Empêtrée dans la formation d’une coalition à Berlin, la chancelière allemande a réaffirmé qu’elle veut suivre le même cap que Paris pour l’Europe. Dans le détail, les divergences entre Macron et Merkel existent, mais la volonté de trouver un compromis aussi.
La volonté de Berlin de travailler main dans la main avec Paris pour renforcer la zone euro était affichée avec une clarté sans doute inédite depuis l’élection du 24 septembre en Allemagne qui a privé Angela Merkel de majorité.
Avant de trouver un compromis avec les propositions formulées par le président français, Angela Merkel devra en élaborer un avec les sociaux-démocrates (le SPD) prêts à entamer des discussions en janvier pour reconduire une grande coalition au Bundestag.
Difficulté pour la chancelière sortante : le leader du SPD Martin Schulz est dans la surenchère pro-européenne. N’a-t-il pas appelé de ses vœux, la création des « États-Unis d’Europe » ?
Européen convaincu, ancien président du Parlement européen, le leader social-démocratique sait que seul un programme résolument pro-européen lui permettra d’avoir le consensus de son parti pour accepter à nouveau une coalition gouvernementale avec la CDU/CSU avec Angela Merkel à sa tête.
En politicienne pragmatique plutôt que visionnaire, Angela Merkel se méfie des grands mots et insiste pour savoir précisément ce que l’on met derrière ces termes susceptibles de fâcher avec le SPD ou avec Paris tels que « ministre de la zone euro », « mutualisation des dettes », « budget européen » ou « Fonds monétaire européen ».
Un constat partagé à Paris comme à Berlin : Angela Merkel et Emmanuel Macron ont chacun besoin de l’autre, pour réformer et renforcer la zone euro. Entre le jeune français visionnaire et l’Allemande — « le meilleur plombier du monde » — « il n’y a pas de compétition », mais une complémentarité.
Angela Merkel connaît mieux que quiconque la manière de faire bouger la complexe tuyauterie européenne. Dans une matière aussi complexe où l’on ne discute pas seulement à deux, mais à vingt-sept, le diable est dans les détails.
Le moteur franco-allemand n’a pas encore redémarré, mais il s’est fixé un cap.