Dans cette période de rentrée politique où chacun fourbit ses armes et commence à se préparer pour les élections européennes , il est souvent question d’entendre dans le débat le mot » clarification ».
Ce mot qui a pris un sens magique ne signifie autre chose que le positionnement politique que chaque parti, mouvement ou leader devra prendre à l’occasion du vote du printemps prochain qui déterminera quelle Europe les citoyens-électeurs choisiront: l’Union Européenne à l’intégration renforcée ou l’Europe des Nations.
D’un côté, on y retrouve les « progressistes » tournés vers le fédéralisme , de l’autre les national-populistes porteurs d’un projet transnational qui veut affirmer une souveraineté majoritaire identitaire
Les sociaux-démocrates , les libéraux, les verts seront pour la première option.
Un peu plus confuse est la position des communistes et, en France, du parti de la France Insoumise.
Les partis de l’extrême droite ( Europe des Libertés et des Nations) formeront un regroupent transnational , derrière lequel on entrevoit la stratégie eurasienne des cercles putiniens, tel le Izborsk Club , The Mouvement du politologue américain Steve Bannon.
Leur projet vise la fracturation de l’Union Européenne et son affaiblissement pour la réduire en une vaste zone de libre-échange et non plus une communauté de valeurs comme le Traité de Rome le prévoit lors de sa constitution.
Reste à définit le choix des partis nationaux qui composent le Parti Populaire Européen, jusqu’à maintenant européens convaincus et participant à la gestion de la communauté européenne dans les instance de son gouvernement, commission et parlement – étant même le groupe le plus nombreux dans l’hémicycle.
L’arrivée au pouvoir ces dernières années de chefs de gouvernement ( en Hongrie, Pologne, plus récemment en Italie) qui professent la démocratie « illibérale » a changé la donne : des tergiversations ont eu lieu et des situations ambiguës ont vu le jour , la dernière en ordre de temps, à l’occasion du vote de sanction au Parlement européen contre la Hongrie pour non respect des principes de l’article 7 de la charte européenne ( violations des droits ) , lors de la quelle le groupe s’est prononcée de manière opposée : 60% pour le oui, 40% contre.
Encore plus grotesque, a été le comportement des députés de Les Républicains qui adhérent au PPE: 3 ont voté contre, 2 n’ont pas participé au vote, les autres ont voté pour ou se sont abstenus!!!
Pour dénoncer cette contradiction, le Rassemblement National- qui a choisi depuis toujours la ligne national-populiste identitaire- a organisé ce week-end une réunion de ses adhérents ( avec une assistance de près de 200 personnes) en présence de deux députes européens, Marie-Christine Arnautu et Nicolas Bay, son chef du groupe à Strasbourg et figure de proue du parti.
Le titre du thème ‘ Les mensonges de Les Républicains » devait être lu dans la perspective européenne mais comment renoncer à une application locale ?
C’est à quoi il s’est employé le conseiller régional et numéro 1 niçois Philippe Vardon. Physique imposant de joueur ( première ligne) de rugby , l’élu a fait une entrée en mêlée « virile » , en définissant Eric Ciotti, pourtant considéré comme un partisan de la ligne très droitière dans la confuse galaxie de la droite dite républicaine, » de verbe dur et main molle », en l’accusant de » se coucher en permanence devant la gauche morale » au moment de passer des paroles aux actes.
En fait, le député niçois est fidèle à la stratégie qui avait réussi à Nicolas Sarkozy en 2007: dit comme le FN ( à l’époque) mais ne te met pas avec eux . D’où , son récent anathème pour exclure du parti « ceux qui se rapprocheront du RN », sans pour autant cesser de prendre les mêmes positions du parti de Marine Le Pen.
Marie -Christine Arnautu a donné à son intervention un angle plus intellectuel: » nos collègues du PPE nous disent que ce qui nous sépare ce sont les …valeurs républicains ». Mais quel valeurs sont-ils plus républicains que la défense de la Nation, du peuple, de nos identités face à l’idéologie immigrationniste, au libéralisme sociétal, le libre-échangisme mondialiste ? » – s’est-elle demandé avant de conclure en affirmant que » la droite ne doit plus courber l’échine » et appelant les élus de droite à rejoindre le Rassemblement National, seul parti souverainiste.
Enfin, Nicolas Bay- probable futur chef de liste aux élections européennes en 2019- a évoqué le combat politique autour des idées et des valeurs en faisant avec vigilance et détermination.
Lors de sa longue intervention, il a asséné des coups de bâtons à droite et gauche, stigmatisant avec véhémence le double langage de LR qui « disent une chose à Paris et votent une autre à Strasbourg ou Bruxelles ».
Sa conclusion ne pouvait être qu’un auspice: obtenir à la prochaine consultation électorale , une forte affirmation du regroupent transnational des « extrêmes » droites pour empêcher la constitution de la majorité traditionnelle ( sociaux-démocrates, libéraux, populaires ) dans le futur parlement afin de bloquer les réformes prévues pour donner plus d’intégration à la gouvernance des institutions et, au contraire, revenir vers des formes de souverainisme.
Dans 9 mois on sera ce que les électeurs auront choisi. D’ici là , chacun tissera sa toile!