Nous recevons cette contribution de Brigitte FERRARI, Responsable République Solidaire de NICE
Sommes-nous encore dans un Etat de droit et dans une démocratie en France?
C’est la question que l’on peut se poser en ce qui concerne en particulier l’exigence de la publication des parrainages pour les candidats présidentiels.
Certes l’obligation des 500 parrainages pour pouvoir se présenter à l’élection présidentielle a été adoptée pour éviter les candidatures peu sérieuses. En soi l’objectif n’est pas critiquable. Mais quand, couplée à la publication de la liste des élus ayant accordé leur signature, elle aboutit à empêcher des élus qui ont fait leurs preuves à être présents au scrutin, là on peut se demander s’il n’y a pas détournement de l’esprit de la loi.
D’autant plus que si, comme moi, et comme beaucoup d’autres, on va à la rencontre des élus pour solliciter des parrainages, on se rend vite compte que la réalité dépasse la fiction.
Cela a déjà été dit, mais il faut le croire. Quand un maire vous avoue qu’il voudrait bien donner sa signature, mais qu’il ne peut pas parce que le Conseil général ou l’établissement public de coopération intercommunale va lui refuser le versement de la subvention qu’il attend pour finir des travaux dans sa commune, ou que, bien pire encore pour l’Etat de droit que nous devrions être, il vous apprends que le Préfet lui refuse des permis de construire qu’il accordait jusque là au motif qu’il s’est opposé à la personnalité politique la plus importante du département et que cela ne va pas arranger la situation dans sa commune, on se dit qu’on est revenu à l’Ancien Régime.
Cherchons à qui profite « le crime » et l’on s’aperçoit de suite qu’il s’agir de donner un avantage aux candidats officiels des deux plus grands partis politiques français. Si François Hollande (FH), le candidat socialiste, parait légitime, dans la mesure où il a franchi l’étape de primaires entre plusieurs candidats qui ont eu la liberté de s’exprimer devant tous les Français et dont l’élection s’est faite en toute clarté, on peut se poser la question de la légitimité de la candidature de Nicolas Sarkozy(NS).
Certes il est habituel de permettre au sortant de se représenter encore que ce n’est pas toujours le cas comme aux dernières municipales à NICE). Mais le bilan de notre Président actuel est loin de faire l’unanimité en France et sa personne même est sujette à caution. Il n’a de ce fait pour moi aucune légitimité à se représenter.
Et pourtant si on regarde les médias, nous assistons déjà à un combat digne du deuxième tour. Seuls NS et FH se retrouvent face à face. Ils se ciblent d’ailleurs mutuellement et ne font aucune place aux autres, et les médias nous imposent cette stratégie. Or nous sommes dans une démocratie où sont garanties la pluralité des opinions et même celle des partis politiques. L’article 4 de la constitution de 1958 prescrit que « La loi garantit les expressions pluralistes des opinions et la participation équitable des partis et groupements politiques à la vie démocratique de la Nation ».
A mon sens cette disposition n’est plus respectée dans la vie politique française. Même si le Conseil Constitutionnel vient de décider que la publicité des parrainages ne porte pas atteinte à ce principe, il ne se fonde pour cela en rien sur la réalité. Et il faudra donc une modification de la loi pour protéger un peu mieux la liberté des élus sur le terrain.
Il y aurait bien d’autres modifications à faire concernant en particulier l’indépendance de la justice, la liberté de la presse et de l’ensemble des médias, mais aussi pour restaurer un Etat de droit impartial et une véritable démocratie en France.
Si Dominique de VILEPIN, que je crois capable et décidé à mettre fin à ces dérives, ne peut se présenter aux suffrages de nos concitoyens, c’est à un véritable déni de démocratie auquel nous assisterons !