causes (en l’occurrence le premier secrétaire fédéral du PS des Alpes-Maritimes).
Petite anecdote : deux des exclus ont été en même temps convoqués en tant que membres de la Commission Fédérale des Conflits (le tribunal du PS) pour siéger lors de la mise en cause des dissidents de la Trinité qui présentent une liste contre celle soutenue par Patrick Allemand conduite par un communiste !
NP : Vous-même avez été exclu dans un premier temps. C’est donc une suite logique dans le raisonnement du PS non ?
Patrick Mottard : En fait, le Parti socialiste n’a pas exclu ceux qui, parmi ses responsables, avaient pris position contre le PS au moment du référendum sur le Traité européen ; il n’a pas réagi quand des ministres de l’ouverture dans le gouvernement de droite affirmaient avoir toujours leur carte du PS ; il n’a pas réagi quand ses divers responsables ont écrit les uns contre les autres des livres à la limite de la diffamation. Alors, on a l’impression que la logique est à géométrie variable. Je n’ai pas entendu Patrick Allemand réagir violemment quand Chantal Maimon, l’une de ses proches, responsable de la section socialiste de Mandelieu, a décidé de partir aux municipales derrière un UMP dissident (tout en ayant obtenu d’ailleurs une lettre de soutien – envoyée sans doute un peu trop vite – de Ségolène Royal). Mais il est vrai qu’elle n’était pas en concurrence directe…
NP : Allez-vous lancer une action face à cette décision si, bien entendu, un recours est possible ?
Patrick Mottard : Nous n’acceptons pas politiquement cette décision. Statutairement nous examinerons les recours possibles, mais pour l’heure nous avons mieux à faire.
NP : Qu’est ce que cela change dans la campagne Nice Autrement ?
Patrick Mottard : Rien. Les socialistes de la liste restent socialistes. Rassemblés avec des femmes et des hommes venus d’autres horizons, ils continuent à porter leurs valeurs et leurs convictions dans cette campagne. D’ailleurs, une grande partie des militants de Nice Autrement est titulaire d’une carte du PS.
NP : Enfin, continuez-vous à vous déclarer comme un candidat socialiste à la prochaine municipale niçoise ?
Patrick Mottard : Plus que jamais, même si pour moi, socialisme n’a jamais rimé avec sectarisme.