Evidemment, plus on reste à la fenêtre et plus on risque de s’enrhumer… De la même façon que les soldats se font plus souvent tuer au front que les généraux à l’arrière, en politique le danger est aussi bien réel à s’exposer à tous vents.
Un an après son installation à l’Élysée, Emmanuel Macron jouit (encore) d’une popularité qui n’a été finalement que peu entamée par les mouvements sociaux. Elle est (encore) à un niveau qui doit laisser rêveur François Hollande…
Bien que contestée par la gauche et même par une partie de son électorat, des mesures comme l’Exit Taxe – destinée à dégonfler la feuille d’impôt des très riches en espérant qu’ils aient le bon goût de revenir à la maison, du moins de ne plus partir à l’étranger – n’ont pas vraiment entamé la crédibilité du chef de l’État. Certes, il ne passe pas (encore) pour être le président des pauvres et des classes moyennes, mais il dispose (encore) d’un capital de confiance qui lui permet de manœuvrer d’autant plus librement que ses oppositions de droite et de gauche font beaucoup de bruit pour finalement peu de résultats.
Pourtant, le président s’est senti obligé de se montrer à plusieurs reprises au fenestron télévisé pour expliquer son action, justifier ses choix, convaincre que dans un pays endetté avec 3,5 millions de chômeurs – au moins – il n’y a pas d’autres remèdes que les potions infligées au bon peuple.
Lui qui voulait une parole rare et jupitérienne, le voilà qui comme ses prédécesseurs s’invite à une heure de grande écoute au dîner des Français.
Resterait-il muet qu’on lui reprocherait cette distance, cette incompréhension des soucis de la « base ». Mais à trop monter en première ligne, il sera le premier à recevoir des balles d’autant moins perdues qu’elles le visent directement, même au travers la personne de son Premier ministre. C’est là toute l’ambiguïté des Français qui veulent un président réformateur mais pas trop, pédagogue surtout pour montrer qu’il a compris les attentes…
Le climat social actuel est lourd, avec les usagers des trains qui marchent à côté de leur TER, avec les hospitaliers à bout de souffle, les pilotes d’Air France – et leurs passagers – dans les turbulences.
Emmanuel Macron fait le pari de pouvoir tenir le cap, de transformer la société – et au passage la Constitution – sans s’encombrer des états d’âme, voulant faire le bonheur de ses concitoyens au besoin malgré eux.
Pari risqué qui, pour l’instant et contre toute attente, semble (encore) lui réussir. Et pourtant, à une époque, on descendait (encore) dans la rue pour moins que ça…
par Jean-Marie Chevalier, Les Petites Affiches