Tout récemment, dans la Grande Synagogue de Berlin où s’était réunie une partie de la Communauté juive d’Allemagne pour commémorer la tristement célèbre « nuit de cristal », la Chancelière Angela Merkel, faisant référence aux menaces iraniennes à l’encontre de l’Etat hébreu, prononçait ces paroles solennelles : « la sécurité d’Israël appartient à la raison d’Etat (Staatsräson) de l’Allemagne ». C’est également en soulignant les menaces brandies par le président iranien Ahmadinejad de « rayer Israël de la carte du monde » que le journaliste et réalisateur Gérard Benhamou a décidé d’introduire son film-documentaire « France-Israël, Je t’aime moi non plus ». En collaboration avec la Fondation France-Israël et le B’nai B’rith, cette projection, intervenue au Centre universitaire méditerranéen de Nice, était également placée sous le patronage conjoint du Député-Maire Christian Estrosi et du vice-Président de l’Assemblée nationale et Président de « France-Israël Côte d’Azur », Rudy Salles.
Un titre qui rendait presque inutile l’explicitation du carton d’invitation « 60 ans de relations passionnelles entre la France et Israël ». Entremêlant habilement extraits d’actualités, documents d’archives, le film retrace avec un effort louable d’équilibre et d’objectivité, les événements majeurs qui, de l’Exodus à la création toute récente de la Fondation France-Israël en passant par les différentes étapes de la reconnaissance de l’Etat hébreu, ont ponctué l’histoire parfois tumultueuse des relations entre les deux pays.
Pour ce cinéaste qui s’est notamment vu décerner en 1977 la « Colombe d’Or » au Festival de Cannes pour son long métrage, « Adom ou le Sang d’Abel », ce travail débuté au plus fort des actes antisémites de l’an 2000, vise à « explorer ce qu’il y avait derrière la relation France Israël » avec « une volonté de briser les tabous », notamment le prétendu lâchage du pays par le Général de Gaulle en 1967. Le film rappelle à cet égard que les livraisons d’armement n’ont en fait pas réellement cessé après les propos du Général sur « le peuple fier, sûr de lui et dominateur ». Propos qui, notons le au passage, ont encore été de nature à provoquer dans l’assistance du CUM, un frémissement perceptible. Interrogé sur la situation actuelle, l’auteur explique que la politique de la France n’a pas fondamentalement changé dans cette recherche d’équilibre entre les pays arabes et Israël ». En revanche, précise Gérard Benhamou, les modifications portent sur « la qualité du climat et le ton » dans les échanges. Et d’ajouter que « Nicolas Sarkozy a impulsé quelque chose de nouveau », affirmant « sa volonté d’afficher, de donner une publicité à cette relation ». Un « affichage qui n’a pas altéré les bonnes relations avec les pays arabes », comme le craignaient certains responsables politiques français, conclut le réalisateur.
Une idée principale largement reprise dans les débats auxquels participait le vice-Président de l’Assemblée nationale Rudy Salles : « la République dit maintenant clairement les choses » a lancé celui qui vient également d’être élu Président en exercice du Parlement de la Méditerranée avant d’enchaîner : « Et les craintes sur d’éventuelles réactions des pays arabes se sont révélées infondées ». Mentionnant son nouveau mandat régional, le Député a notamment raconté qu’une fois « vaincues les résistances de ses collègues parlementaires arabes sur la présence d’Israël dans cette enceinte », ces derniers en venaient désormais à « regretter l’absence du représentant hébreu lors de certains débats qui touchent l’avenir de la région du Proche et du Moyen-Orient ». Une évolution à même, selon lui, de témoigner des heureuses conséquences d’une « amitié assumée » de la France envers l’Etat hébreu.