La campagne électorale de Marine Le Pen peut se résumer dans le slogan: Non à l’Europe, oui à la France.
La candidate frontiste ne sait-elle pas autoproclamée « patriote » , en accusant son adversaire d’être le représentant de ‘l’international ».
En fait, c’est l’idée même de marché unique européen qui est remise en cause à travers ces tirades marquant l’opposition à la libre circulation des travailleurs et des capitaux.
Rappelons que c’est Jacques Delors, loin d’être le plus fervent partisan d’un capitalisme débridé à tout va, qui a donné l’impulsion à ce marché unique à travers l’Acte unique européen, tout simplement constatant que l’établissement d’un véritable marché intérieur bénéficierait à l’ensemble des nations européennes.
D’ailleurs, il ne s’est pas trompé car le marché unique a permis de créer presque 3 millions d’emplois et augmenté le PIB de l’Union de plus de 2 points entre 1992 et 2008.
La création d’un marché unique est plus un processus continu qu’une étape achevée à un moment . La directive sur les travailleurs détachés, autre sujet qui fait couler beaucoup d’encre, y contribue.
Ce texte est certainement imparfait car il n’est pas accompagné d’une harmonisation des cotisations sociales. Mais l’opposition véhémente de MLP à son encontre révèle une méfiance plus générale à l’égard de tout ce qui vient du Bruxelles, en particulier en matière d’économie.
Or, il convient de constater que c’est grâce à l’UE que :
Les exportations françaises vers l’UE s’élèvent à 271 milliards d’euros
De nombreux citoyens français – 650 000, selon le registre des Français établis à l’étranger qui ne reflète qu’une partie de la réalité – habitent dans un autre Etat membre de l’UE en bénéficiant du droit au travail et des droits sociaux au même titre que les ressortissants nationaux
Les consommateurs français peuvent acheter des marchandises en provenance de toute l’Europe, sans payer de droits de douanes et en ayant la garantie qu’elles respectent les normes qui s’appliquent dans l’Hexagone.
Les entreprises françaises ont investi massivement en Europe centrale et orientale après l’élargissement de 2004, ce qui a rédynamisé leur activité et participé au développement de l’économie française. Et ce grâce au marché unique (traité de Maastricht en 1992).
La liste des avantages de l’intégration est bien plus longue encore, elle comprend aussi l’euro, Erasmus, les programmes européens de recherche et la garantie de vivre sur un continent en paix.
Mais s’il y a une particularité bien française, c’est celle de vouloir le beurre et l’argent du beurre. Toutes les dispositions européennes aujourd’hui dénoncées par les candidats participent à un tout qui dans son ensemble profite largement aux Français.
Marine le Pen prône tout bonnement la sortie de l’UE ou , en alternative, veut imposer sa vision du Vieux Continent aux 26 autres partenaires européens.
Faut-il donc craindre un “Frexit”, une sortie de la France de l’UE ? Cette possibilité ne peut certainement pas être exclue.
Mais les Français sont une nation capable de prendre la mesure de ses décisions. Et de comprendre avant que les cadres abstraits, la poésie futuriste , la prose surréaliste mal se colle avec la réalité des faits et sa logique.
D’ailleurs on ne dit pas que les français sont cartésiens?