Nice Première : François Bayrou est officiellement candidat à la Présidentielle. Comment avez-vous reçu cette nouvelle ?
Rudy Salles : Ce n’était évidemment pas une surprise pour moi mais j’attendais ce moment avec impatience. Une chose est d’être candidat supposé, une autre est d’être un candidat déclaré.
Désormais on peut considérer que la campagne électorale est ouverte et que François Bayrou va pouvoir donner toute la dimension de son projet, de sa vision pour la France. Sa déclaration était émouvante et empreinte de simplicité. Loin des paillettes et de la mise en scène médiatique habituelle, il avait décidé de s’exprimer dans son Béarn natal, dans un beau village qui a pour décor les Pyrénées, entouré de ses amis, ceux du Béarn qui l’ont toujours connu, ceux de sa région, ses amis politiques. Il y avait là une ambiance authentique qui faisait chaud au coeur car le prochain Président de la République devra être un homme authentique, sincère, honnête et aussi un homme solide qui pourra faire face aux défis de son peuple. Ce contexte Béarnais où il puise ses origines et son inspiration, un Béarn qui ressemble tant à la France riche de ses différences était un choix judicieux, un choix qui lui ressemble. Cette déclaration de candidature se démarque totalement de celle de ses concurrents par cette authenticité et par la force de conviction qui s’en dégage.
NP : « Il faut que la France prenne un autre chemin » dixit François Bayrou. Quel est donc ce chemin à prendre ?
RS : Quand on entend la droite parler des prochaines élections, elle nous dit « il faut battre la gauche » et quand on entend la gauche elle répond « il faut battre la droite ». Et François Bayrou propose que l’on fasse gagner la France de toutes nos forces. Cela veut dire que pour résoudre les problèmes de notre pays et qu’aucune majorité de droite comme de gauche en 25 ans n’a réussi, il faut rassembler les Français et composer un gouvernement et une majorité en faisant appel à des personnalités venant d’origines politiques différentes mais pouvant se mettre d’accord sur l’essentiel c’est à dire sur l’intérêt général du pays.
Jacques Chirac ayant été élu par 82% des électeurs en 2002 aurait pu le faire en faisant appel à toutes les sensibilités qui l’avaient élu. Il n’en a rien fait: il a constitué un gouvernement en s’appuyant sur les 19% du premier tour. Ce fut une occasion manquée. Pour lui, il valait mieux créer l’UMP pour contrôler totalement les rouages de l’Etat plutôt que de partager le pouvoir avec tous ceux qui avaient participé à son élection. Et pourtant ce rassemblement, s’il avait été réalisé, aurait permis de faire de grandes réformes. C’est cette nouvelle voie que propose François Bayrou, celle qui permettra enfin aux Français de mettre fin à leurs affrontements stériles qui affaiblissent notre pays.
NP : François Bayrou s’en est pris aux médias. Que reproche exactement le candidat UDF aux représentants du quatrième pouvoir ?
RS : François Bayrou reproche la connivence qui existe entre les grands média, les puissances d’argent et le pouvoir. Il faut que la presse soit totalement libre et qu’elle permette au débat démocratique d’avoir lieu pour que les électeurs puissent ensuite choisir sans que leur choix n’ait été forcé. Car de toutes façons les électeurs eux veulent cette liberté. C’est pourquoi je trouve réducteur et anti démocratique le fait que l’on présente les prochaines élections comme le futur duel Ségo/Sarko.
NP : Pensez-vous, vous aussi, que le paysage médiatique français ne jurent que par Ségolène Royal et Nicolas Sarkozy ?
RS : Une fois de plus le paysage médiatique se trompe.
C’est, permettez-moi l’expression, de la « foutaise ». Je me souviens parfaitement des précédentes élections: en novembre 1994, Balladur était à 38% dans les sondages alors que Chirac était à 10%. Vous connaissez le résultat. Et en 2002 tout le monde prévoyait le duel Chirac/Jospin…ce fut Le Pen que personne n’avait pronostiqué. Alors un peu de retenue . Je recommande à la presse d’ouvrir le débat démocratique, d’être exigeante sur son indépendance et de permettre aux électeurs de s’informer afin de se forger une idée réelle de la situation. Le rôle de la presse est d’informer, pas de faire de la politique fiction.
NP : Ferez-vous partie de l’équipe de campagne de François Bayrou ?
RS : Bien sûr. Sur le plan local et régional je serai responsable de sa campagne électorale. Sur le plan national, je serai l’un des membres de son équipe rapprochée. Je vais notamment, dans les prochaines semaines assumer la responsabilité de ses déplacements dans le pays comme je l’ai fait dans la pré-campagne. En l’espace de deux mois j’ai pu organiser 90 visites de départements c’est à dire de l’ensemble du pays, par mes collègues parlementaires Députés, Sénateurs et Députés Européens. Ces visites ont eu un impact important et ont préparé le terrain de la campagne proprement dite. Ces déplacements permettent de faire remonter les préoccupations de nos concitoyens, de mobiliser nos troupes, de faire passer des messages, de rencontrer la presse afin d’expliquer la démarche qui est la nôtre.
NP : Qu’est ce qui fait la légitimité et l’originalité de la candidature UDF ?
RS : L’UDF est une famille politique enracinée dans les aspirations du pays. Les Français attendent une nouvelle voie qui se distingue de celles qui se sont succédées jusqu’à présent et se sont soldées par des échecs. Depuis 25 ans, les Français votent à chaque scrutin contre ceux qu’ils ont élu la fois précédente. C’est un cas à peu près unique en Europe. Les Français ont pris l’habitude de voter contre et non plus pour. Nous voulons mettre un terme aux votes sanctions pour qu’enfin les Français veuillent bien adhérer à un projet pour l’avenir de notre pays. Il faut redonner du sens à la politique et cesser d’en faire « un jeu de massacre » bloc contre bloc. C’est tout le sens de la candidature de François Bayrou.
NP : Enfin, est-ce qu’un meeting est prévu à Nice avant l’échéance électorale ?
RS : François Bayrou aime Nice et la Côte d’Azur et y vient souvent. Il sera parmi nous à Acropolis le dimanche 21 janvier à 15h pour la présentation des voeux. Mais, bien entendu, il reviendra pendant la campagne électorale pour un meeting à Nice. D’ici là, la campagne électorale se sera installée et le débat politique se sera, je l’espère, ouvert. En tout cas, François Bayrou et son équipe feront tout ce qui leur sera possible pour qu’il en soit ainsi.