Selon David Nakache, au lendemain du 1er tour des élections régionales, « le retrait de listes PS constitue une faute politique majeure. Elle fausse le choix démocratique du second tour et prive les citoyens d’élus de gauche pour défendre leurs intérêts à la Région ».
Etre candidat à une élection c’est assumer la fonction d’élu même dans l’opposition, même dans l’ombre, dossier après dossier. Un renoncement de plus.
On comprend bien évidemment le choix de ne pas porter directement et nominativement la responsabilité de l’accession du FN aux responsabilités régionales. Et ce choix constitue un réel dilemme moral.
Mais cette décision a au minimum deux conséquences :
Dans l’immédiat, elle prive les citoyens, votants ou abstentionnistes du premier tour, d’un possible vote républicain au second tour puisque ni le Front National ni même « Les Républicains » ne sont réellement républicains. Le choix démocratique au second tour est donc faussé. Le rôle d’une formation politique est de permettre au citoyen de faire un choix, à lui de saisir ou non cette opportunité. Mais nous ne devons jamais l’en priver.
A long terme et durant les cinq années de ce mandat, il n’y aura aucun élu de gauche au Conseil régional pour y défendre les intérêts des habitants.
En Provence Alpes Côte d’Azur, le PS prend ainsi la décision soit de laisser à Marion Maréchal Le Pen le rôle de seule opposante à Christian Estrosi et à l’endettement attendu de la Région, soit de laisser Christian Estrosi devenir le seul défenseur des minorités qui vont être malmenées sous le joug frontiste durant tout le mandat.
Il n’y aura aucun élu pour déposer un article 40 et saisir le procureur en cas l’illégalité constatée ou pour dénoncer un budget irrégulier. Il n’y aura personne pour assurer le rôle de vigie citoyenne et protéger le monde associatif.
Ce qui peut être lu comme un sacrifice politique noble et courageux peut également être perçu comme une désertion : lorsque l’on est candidat à siéger dans une collectivité territoriale, on siège, que l’on soit majoritaire ou minoritaire. On assume son rôle d’élu dans l’ombre et sans photographe, pour analyser budgets et projets, prendre position et à faire des contre propositions dossier après dossier.
Bref, retirer sa liste dans une dramaturgie auto-sacrificielle ne manque certes pas de panache médiatique mais manque singulièrement de constance et de courage politique.
par David Nakache